Thierry, vendeur de logiciels et scénariste de films

 

Une scène du film The Card.

Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. Dans la bouche de Thierry Predhom, cette maxime de vie empruntée à l’écrivain Mark Twain résonne comme une évidence. A 29 ans, le Français arrivé à Vancouver en février 2011 avec un Permis Vacances Travail a choisi de mener son existence à l’image d’un film d’actions parsemé de rebondissements. Un scénario qui l’a conduit pendant plusieurs années en Pologne, en Espagne, aux Etats-Unis et au Mexique. Acteur de sa propre vie, Thierry l’est aussi devenu récemment dans le film The Card, dont il est à l’origine et qui met en scène l’histoire d’un sans abri. Une perspective rafraîchissante offerte par celui qui n’avait jusqu’alors aucune expérience dans le domaine et dont le métier, gestionnaire de comptes pour une compagnie de logiciels, se situe loin du champ des caméras. A quelques heures de l’avant-première, il en dit plus sur cette idée pour le moins originale.

 “Je devais me préparer a afficher une manque de confiance en moi que les sans-abri peuvent éprouver.” Thierry Predhom, acteur

La Source:  Alors que vous n’avez aucune expérience en cinéma, comment vous est venue l’idée de créer un film du jour au lendemain ?

Thierry Predhom: J’ai toujours été attiré par le cinéma. A Vancouver, l’environnement s’y prête bien. J’avais envie de montrer les différentes facettes de la ville avec ses bons et mauvais côtés. L’idée du scénario m’est venue après avoir lu le livre Super connect, de Richard Koch, dans lequel il explique que le nombre de relations que nous développons chaque jour devient plus important que l’argent que l’on possède au départ pour réussir dans la vie. Je me suis également souvenu d’un documentaire que j’avais vu sur les thermes de Caracalla, où les gens les plus pauvres pouvaient côtoyer des sénateurs. La nudité annulait toute forme de distinction sociale. Je souhaitais représenter cela en montrant qu’une rencontre pouvait aussi changer les choses. J’ai soumis le script à Valentin Schaaf (réalisateur et co-scénariste) qui est étudiant en cinéma et que je connaissais. Il s’est tout de suite montré motivé et nous avons lancé le projet.

L.S.: Comment avez-vous procédé pour faire de votre rêve une réalité ?

T.P.: J’ai décidé de me lancer aussitôt dans l’écriture afin de concrétiser mon idée. Valentin m’a beaucoup aidé à rassembler des gens. Une autre PVtiste, Anne Daroussin, est devenue la co-productrice et nous avons pu bénéficier du travail de deux professionnels. Une cinquantaine de personnes ont collaboré au projet. Nous avions 1200 dollars de budget. Il nous a fallu obtenir des autorisations pour filmer à UBC, Downtown et à Stanley Park pendant cinq jours.

L.S.: Le film raconte l’histoire d’un sans abri qui retrouve progressivement une vie sociale grâce à une carte d’accès à un centre sportif découverte par hasard dans la rue. Pourquoi avoir choisi un sujet qui se rapporte à la réalité vancouvéroise ?

T.P.: Je souhaitais faire une histoire qui puisse être vraie. Nous pensons souvent à l’argent et j’avais envie de montrer qu’il était possible de s’en sortir sans en avoir au début. Avec les réseaux sociaux, nous avons l’illusion d’avoir beaucoup d’amis alors que nous ne parlons finalement qu’à une petite partie d’entre eux. La technologie ne nous rapproche pas tant que cela. Je voulais souligner que les personnes qui n’ont pas accès à ces standards peuvent être dans le même temps plus solidaires.

L.S.: Vous jouez le rôle du personnage principal.  Comment vous êtes-vous préparé pour ce rôle ?

T.P.: Pour m’inspirer, j’ai regardé Into the Wild, avec Sean Penn, dans lequel le personnage abandonne tout et se voit à un moment, contraint de mendier. Je devais me préparer à afficher un manque de confiance en moi que les sans-abri peuvent éprouver. L’apprentissage du texte en anglais a aussi nécessité des efforts.

L.S.: Que comptez-vous faire avec ce film ?

T.P.: L’idéal serait de participer à des festivals. Pour l’instant, il s’agit d’un court-métrage d’une douzaine de minutes, mais ce serait génial de trouver un producteur qui veuille reprendre l’idée pour en faire un long-métrage.

 

The Card

 

 

 

 

 

The Card
Avant première CET Vancouver, 100-200 Rue Nelson
Vendredi 20 avril, 20h