Élections partielles : De l’espoir pour les conservateurs

Trois élections partielles au pays le 26 novembre dernier, dont une à Victoria, ont permis de constater deux choses : les troupes du Premier Ministre Harper perdent des plumes et, malgré ce fait, il peut dormir tranquille. Je sais que cela peut sembler contradictoire, alors je m’explique.

Murray Rankin, NPD, vainqueur à Victoria. Photo par Murray Rankin, Flickr

Dans les trois circonscriptions en question, les conservateurs ont reculé en terme de pourcentage de vote recueilli par rapport au scrutin général tenu en 2011. Étonnamment, c’est sur le terrain traditionnellement hyper-fertile de l’Alberta que le recul a été le plus important. Dans Calgary Centre, ancienne circonscription de Joe Clark, rien de moins, la candidate conservatrice a vu les votes obtenus par sa formation reculer de 21 pour cent. C’est considérable. Quant à la circonscription de Victoria, le recul a été de 9 pour cent. Cela n’est pas inquiétant outre mesure puisque ce comté n’est pas reconnu pour avoir le plus d’atomes crochus avec le conservatisme.

Mais qu’importe, la leçon à retenir c’est que Stephen Harper peut entrevoir l’avenir avec un certain optimisme sur la base des récents résultats électoraux. La circonscription de Durham, en Ontario, qui au cours de son histoire électorale a alterné entre les libéraux et les conservateurs, lui donne tout lieu d’afficher un air de confiance. Son candidat a réussi à obtenir plus de 50 % des votes, malgré une légère baisse de l’appui populaire par rapport aux dernières élections générales. Ce n’est pas peu dire lorsque l’on considère que les gouvernements sont plus souvent qu’autrement punis lors d’élections partielles.

Comme l’Ontario est la terre promise des partis fédéraux qui espèrent former le gouvernement, le message envoyé au gouvernement conservateur c’est que, pour l’heure, la situation est stable. Pour un gouvernement que l’on dit impopulaire dans l’opinion publique, les nouvelles en provenance de cette circonscription ontarienne ont de quoi le faire sourire.

Joan Crockatt, Conservatrice, élue à Calgary Centre. Photo par Gordon McDowell, Flickr

Qui plus est, il y a un autre phénomène observé qui influence à la hausse le baromètre électoral pour les conservateurs. C’est la division évidente du vote chez l’électorat que l’on qualifie de progressiste; c’est-à-dire ces électeurs que l’on place traditionnellement au centre ou au centre-gauche de l’échiquier politique. Cela a été plus évident dans Calgary Centre. La chute significative des conservateurs aurait dû se traduire par une défaite. Cependant, ni le candidat libéral ni celui du Parti Vert n’ont su en tirer profit malgré une baisse importante du vote attribué au Nouveau Parti Démocratique. En fait, on peut conclure que l’importante croissance du Parti Vert a coûté la victoire au candidat libéral.

Les plus mauvaises nouvelles de cette mini-soirée électorale ont été réservées au NPD. En effet, bien qu’il ait fait des gains mineurs en Ontario, ses pertes à Victoria et dans Calgary Centre ont été importantes. Encore une fois, c’est le Parti Vert qui a joué les trouble-fêtes. Sa croissance dans Victoria a presque coûté le siège au NPD qui a réussi à maintenir la circonscription dans son giron, mais de justesse.

Ces élections partielles donnent aussi peut-être un peu raison à la stratégie des conservateurs. Celle-ci a été d’attaquer ses adversaires sans relâche. Ainsi, dit-on, à force d’inonder les ondes de messages publicitaires négatifs envers l’adversaire principal, qui ces temps-ci est le chef du NPD Thomas Mulcair, la population, au mieux, croira ce qu’avancent les conservateurs, ou, au pire, aura un doute raisonnable face à la cible des conservateurs.

Ces bombardements sans préoccupation pour la vérité sont devenus chose courante dans l’arsenal des stratégies conservatrices. Si tant bien que, parfois, il en ressort des situations plutôt loufoques. Par exemple, la candidate du Parti conservateur dans Calgary Centre, a dit que sa victoire démontrait que le parti était fort et en croissance. Il est peut-être fort, mais il est faux de croire un instant que le résultat ait démontré une formation en croissance.

Mais qu’à cela ne tienne, la stratégie qui veut qu’à force de répéter un message il puisse devenir vrai dans l’esprit des électeurs reste au cœur de l’approche favorisée par les troupes conservatrices.

Et à ce jour, cela a quand même assez bien servi l’équipe du premier ministre.