Les aînés francophones, ciment de la communauté

L’ancien doit-il s’effacer et donner du champ au nouveau ? Le nouveau se nourrit de l’ancien comme l’enfant du sein de sa mère ». Rien ne saurait être plus juste que cette phrase de l’écrivain malien Massa Makan Diabaté pour décrire la communauté des aînés francophones de Colombie-Britannique. Ils forment la base de la francophonie, certains l’ont servi pendant plus de 50 ans en tant que bénévoles, et ils participent aujourd’hui à tous les projets, toutes les associations, bref, ce sont les piliers de la francophonie provinciale, nos anciens.

Ce rôle est à la mesure de l’importance de leur nombre dans la communauté. Au recensement de 2006, ils étaient environ 30 000, aujourd’hui, ils doivent approcher les 33 000 plus de cinquante ans, francophones et Britanno-colombiens. Sur une communauté de plus de 70 000 personnes, ces chiffres tendent à expliquer leur degré d’implication dans les affaires d’une communauté que certains ont vu naitre. Il n’y a pas une association, un réseau voir un média francophone, qui ne puissent se passer de leur aide.

Le club de bridge des aînés de Victoria. Photo par Jean-Baptiste Lasaygues

Et pourtant, s’ils participent activement à la vie de la fédération provinciale (FFCB) à travers l’Association francophone des retraités et aînés de Colombie-Britannique (AFRACB), ou le Club Bel-âge, la communauté en général et le gouvernement ne connaissent pas toujours les défis auxquels les aînés sont appelés à faire face.

Des besoins mal perçus

Mme Marie Robillard, membre du Comité des aînés de la Société francophone de Victoria (SFV) arrivée en C-B en 1960 nous l’explique : « Il y a un véritable défi à relever dans la communauté concernant les aînés, et surtout ceux qui sont en perte d’autonomie. Rien n’est fait, dans la province ni dans la communauté pour rassembler les aînés francophones dont les facultés déclinent. Vous savez, lorsque quelqu’un attrape la maladie d’Alzheimer, l’une des premières choses qui l’handicapent, c’est qu’il ne peut plus communiquer que dans sa langue maternelle, en l’occurrence le français. » Et cette dame de 81 ans de continuer « De nombreux travailleurs sociaux l’ignorent, ou ne sont simplement pas bilingues anglais-français. A coté de cela, si on tombe malade, faire venir une infirmière qui parle français à domicile coûte pratiquement 5 000$ par mois, et tout le monde n’a pas les moyens de le faire. Une maison pour les réunir, faire face à la solitude et aux épreuves est une vraie nécessité pour les aînés francophones. »

Elle n’est pas la seule à attirer l’attention sur leur situation. Mme Aline Jobin-Fowlow, présidente de l’AFRACB nous explique « Les aînés sont plus vulnérables que le reste de la population, d’autant plus en situation minoritaire. Nous organisons régulièrement des visites pour qu’ils aient l’occasion de parler français, et nous mettons souvent en place des activités pour réseauter et les sortir de leur solitude. Parfois, ce sont des ateliers pour les informer des dangers qu’ils courent comme, par exemple, les abus financiers dont ils peuvent être victimes. Nous avons de nombreux membres et volontaires pour nous aider, mais nous manquons encore un peu de sous pour faire tout ce que nous voudrions. »

Ce qu’aimerait Mme Jobin-Fowlow, c’est sensibiliser le gouvernement, tant au niveau fédéral que provincial, aux enjeux que représentent les services de santé francophones pour les aînés. « C’est vrai que nous avons RésoSanté (un réseau de service de santé dans lequel les praticiens peuvent communiquer en français, ndlr), mais beaucoup d’aînés habitent trop loin de médecins francophones, et il est assez rare que les services d’urgence des hôpitaux disposent de quelqu’un parlant français 24 heures sur 24. De ce côté là, je pense qu’il y a des efforts à poursuivre. »

Des aînés très impliqués

Fort heureusement, être un ainé francophone n’a pas que des désavantages. « La communauté bouge beaucoup » souligne Régine Bérubé, originaire de Lorraine et membre du Comité des aînés de la SFV. Cette dernière organise des dîners francophones depuis plus de neuf ans : « Le principal problème auquel je me heurte, c’est que les restaurants nous acceptent difficilement tant nous sommes nombreux, entre trente-cinq et cinquante personnes en moyenne. Les gens viennent y parler français, aussi bien francophones que francophiles. »

L’AFRACB, tout comme le club Bel-âge à Maillardville, sont également très actifs pour offrir des activités en tout genre aux aînés. Parfois sur la route des vins de l’île de Vancouver, d’autre fois ce sont des randonnées qui sont organisées, d’autre fois encore ce sont des pièces de théâtre intergénérationnelles qui se montent avec les élèves d’écoles francophones. Car les anciens sont très impliqués dans l’éducation des jeunes générations, en particulier dans l’enseignement du français et le soutien des élèves. Et comme le souligne Mme Jobin-Fowlow, « ils sont de plus en plus actifs, surtout avec l’arrivée de la jeune génération de retraités, qui ont entre 50 et 60 ans et pour lesquels nous allons lancer des activité spécifiques. »

Les coups de cœur francophones 2012 à Vancouver les 17 et 24 novembre

Cette année, le duo pop-rock électro Alpha Rococo présentera des titres de son deuxième album, Chasser le malheur, le 17 novembre à 20h à l’espace 700 de CBC-Radio-Canada de Vancouver. Peu après, le 24 novembre, l’artiste folk du Nouveau-Brunswick Lisa Leblanc (lauréate du festival international de la chanson de Granby 2010) se produira à 19h30 dans l’Auditorium de l’école Jules-Verne, toujours à Vancouver. www.coupdecoeur.ca