Voyage au Pays des Twilighters

Le camion de Bella

Le mythique camion rouge de l'héroine de Twilight, Bella, devant le bureau de tourisme de Forks, l'attraction la plus populaire selon la Chambre de commerce de Forks - Photo par Danielle Marcotte

Ce voyage commence dans un livre intitulé Twilight, partagé entre 3 amies. Ce roman d’amour fascine ces adolescentes avec qui nous sommes en vacances à Port Townsend, au nord-ouest de Seattle, durant l’été 2009. A cette époque, l’œuvre de l’auteure américaine Stephenie Meyer allume dans le cœur des jeunes filles du monde entier, le brasier subtil des désirs pudiques.

Nous proposons, mon mari et moi, de contourner la péninsule olympique de l’Etat de Washington, pour aller visiter la petite ville où sont campées ces aventures de la littérature fantastique, à quatre heures de route au sud-ouest de Vancouver. Surprises et ravies, nos trois « twilighters » acceptent.

Pourtant rien n’est plus surprenant que Forks comme destination touristique internationale. Ce bled perdu, au beau milieu d’une forêt défigurée par la coupe du bois, exemplifie tout ce qu’il y a de plus banal dans les petites villes nord-américaines. Les trois mille habitants s’éparpillent le long d’une route de campagne qui fait office de rue principale. Aucun panorama exceptionnel ne justifie sa visite.

On y voit quelques motels et commerces, et un supermarché qui sert également de magasin général à destination des campeurs venus explorer la grande nature du parc national olympique. On y trouve un humble musée en hommage aux bûcherons, près du petit bureau d’informations touristiques.

C’est dans ce bureau que Forks se démarque. Avant la parution du premier des quatre romans et la sortie des trois films de la série Twilight, en 2005, ce patelin pluvieux vivait de la coupe du bois et de la venue d’une centaine de touristes par jour l’été et d’une cinquantaine l’hiver. Grand changement en 2010 : les citoyens y ont accueillis, d’après la Chambre de commerce, plus de 73 mille voyageurs avec très peu d’investissements financiers mais beaucoup de motivation individuelle des citoyens. Pour attirer ce nouveau public essentiellement féminin, la ville entière s’est prêtée au jeu, comme si les jeunes vampires et loups-garous des romans existaient vraiment.

Les habitants de la ville ont compris et respecté en toute simplicité et avec bonhommie, le désir premier des “twilighters”. Ces nouveaux touristes viennent assouvir des fantasmes très personnels créés par les livres. Ils cherchent simplement quelques images pour alimenter encore le rêve, et ce malgré le fait que la série de films, incluant le quatrième, Breaking Dawn, qui doit paraître le 18 novembre, n’y ait pas été tournée. Ils ont finalement besoin de peu pour nourrir leur imagination.

On a donc créé un plan de la ville ou retrouver les lieux décrits dans les livres et on a inventé les autres en faisant attention aux petits détails : une note sur une porte, un uniforme dans une vitrine, une plaque dans un stationnement, et voilà, le tour est joué !  En plus de la carte, on propose la visite de quelques restaurants et boutiques de souvenirs. Pour la route du retour, on remet aux visiteurs un jeu-questionnaire… et une liste d’activités de pleine air à faire dans la région.

Nos trois adolescentes ont pris deux heures à découvrir joyeusement les lieux en se remémorant tout haut des passages des livres. Elles se sont photographiées mutuellement dans toute la ville et à la magnifique plage voisine de La Push, dans la réserve amérindienne, prouvant à nouveau le pouvoir transformateur de l’écrivain qui sait enchanter les cœurs.