Les acteurs de la francophonie : Christine Sotteau dresse le bilan de son mandat

Christine Sotteau tire sa révérence

Christine Sotteau tire sa révérence

La rubrique Espace francophone s’intéresse aux acteurs de la francophonie en Colombie-Britannique. Aujourd’hui, nous donnons la parole à Mme Christine Sotteau, Directrice générale de la FFCB.

La Source : Quel est l’état de la francophonie en C-B. aujourd’hui ?

Christine Sotteau : C’est une des seules provinces où le nombre de francophones augmente. Il y a une nouvelle réalité, les gens viennent s’y installer. Il ne faut jamais oublier que la communauté ici est une communauté de migrants, et ça l’a toujours été. Nous n’avons pas la même histoire que les provinces maritimes : Ici les québécois se mélangent aux franco-manitobains, aux acadiens et aux européens mais aussi aux autres régions du monde. Par contre, et ça c’est nouveau, la francophonie commence à devenir générationnelle, on peut parler français dans des crèches et des écoles, et sur toutes les tranches d’âge.

L.S : C’est quelque chose que vous connaissez bien cette diversité chez les francophones ?

C.S : Tout à fait, mon expérience à la Boussole m’a appris que la communauté que l’on desservait était beaucoup plus riche qu’accueillir seulement des francophones du Canada. On a la certitude que notre communauté est en évolution, et que tout cela mélangé nous rend beaucoup plus intéressant, beaucoup plus diversifiés, beaucoup plus riches. La démarche de la francophonie en C.-B. est une démarche identitaire, et c’est ce qui m’avait fascinée dans cette communauté. Je m’étais promise, en prenant mon poste, que cet exercice d’intégration et d’enrichissement, je voulais l’encourager, l’enraciner et le normaliser. Aujourd’hui, on ne peut plus avoir un festival francophone qui est juste avec du sirop d’érable et des violoneux, et ça c’est lié à notre évolution. Je crois que de ce côté là, on a accompli quelque chose.

L.S : Vous avez toujours vécue en tant que francophone en milieu minoritaire ?

C.S : Toujours, j’ai passé une bonne partie de ma vie en Alberta, et on ne peut pas y être plus minoritaires. Il n’y avait pas d’école en français là-bas à cette époque. C’est là que j’ai compris qu’il n’y a pas que les francophones qui s’intéressent au français. Aujourd’hui, on ne peut pas parler de la francophonie sans parler des personnes qui aiment le français sans forcément s’exprimer couramment dans cette langue. C’est le cas des parents des élèves en école d’immersion, comme Canadian Parents for French. Ces personnes qui expriment un intérêt pour le français sont un excellent soutien. Toute cette population s’ajoute aux 300 000 personnes francophones et francophiles de C.-B. c’est quand même extraordinaire que l’on soit la seconde langue ici, et non pas une langue asiatique. De plus, ça se passe dans une énorme diversité : 30% des francophones de C.-B. sont nés en dehors des frontières du Canada, ce chiffre a une importance considérable.

L.S : Tout au long de votre mandat, vous avez démontré un très grand intérêt pour l’éducation et la jeunesse. C’est votre violon d’ingre?

C.S : Prenez les enfants du Conseil scolaire francophones, moi je suis en admiration devant leur travail. Comme je l’ai dit l’autre jour (lors de la réception donnée en son honneur par la FFCB, ndlr) je voudrais vraiment assister à un cour de pédagogie identitaire. Il y a aussi une création que nos enfants sont en train d’accomplir. Nos enfants n’ont pas le même accent que nous, ils sont parfaitement bilingues, mais ils se sentent francophones. Il y a quelque chose qui les lie, et ils le revendiquent. Le Conseil jeunesse fonctionne bien parce que les jeunes qui sortent des écoles d’immersion ont envie de vivre des choses en français.

L.S : Quels sont les plus grands défis de la communauté aujourd’hui ?

C.S : Il faut que l’on arrive a négocier avec le gouvernement de C.-B. à fournir des services en français au-delà des engagements fédéraux, comme par exemple sur l’emploi. Si 10% de la population veut s’exprimer en français, il faut que le gouvernement leur offre les services adéquats.

L.S : Qu’auriez vous aimé accomplir, mais que vous n’avez pas eu le temps de faire ?

C.S : Il y a un sous-financement réel de la francophonie, et j’aurais aimé favoriser l’augmentation des enveloppes budgétaires. Nous n’avons pas pu régler le problème, à cause de la crise économique mondiale, mais heureusement, les francophones n’ont pas été plus touchés que les autres.

L.S : Un petit mot pour votre successeur, France-Emmanuelle Joly ?

C.S : France-Emmanuelle est déjà très respectée et impliquée dans la francophonie, je pense qu’elle sera tout à fait capable de faire face. On approche d’une date cruciale, le 31 mars 2013, et tout est en renégociation (santé, éducation, associations) avec le gouvernement. Il va falloir qu’elle rallie tout le monde autour d’elle, et c’est un énorme défi.

La Chambre de commerce francophone se relance

L’assemblée générale annuelle de la Chambre de commerce francophone a eu lieu le 6 décembre dernier au siège de la Fédération des francophones de Colombie-Britannique. Le conseil d’administration (CA) qui risquait de disparaître a reçu les candidatures nécessaires pour se renouveler, le designer et ancien vice-président Térence Doucet succédant à la présidente Francine Legault à son poste, l’architecte Julien Léger devenant le nouveau vice-président, et l’ancienne dirigeante d’un cabinet de conseil Nicole Legault (aucun lien avec l’autre) devenant la nouvelle secrétaire-trésorière de la Chambre. Parmi les chantiers du nouveau CA, il y a la planification stratégique qui sera lancée en 2013, le désir d’améliorer les avantages et les rabais dont bénéficient ses membres et continuer la politique d’accord avec les autres chambres de commerce à travers le pays.