La touche francophone du Festival VIFF

Le cinéma francophone et plus particulièrement français se porte bien. Voilà une certitude. Ce n’est pas le Vancouver International Film Festival (VIFF) qui débute le 27 septembre qui viendra contredire cette tendance. En effet, cette saison encore le Festival du septième art propose un coup de projecteur sur les productions françaises et regroupe neuf films.

Mais le directeur Alan Franey insiste : « Il y a bien plus de films en rapport avec la francophonie que ceux que l’on retrouve dans le « coup de projecteur » sur la France. Au total, ce sont 57 films qui ont un lien avec la francophonie, à travers des pays comme le Sénégal, la Belgique, le Congo, la France ou même le Québec et ce, dans les domaines du tournage ou du financement. » Cette influence française a toujours été très forte lors du Festival. Cela s’explique de plusieurs manières selon le directeur, « la France a un profond respect et un attachement particulier pour le septième art. Le cinéma a une place très spéciale dans ce pays, il y est donc très soutenu en matière de moyens de réalisation et bien sûr de diffusion. » Mais ce n’est pas tout, la présence d’un si grand nombre de films répond à une demande particulière selon lui. « La communauté francophone en Colombie-Britannique et plus encore ici à Vancouver est très cultivée, fervente d’art et instruite en matière de cinéma. »

Mais alors côté production, peut-on parler d’une french touch dans le paysage cinématographique ? « Les films, qu’ils soient francophones ou d’ailleurs ne se conforment pas à un style. On ne peut pas dire qu’il existe une touche française si ce n’est dans ses réalisateurs traditionnels comme Jean-Luc Godard ou François Truffeau ». La nouvelle génération est faite de diversité, parfois émouvante à l’image d’Ernest et Célestine, parfois polémique comme l’Ordre et la Morale ou encore dans la beauté de l’image comme Renoir. « l’important est de faire preuve de curiosité et de conserver un équilibre entre les styles », rappelle Alan Franey. « Alterner drame, comédie ou documentaire par exemple. Nous mettons aussi un point d’honneur à proposer l’exact opposé des blockbusters, nous voulons de l’innovation, de la subtilité ».

Et pour cela, la sélection est minutieuse. Retrouvez donc quelques coups de projecteur sur l’éventail francophone à l’affiche cette année.

Ernest et Célestine
Renner, Patard, Aubier
(France, Belgique, Luxembourg)

Dans le monde conventionnel des ours, il est mal vu de se lier d’amitié avec une souris. Et pourtant, Ernest, gros ours marginal, clown et musicien, va accueillir chez lui la petite Célestine, une orpheline qui a fui le monde souterrain des rongeurs. Ces deux solitaires vont se soutenir et se réconforter et bousculer ainsi l’ordre établi. Un film à découvrir en famille et qui plaira autant aux petits qu’aux parents.

El gusto
Safinez Bousbia
(Algérie, France, Irlande, Emirats Arabe Unis)

C’est en 2003, à l’occasion d’un voyage de fin d’études en Algérie, que Safinez Bousbia, la réalisatrice, découvre par hasard le monde des maîtres de la musique chaâbi. La bonne humeur – el gusto – caractérise la musique populaire inventée au milieu des années 1920 au cœur de la Casbah d’Alger par le grand musicien de l’époque, El Anka. Elle rythme l’enfance de ses jeunes élèves du Conservatoire, arabes ou juifs. L’amitié et leur amour commun pour cette musique qui “fait oublier la misère, la faim, la soif” les rassemblent pendant des années au sein du même orchestre jusqu’à la guerre et ses bouleversements. El Gusto, Buena Vista Social Club algérien, raconte avec émotion et bonne humeur comment la musique a réuni ceux que l’Histoire a séparés il y a 50 ans.

L’exercice de l’état
Pierre Schôller
(France, Belgique)

Auréolé de trois césars. Le ministre des Transports Bertrand Saint-Jean est réveillé en pleine nuit par son directeur de cabinet. Un car a basculé dans un ravin. Il y va, il n’a pas le choix. Ainsi commence l’odyssée d’un homme d’Etat dans un monde toujours plus complexe et hostile. Vitesse, lutte de pouvoirs, chaos, crise économique… Tout s’enchaîne et se percute. Une urgence chasse l’autre. A quels sacrifices les hommes sont-ils prêts ? Jusqu’où tiendront-ils, dans un Etat qui dévore ceux qui le servent ?

Renoir
Coup de cœur de Alan Franey

1915. Sur la Côte d’Azur. Au crépuscule de sa vie, Auguste Renoir est éprouvé par la perte de son épouse, les douleurs du grand âge et les mauvaises nouvelles venues du front : son fils Jean est blessé… Mais une jeune fille, Andrée, apparue dans sa vie comme un miracle, va insuffler au vieil homme une énergie qu’il n’attendait plus. Éclatante de vitalité, rayonnante de beauté, Andrée sera le dernier modèle du peintre, sa source de jouvence.

Matthieu Kassovitz. Photo par Julie Hauville

L’ordre et la morale
Matthieu Kassovitz
(France Nouvelle Calédonie)
Avril 1988, Île d’Ouvéa, Nouvelle-Calédonie.

30 gendarmes retenus en otage par un groupe d’indépendantistes Kanak.

300 militaires envoyés depuis la France pour rétablir l’ordre.

2 hommes face à face : Philippe Legorjus, capitaine du Groupe d’intervention de la gendarmerie national (GIGN) et Alphonse Dia-nou, chef des preneurs d’otages. À travers des valeurs communes, ils vont tenter de faire triompher le dialogue.

Mais en pleine période d’élection présidentielle, lorsque les enjeux sont politiques, l’ordre n’est pas toujours dicté par la morale…

Journal de France
Raymond Depardon
(France, Lybie, Tchad)

C’est un journal, un voyage dans le temps. Il photographie la France, elle retrouve des bouts de films inédits qu’il garde précieusement : ses débuts à la caméra, ses reportages autour du monde, des bribes de leur mémoire, de notre histoire.

Après Mai
Olivier Assayas (France)

Région parisienne, début des années 70. Jeune lycéen, Gilles est pris dans l’effervescence politique et créatrice de son temps. Comme ses camarades, il est tiraillé entre un engagement radical et des aspirations plus personnelles.

De rencontres amoureuses en découvertes artistiques, qui les conduiront en Italie, puis jusqu’à Londres, Gilles et ses amis vont devoir faire des choix décisifs pour trouver leur place dans une époque tumultueuse.