Bons baisers de Chine

Voici l’occasion rêvée pour enfin comprendre pourquoi, depuis quelques années, les cinéphiles purs et durs n’en ont plus que pour le cinéma asiatique ! Tout a commencé avec les premiers John Woo, qui, dépassant vraiment trop du tiroir “kung fu masters” s’est vite retrouvé avec un étiquette (très très) “culte” avant d’envahir le subconscient de tous les jeunes cinéastes américains avides de fusillades chorégraphiées et de se faire une place au soleil d’Hollywood, quelque part entre les vieux Clint Eastwood et les nouveaux Tarantino.

Entre temps, de Hong-Kong, de Taïwan, de Chine du Nord ou du Sud et du Japon aussi, une foule de “petits nouveaux” – ni particulièrement petits ni forcément nouveaux d’ailleurs – avec des noms qu’on s’est mis à apprendre à prononcer (Chen Kaige, Wong Kar Wai, Tsui Hark, Ann Hui, Takeshi Kitano…) ont imposé leur regard souvent décalé, leur sensibilité aiguë et leur humour subtil à longueur de pellicule.

Le festival du film chinois de Vancouver, cocktail de nouveautés, d’avant-premières et de “classiques” récents multiprimés, offre un vaste panorama du cinéma chinois d’aujourd’hui avec un prédilection particulière pour la jeune production.

Nous avons choisi des films qui reflètent la réalité de la Chine actuelle, explique Angela Kan, directrice administrative du Centre Culturel Chinois de Vancouver. Des films qui parlent aussi bien aux Chinois d’ici qu’au public canadien. Des films qui disent ce qu’est la vie là-bas, ce qu’elle devient ici. Et comment le fait d’être ici ou là-bas change la vie et les gens. Nous avons surtout cherché l’authenticité, pas le genre de productions tournées pour l’Ouest entretenant l’image que l’Ouest se fait de l’Est, vous comprenez ? insiste-t-elle.

Petites histoires qui se prennent les pieds dans la grande, personnages écartelés entre deux cultures, relations déboussolées entre les générations, villes et mondes en mutation (Hong-Kong après 97)… un cinéma qui panse ses blessures et qui rit de se voir encore en vie au miroir de son inventivité. Interrogée sur la mesure de la liberté d’expression dont jouissent les jeunes cinéastes en Chine ou à Taïwan, Angela Kan est nuancée. Il y a un mieux incontestable, on le sens d’ailleurs dans les thèmes abordés de front par certains, mais il reste que les gouvernements exercent encore leur droit de veto lorsqu’ils ne souhaitent pas voir un film sortir…

Une certaine jubilation souffle pourtant sur cette sélection non compétitive. Et gageons que tout Chinatown frissonne de ravissement à l’idée d’accueillir Leslie Cheung, superstar incontournable, invité dans le cadre de la semaine du film de Hong-Kong. au programme aussi quelques bijoux d’animation, des œuvres tournées par des Sino-Canadiens, un détour par Taïwan et plusieurs rencontres avec les invités du festival, acteurs, actrices et réalisateurs. Ne ratez pas le film d’ouverture nous conseille Angela Kan. “Be There or Be Square” du jeune réalisateur Xia Gang, est une histoire d’amour tourmentée à cheval sur deux continents, et commence là où finissait “After Separation”, très applaudi au Festival de Vancouver en 1992 d’ailleurs présenté le même soir. Un festival comme uen carte postales animée d’un bout du monde qui se rapproche jour après jour.

Festival du Film Chinois, du 9 au 22 juin 99. Projections à la Pacific Cinémathèque, au Fifth Avenue, au Capitol 6 et au Ridge Theatre.
Informations et réservation : 687-7993 – Web: www.cccvan.com