Peace It Together Summer Program, une parcelle de paix dans un petit coin de paradis

10 étudiants palestiniens, autant d’israéliens et de canadiens se rencontrent pour construire la Paix par le biais du dialogue et de la création artistique

Peace it Together - Burdened

Photo par Rami Azzam

Depuis le 7 juillet, la petite ville de Pemberton, située au nord de Whistler, reçoit la quatrième édition du chantier international d’été organisé par l’Organisation vancouvéroise Non Gouvernementale (ONG) Peace It Together. Ce rassemblement, qui se poursuivra ensuite à Vancouver jusqu’au 4 août prochain, consiste en vingt-huit jours de dialogue intensif et de réalisations cinématographiques visant à promouvoir l’échange et la réconciliation entre participants universitaires venus de Palestine et d’Israël. Seront également présents des étudiants originaires de différentes provinces du Canada.

Ces assises visent, entre autres, à conscientiser davantage les participants sur le conflit et, pour les étudiants canadiens, à les éclairer sur la position du Canada et sur le rôle qu’eux aussi pourraient jouer, à leur échelle, dans la construction de la paix. « En tant que citoyens du monde, il est important que nous soyons bien informés sur la situation que vivent Israéliens et Palestiniens, que nous en apprenions davantage, même si ce n’est pas dans notre pays que ce conflit a lieu » souligne Anita, une des participantes canadiennes aux rencontres de Pemberton et de Vancouver.

En effet, à l’heure où la notion de droits humains s’internationalise, cette situation ne concerne pas exclusivement les deux communautés mais la communauté internationale tout entière, pour ceux qui ont le désir, le pouvoir et la légitimité de changer les choses. Aussi, les étudiants sélectionnés dans les trois régions l’ont été sur des critères tels que leur intérêt particulier pour des initiatives pacifistes, leur motivation pour s’y investir à long terme, leur degré d’ouverture au dialogue, à l’écoute de l’autre et à la remise en question, éléments nécessaires à toute rencontre digne de ce nom.

Un temps pour se rencontrer…. un temps pour créer

Les jeunes israéliens et palestiniens qui participent à ces ateliers ont tous connu la violence ou la menace de celle-ci. Leur bagage émotionnel est donc intense lorsqu’ils arrivent au Canada. Aussi, tout a été pensé de telle sorte que ces émotions puissent s’exprimer dans un contexte sécurisant, serein, amener à une communication constructive et à l’établissement de liens forts. Ainsi, la rencontre se déroule loin de l’agitation de la grande ville, dans un environnement naturel et apaisant. La présence de participants canadiens, extérieurs au conflit, accroît cette atmosphère rassurante, propice à l’établissement de liens de confiance.

Par la suite, les participants quittent Pemberton pour Vancouver : la phase de rencontre, voire de confrontation, laisse place à une seconde étape placée sous le signe de la créativité et du travail d’équipe. Tous ensemble, ils réaliseront documentaires et courts métrages de fiction, encadrés d’un bout à l’autre de ce processus par des animateurs et des professionnels de renom du cinéma. L’utilisation de la création artistique dans ce contexte est doublement favorable : elle encourage non seulement la collaboration entre participants mais également, comme le précise Reena Lazar, présidente de Peace It Together, elle « permet aux jeunes d’immortaliser matériellement leur expérience canadienne et de la partager ensuite plus facilement avec le monde (via la diffusion des films durant les festivals internationaux, entre autres), leur famille et leurs amis ».

Ces films seront diffusés en avant-première et en présence des jeunes participants le mardi 2 août à 19h au Théâtre Vogue de la rue Granville, à Vancouver.

Une initiative trop rare

Rassembler Palestiniens et Israéliens dans un environnement neutre et sécurisant n’est pas une initiative nouvelle. Différentes ONG ont œuvré et œuvrent encore dans ce sens. Peace It Together est cependant, comme le rapporte sa présidente, « la seule association du Canada, avec l’organisation Peace Camp Ottawa, à explorer des solutions créatives et artistiques pour mettre fin au conflit ».

On ne peut que se réjouir de son existence, même si la rareté de ce type d’initiatives reste à déplorer, nous qui croyons corps et âmes en leur efficacité. Les anciens en parlent comme d’une « expérience transformatrice », qui a changé le regard empli de crainte, voire de haine qu’ils portaient sur l’autre. Certains n’avaient même jamais eu l’occasion de rencontrer cet « Autre » et de se rendre compte par là-même que les souffrances sont vécues des deux bords, et qu’ils partagent une même humanité. Le conflit déshumanise. Nos jeu-nes s’attèlent à la tâche inverse : remettre de l’humain là où celui-ci a été évincé. Pionniers de leur temps, ils allument une lumière là où l’obscurité tend à l’emporter, ravivent le feu de la paix là où d’autres essayent de l’éteindre, attisent l’espoir quant celui-ci s’amenuise. Espoir, mot si cher à Mahmoud Darwich, l’un des plus célèbres écrivains arabes contemporains, auteur des plus beaux vers palestiniens : « Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang. Espoir que cette terre retrouve son nom original : terre d’amour et de paix ».

Que le vent arrache à la terre canadienne ces graines d’amour et de paix nouvellement plantées et les fasse germer là où elles pourront panser les blessures et apaiser les cœurs.

Avant-première le 2 août à 19h au Théâtre Vogue de la Rue Granville, à Vancouver.

Pour plus d’informations, consultez le site www.peaceittogether.com. A noter que le site donnera la possibilité aux intéressés de suivre cette aventure via de mini-comptes rendus sous forme de vidéo, diffusés en ligne.