Les festivals misent sur leur différence

Photo par Edward Law

Vancouver terre de contrastes… Ce pourrait être le slogan suranné d’une campagne politique tant cette réalité saute aux yeux. Au milieu du melting pot culturel et social, réaffirmer ses origines et ses traditions peut donner lieu à un moment privilégié. C’est ainsi qu’au fil des années, plusieurs festivals ont vu le jour en Colombie-Britannique. Certains ont d’ailleurs une notoriété reconnue à l’échelle nationale comme c’est le cas du Folk Music, du Festival francophone d’été et évidemment du Canada Day.

Alors qu’ailleurs au pays et notamment au Manitoba, le gouvernement Harper a décidé d’investir plus visiblement dans les festivals communautaires pour favoriser le tourisme et l’économie locale, du côté de Vancouver ce sont principalement les associations communautaires qui sont à l’origine des rassemblements annuels. Kristen Lambertson, directrice générale du Powell Street Festival rappelle : « ce festival a été créé en 1977 par une petite communauté de Canadiens d’origine japonaise mais aujourd’hui c’est devenu un véritable rassemblement. Nombreux sont ceux qui ont grandi avec le Powell Street festival et les gens viennent désormais en famille… voire avec leur chien ! Et ils n’hésitent pas à traverser le Canada. Les professionnels sont régionaux, Japonais, Britanniques, Américains et nous accueillons même une communauté francophone. »

Mais attention, pas question cependant d’oublier l’essence même de la rencontre : « à travers cet évènement, nous voulons partager une culture, japonaise en l’occurrence, avec des communautés différentes ou avec tous les curieux qui souhaitent en connaître un peu plus ». Pour les amoureux de la culture indienne, le festival Indian summer lancé l’an dernier se veut lui une célébration des arts et des idées. Pour l’occasion, l’association Art Society organise des conférences, des cours de danse, de cuisine, mais aussi la venue de la célèbre actrice in- dienne Sharmila Tagore.

Une diversité canadienne

Malgré tout, plusieurs festivals ne jouent pas sur les origines culturelles mais sur la diversité qui existe au sein même d’une nationalité, d’une population ou même d’un art. Ainsi le Queer Arts Festival a décidé de mettre en avant la fierté et le potentiel qui caractérisent la communauté gay et lesbienne. Joel Klein, président du festival l’assure : « c’est une manière de montrer que cette communauté aussi est vibrante et qu’elle a beaucoup de choses à dire et à montrer.

Tout a commencé avec un petit groupe présentant des évènements d’art visuel. Puis nous avons pensé qu’il faudrait utiliser ce temps pour étoffer et partager avec d’autres. Aujourd’hui, nous proposons un véritable festival multidisciplinaire ». L’objectif est souvent double, les festivals plus intimistes proposant une game de tarifs plus large. C’est le cas de l’Indian Summer dont les tickets d’entrée s’étendent de 5 à 350 $. De quoi satisfaire quasiment tous les budgets.

Le Neanderthal Art Festival a pour sa part une autre vocation, celle de s’affranchir des gros évènements que sont Bard on the Beach ou le spectacle du Cirque du Soleil autant que du prix élevé des billets qui y est trop souvent associé. « La plupart des festivals d’été sont onéreux et proposent des spectacles à gros budget. Nous pensions qu’il existait un écart à combler par le théâtre indépendant et ce à un prix raisonnable. Mais notre seconde volonté était de partager cette passion avec un public souvent peu familier avec le théâtre. »

En plus des prix abordables, le Néanderthal ouvre sa scène aux jeunes compagnies artistiques et se fait alors dénicheur de talents. « Cette année, nous accueillons une série de travaux québécois traduits pour l’occasion et produits par la société émergente Bouchewhacked. » Voilà qui promet un éventail de choix pour répondre aux goûts variés et mettre en valeur le théâtre.

Car du côté du public aussi la diversité est de mise comme l’explique Manu, un bénévole. « J’aide à monter les scènes durant la journée et ce soir j’assiste aux concerts avec un ami australien. Il ne connait pas du tout alors c’est l’occasion de lui montrer autre chose, un peu de ma culture à moi. ». Le sentiment de fierté mais aussi de partage et de valorisation, entraîne une plus grande tolérance.

De son côté, Kristen Lambertson du Powell Street Festival confirme : « les gens qui aident à l’organisation sont loin d’être tous d’origine asiatique, toutes les nationalités sont représentées, que ce soit dans le public, devant ou derrière la scène. » Au fil des années, chaque festival devient un lieu de rendez-vous, les gens y viennent pour retrouver de vieux amis par exemple ou montrer aux nouveaux arrivants à quoi peut ressembler « leur » Vancouver.

Pas étonnant donc que les festivals fleurissent comme les pâquerettes au soleil. Musique, peinture, cinéma ou danse vont peupler notre été vancouvérois comme pour montrer que la différence ne s’oublie pas et encore mieux, qu’elle se partage.

Neanderthal Arts Festival
du 18 au 29 juillet
www.thal.ca

Queer Arts Festival
du 31 juillet au 18 aout
www.queerartsfestival.com

Vancouver Pride Festival
le 5 aout
www.vancouverpride.ca

Powell Street Festival
les 4 et 5 aout
www.powellstreetfestival.com

Indian Summer Festival
du 5 au 15 juillet
www.indiansummerfestival.ca


Greek Summer Festival 2012
du 28 juin au 8 juillet
www.vancouvergreeksummerfest.com
Carnaval del Sol
le 24 juin
www.carnavaldelsol.com