Vancouver célèbre ses Pâques

(c) Jean-Baptiste Lasaygues

Et oui, comme dans la plupart des villes d’Amérique du Nord, Vancouver ne connaît pas une seule Pâque, mais plusieurs. L’immigration ayant conduit en ces lieux des gens de toutes les origines, la métropole de la Colombie-Britannique va, pendant deux semaines, célébrer la fête de Pâques, ou plus spécialement Les Pâques, car la fête rassemble autant les juifs que les chrétiens qui lui attribuent de multiples dates. Cette année, la semaine de Pâques commence le 5 avril dans le judaïsme, la fête aura lieu le 8 avril pour les catholiques et les protestants, le 15 avril pour l’église orthodoxe. Selon ses origines, la fête a des significations très différentes pour les uns et les autres.

Ainsi, les chrétiens de tous bords célèbrent-ils avant tout la mort et la renaissance du Christ, tandis que les juifs commémorent la fuite d’Egypte du peuple de Moïse. C’est d’ailleurs le mot hébreux, Pessa’h, qui a donné son nom à la fête. Signifiant « passer par-dessus », il rappelle de façon symbolique la traversée de la mer rouge par le peuple élu fuyant la colère de Pharaon. En anglais, le mot « Easter » est lui aussi relié au « passage » partageant la même étymologie que « Passover ». Un passage qui pour les chrétiens concerne avant tout le passage à travers la mort de Jésus-Christ, et sa résurrection le troisième jour.

« Cette fête est symboliquement la plus importante de toutes, loin devant Noël » explique le Dr Ellen Clark-King de la cathédrale anglicane de Christchurch (690 rue Burrard). Une importance que respectent les membres de son église. Tandis que l’office d’un dimanche « normal » rassemble entre trois et quatre cents personnes, la messe de Pâques, elle, verra la fréquentation de l’église monter à près d’un millier de fidèles. Ce sera la 123ième fois que la cathédrale de Christchurch fête Pâques au cœur de la ville. Sa fondation remonte à novembre 1888, ce qui en fait l’une des plus anciennes églises de la Raincouver. Tout au long de la semaine sainte, les anglicans pourront participer aux nombreuses prières organisées en mémoire du Christ, mais aussi au grand dîner paroissial du Jeudi saint (référence directe à la Cène) tandis que vendredi 6 avril des activités sont prévues pour les enfants avant la grande messe, les baptêmes et la procession qui marqueront le point culminant des festivités le dimanche 8.

Les anglicans ne seront pas les seuls à se réunir. Plutôt que de dîner, les catholiques hispaniques de la cathédrale du Saint Rosaires (646 rue Richards) ont choisi de se réunir devant la Galerie d’art de Vancouver (côté Georgia) au soir du Jeudi saint afin de prier pour le développement et la paix. Comme chez leurs voisins anglicans, de nombreuses personnes se préparent à être baptisées le dimanche suivant tandis que la cathédrale devrait voir sa fréquentation exploser avec plus de deux mille personnes attendues ce jour-là.

Du côté des orthodoxes, la semaine sainte débutera, elle, le 9 avril, après le dimanche des rameaux et l’entrée du Christ dans Jérusalem. Des milliers de personnes sont attendues aux églises russes de la Sainte Trinité (710 av Campbell) et de Saint Nicolas (810 13ème av East) parce que « Pâques est une fête très populaire en Russie » nous explique Evgenia Kizilbasheva, une jeune chasseuse de tête russe, venue passer une année d’apprentissage d’anglais dans la ville. D’ajouter : « On fête beaucoup plus Pâques que Noël, parce qu’à Noël il y a trop de neige en général, alors qu’à Pâques il fait souvent beau et la nature renaît partout ». Le repas de Pâques revêt une importance particulière chez les orthodoxes car il suit une semaine de jeûne, ce qui donne lieu à de véritables festins.

Dans le judaïsme, Pessa’h est une fête extrêmement codifiée, durant laquelle certains aliments sont bannis, (ceux à base de pâte fermentée comme le pain) et d’autres obligatoires (les aliments Azyme, c’est-à-dire préparé sans aucune levure) et qui culmine avec le rite du Seder, un repas traditionnel dans lequel les aliments et l’ordre des plats décrivent et rappellent l’accession à la liberté du peuple juif. Les Vancouvérois de confession juive pourront célébrer cette fête le 7 avril à la Congrégation Shara Tzedek (3476 rue Oak) ou à l’Avahat Olam (6184 rue Ash) avec le rabbin David Mivasair qui fera à cette occasion un rappel du sens de Pessa’h pour sa communauté.

Enfin, les religions ne sont pas les seules à fêter Pâques, qui est aussi devenue une célébration païenne. Les différents centres culturels de la ville organisent de multiples activités comme des chasses aux œufs en chocolat cachés par de malicieux lapins, des ateliers de maquillage ou encore de peinture… sur œufs. Accessibles aux enfants de 2 à 6 ans, sur inscription, chaque centre attend entre 100 et 150 bambins qui s’initieront à l’art délicat de la chasse aux friandises. « La preuve que la fête s’est totalement ouverte à tous, c’est que nous avons des enfants de toutes les confessions qui vont participer » nous explique Shannon, la responsable de l’organisation de la fête au centre culturel du West End.