Immigration à Vancouver : entre impact du passé et défi pour l’avenir ?

Le Musée de Vancouver ravive le passé et encourage l’avenir d’immigration de la ville en novembre et jusqu’au 6 janvier dans le cadre de l’exposition Untold Stories: History of Immigrants in Vancouver. En mettant à l’honneur les portraits, témoignages et parcours individuels de plusieurs immigrants arrivés à Vancouver depuis les années 1970 jusqu’à nos jours, l’exposition raconte l’histoire de l’immigration sous une vision plus personnelle de ceux qui l’ont vécue. Parallèlement, elle s’attache à mettre en lumière le rôle essentiel d’accueil et de soutien que joue l’Immigrant Service Society of BC (ISSofBC) depuis 40 ans pour aider les nouveaux arrivants à se construire une nouvelle vie en Colombie Britannique. C’est dans ce contexte que le musée invite à débattre lors d’un dialogue public le mercredi 28 novembre prochain sur le thème plus spécifique de l’impact de l’immigration sur la construction et l’identité actuelle et future de Vancouver.

Photo par rosebennet, Flickr

L’identité façonnée par son histoire d’immigration

Depuis toujours, le phénomène d’immigration donne un élan dynamique à Vancouver et façonne son identité au rythme des gens qui y arrivent, s’y croisent ou y restent. En effet, l’histoire du peuplement de Vancouver et sa région est indissociable de celle de l’immigration. « Vancouver a toujours reçu des immigrants du monde entier », explique Lily Lim, responsable de la communication et de l’accueil au sein d’ISSofBC, partenaire de l’événement, « mais les grandes tendances ont évolué ». En effet, si les années 1950 et 1960 ont surtout vu arriver des immigrants d’origine européenne, les années 1970 marquent ensuite un point de rupture dans l’histoire de l’immigration canadienne puisque le gouvernement commence à autoriser les non-Européens à s’installer sur le territoire de façon permanente. Par la suite, l’Asie devient une source migratoire très importante pour Vancouver, « porte du Canada vers le Pacifique ».

Geoff Meggs, élu à la ville, parle d’ailleurs d’elle comme de « la première ville asiatique d’Amérique du Nord ». En effet, d’après les chiffres les plus récents, le plus grand nombre d’immigrants installés en Colombie-Britannique viennent de Chine (21.5%), d’Inde (12,1%) et des Philippines (15,8%).

Une expression quotidienne de la diversité

Le paysage démographique actuel et la diversité des communautés présentes à Vancouver participent à son image de ville hétérogène en mouvement. Son histoire d’immigration influence la ville dans l’expression quotidienne de sa diversité qui se ressent ici au détour d’une rue, d’un parc, d’un quartier. Lily Lim prend l’exemple des festivals ethniques, rassemblant chaque année plus de monde, « de même, le succès des restaurants ethniques témoigne d’une véritable demande de diversité de la part des Vancouvérois ». Daniel Hiebert, co-directeur de Metropolis, centre d’étude sur l’immigration et la diversité en Colombie-Britannique, nous livre aussi son point de vue de spécialiste mais surtout de citoyen : « Ce que je vois, ce sont les réseaux et connexions plus invisibles, comme par exemple comment le soccer est redevenu à la mode ici grâce aux immigrants et le hockey très populaire dans le quartier punjabi. C’est aussi cela qui donne un sens et une saveur à la mixité culturelle de Vancouver ».

Toutefois, les limites de la diversité existent et s’expriment notamment à travers le repli sur soi de certaines communautés dans des quartiers que l’on appelle « mono-ethniques ». En effet, si certaines familles mettent un point d’honneur à ce que leurs enfants parlent anglais et se fondent pleinement dans la culture canadienne, d’autres privilégient des références et un environnement plus proche de leur pays d’origine. Mais ne sont-ce pas aussi ces contradictions et ces différences qui font la richesse de vivre en ville ?

Un avenir à préparer

Précédée par sa réputation de ville ouverte et multiculturelle, Vancouver est souvent perçue comme le Canadian Dream pour les immigrants. Toutefois, la réalité de l’intégration est parfois bien différente. Geoff Meggs met le doigt sur le phénomène récent de distribution importante de visas de travail temporaire. Il souligne le paradoxe selon lequel la ville devient plus réticente à accepter des immigrants en tant que résidents permanents dans une période où elle a pourtant profondément besoin d’eux. Selon lui, « la population de la région telle qu’elle est, ne peut suffire aux besoins du marché. L’économie locale a besoin des compétences des immigrants et la ville doit, en échange, s’engager à leur offrir plus d’avantages ». Or les détenteurs de ces visas temporaires ne bénéficient pas du même accueil et d’un soutien aussi puissant que les résidents permanents. Des progrès sont sans doute à envisager dans le sens d’une amélioration de leur système d’intégration, surtout à l’heure où le défi de l’immigration est plus que jamais d’actualité pour Vancouver. Daniel Hiebert prévoit en effet que d’ici 2031, les immigrants représenteront plus de la moitié de la population de la ville. Pour Geoff Meggs, c’est évident, « l’avenir de Vancouver, c’est l’immigration » et il est temps que la ville commence à s’y préparer.

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Exposition Untold Stories: History of Immigrants in Vancouver

du 18 octobre au 6 janvier

Musée de Vancouver

1100 Chestnut Street

Vancouver

Dialogue public sur le thème Evolving Geographies of Immigration in Vancouver: History and Horizons

28 novembre

Musée de Vancouver

Gratuit

 

Plus d’infos : 604-730-5310