Une fenêtre sur le monde grâce à l’éducation bilingue

Collage par Laura R. Copes, avec photos par Pink Sherbet Photography and Donkey Hotey, Flickr

Le mythe de la tour de Babel fait tout de suite écho au langage. Dieu décida de brouiller le langage des hommes et les dispersa sur terre pour les punir d’avoir voulu atteindre le ciel. Si les enfants arrivent toujours à se comprendre entre eux, la limite du monolinguisme et l’expérience de l’incompréhension linguistique ont mis à mal bien des égos ! Et puisque la moitié de la population mondiale est bilingue, c’est la question de l’enseignement des langues vivantes qui se pose rapidement aux parents, surtout s’ils sont de langues maternelles différentes.

Des inquiétudes de parents
Il n’est pas aisé de faire les bons choix en matière d’éducation. Si les apprentissages peuvent être laborieux, y introduire la connaissance d’une autre langue complique la tâche. Les interrogations des parents concernent la peur de la confusion des langues, la non maîtrise totale d’aucune des deux langues et les troubles dues à une forme d’instabilité à jongler entre les deux en permanence. Dans certaines familles, notamment immigrantes, la frayeur d’une mauvaise intégration peut faire planer le doute quant à l’apprentissage d’une seconde langue. Simplement, la vigilance des parents à l’égard de l’apprentissage des langues est plus grande quand celles-ci cohabitent.

L’éducation pose tout de suite la question du futur. Quel sentiment transmettre à son enfant en le faisant grandir entre 2 deux cultures différentes ? Comment peut-il trouver sa place? Mais puisque les villes deviennent de plus en plus cosmopolites et les voyages facilités, la confrontation aux autres langues est inévitable. Le soutien et la compréhension des parents envers leur enfant sont alors primordiaux et à la base de tout bon apprentissage, quel que soit l’âge auquel cela arrive.

L’enseignement des langues, une interaction avec l’autre
Le Canada est un pays d’une grande diversité, et la diversité incite à être curieux de l’autre et à communiquer avec lui. Ainsi, les écoles d’immersion offre un cadre favorable à la pratique linguistique. Harper, jeune homme d’une vingtaine d’années, a vécu deux ans en immersion française entre 10 et 12 ans. Il a suivi le chemin emprunté par sa sœur aînée sans pour autant que leurs parents, anglophones, les y incitent, bien qu’ils les aient soutenus dans leur curiosité. Si ce type d’apprentissage permet d’avoir des apports culturels considérables, le fait de ne pratiquer qu’au sein de l’école en limite la portée. Sans l’aspect pratique de la langue, sans un environnement qui supporte cet apprentissage, il existera toujours une différence entre le scolaire et la réalité. Mais tout apprentissage qui incite à se rapprocher de l’autre, favorise une ouverture d’esprit, une tolérance et une sensibilité à l’autre.

Les familles mixtes sont nombreuses à Vancouver. Sonja, professeur d’anglais pour étudiants étrangers, a des origines allemandes qu’elle tente de transmettre à sa fille de 7 ans. Son mari est d’origine chinoise. Depuis sa naissance, sa fille baigne dans le mélange des langues. Elle aussi est en immersion par choix éducatif. Si chacun au sein de la famille parle plusieurs langues, Sonja considère que sa fille doit « entrer dans le club ». Et puis apprendre une autre langue « c’est comme apprendre les maths ou la musique, c’est une vision du monde ». L’avenir aussi est en ligne de mire. Difficile aujourd’hui de se satisfaire d’une seule langue pour certains emplois, et puis pour les connaissances personnelles quelle richesse !

Si la science le dit !
Outre les diverses expériences de vie, la science vient appuyer le fait qu’apprendre un autre langage avant 7 ans favorise le développement de la zone de Broca du cerveau, responsable du langage justement. Tout ce qui est appris avant cet âge sert de base de données à tous les autres apprentissages de la vie. Plus l’apprentissage des langues se fait tôt, et plus cela développe les capacités, quel que soit le domaine. D’après Gilbert Dalgalian, psycholinguiste de renommée internationale, une éducation bilingue favorise la psychomotricité, l’affect et l’intellect, car c’est une sollicitation permanente de l’être tout entier. Un discours qui encourage l’éducation bilingue. Pour lui, « le bilingue a compris de façon directe, spontanée et intuitive que l’autre est une variante de soi-même. Il a intégré l’idée qu’on peut être de deux cultures, de deux modes différents, cependant on est la même personne. » Alors chers monolingues, entrez à votre tour dans le club !

Pour plus d’informations :
How to Raise Bilingual Kids
A program for multilingual patrons
15 septembre, 10h45 à 12h30
gratuit
Alma VanDusen & Peter Kaye Rooms, Lower Level, Central Library
350 West Georgia St.