Le perpétuel cycle électoral américain

Comme je l’ai écrit dans une précédente chronique, Obama avait absolument besoin du vote des jeunes pour pouvoir sceller un second mandat à la Maison Blanche. Cet appui s’est matérialisé avec 60 pour cent de ceux-ci le favorisant. En fait, comme on le sait maintenant, Obama s’est accaparé une forte proportion du vote d’à peu près tout le monde sauf pour les hommes, les blancs et les personnes plus âgées.

Les bonnes nouvelles pour les démocrates ne se sont pas limitées à la présidence puisqu’ils ont réussi à garder le contrôle du Sénat. Ils y ont même fait des gains. Toutefois, la fête ne dure jamais très longtemps au pays de l’Oncle Sam. C’est qu’aux États-Unis les politiciens sont en perpétuelle campagne électorale. Les luttes ne prennent jamais de pause. Et ce continuel cirque électoral pèse constamment dans la gestion des affaires de l’État. Aucune décision n’est prise sans en mesurer les conséquences dans les bureaux de vote.

Photo par Herve Boinay, Flickr

Pour preuve, alors que l’encre n’est pas encore sèche sur les résultats des récentes élections, les camps commencent déjà leur préparation pour les prochaines, celles de mi-mandat, qui auront lieu en novembre 2014. Pour l’occasion, les électeurs américains retourneront aux urnes pour choisir le tiers des sièges du Sénat et l’ensemble de la Chambre des représentants. Ces élections seront l’occasion pour les républicains de prouver qu’ils ont appris quelque chose de leur défaite présidentielle.

Pour plusieurs sénateurs démocrates, le fait que leur parti occupe la Maison-Blanche peut aussi venir donner son lot de maux de tête. Plusieurs des sièges du Sénat qui sont en jeu en 2014 sont dans des États où Mitt Romney a remporté les grands électeurs. La performance du président d’ici novembre 2014 sera un facteur d’influence incontournable sur ces élections. Il faudra donc voir quel président se pointera au cours des deux prochaines années. Est-ce que ce sera Barack Obama le dépensier, qui présidera une croissance de l’État, ou celui qui prendra la mesure des affaires économiques du pays et qui mettra de l’ordre dans le budget américain qui est au bord du précipice ?

La réponse à cette question jouera un rôle déterminant dans le degré de motivation de la base républicaine. Il est vrai qu’avant que la campagne officielle ne se mette en train, il devra y avoir les primaires, l’équivalent de nos courses à l’investiture. Celles-ci ont tendance à être plus pénibles pour les républicains depuis que leur formation a été placée sous la haute influence du Tea Party. Les apôtres de ce mouvement n’hésitent pas à imposer leur choix afin de faire progresser leur agenda politique.

Pour le Parti républicain, cette dynamique ne lui est pas toujours favorable comme l’ont démontré les récentes élections. Deux des porte-étendards favoris du Tea Party ont mordu la poussière en raison de leur position extrême sur la question de l’avortement. Dans ces deux cas, le fait que les électeurs du Missouri et de l’Indiana aient rejeté l’idéologie véhiculée par ces candidats devrait provoquer une réflexion en profondeur au sein de la formation. Toutefois, cela m’étonnerait que les membres du Tea Party mettent de l’eau dans leur vin.

Mais il y a quand même un filon d’espoir pour les républicains qui se trouvent dans le profil démographique des électeurs qui votent lors des élections de mi-mandat comparativement à ceux qui le font lors des présidentielles. Selon un portrait de ces électeurs, les jeunes, grandement acquis à Obama, représentent environ 11 pour cent des élec-teurs aux élections de mi-mandat depuis 1990. Ils sont 19 pour cent à avoir voté le 6 novembre dernier. Ce huit pour cent de différence pourrait jouer en faveur des républicains.

Si cela n’était pas suffisant, six Etats dans lesquels un sénateur démocrate aura son siège en jeu en 2014 ont favorisé le républi-cain Mitt Romney aux récentes présidentielles.

C’est donc dire que le président Obama doit décider s’il voudra assurer un legs politique personnel ou celui de sa formation. L’agenda qu’il mettra en place au cours des 24 prochains mois en dira long sur son état d’esprit.