Jeûnes et régimes : se sentir mieux dans son corps et dans sa tête

Photo par Carolyn Coles, Flickr

Après l’abondance des fêtes de fin d’année, c’est l’heure du bilan et des résolutions en tout genre, du coup les régimes trottent dans la tête de nombreux vancouvérois. Et tous ne suivront pas seulement l’obsession d’une perte de poids rapide. Nombreux sont ceux pour qui contrôler ce que l’on mange est un moyen efficace de rechercher un certain bien-être, de s’élever spirituellement, de poursuivre une idéologie ou de faire simplement le choix d’une santé plus saine.

Chercher un équilibre entre le corps et l’esprit

C’est dans la pratique du jeûne que Nathalie, 49 ans, a trouvé son terrain d’épanouissement personnel. Depuis 25 ans, deux fois par an, sur une période de 5 à 20 jours, elle ne s’autorise la consommation d’aucun aliment solide, seulement de l’eau, du jus de fruits sans pulpe, du thé et du bouillon de légumes. Au-delà d’en profiter pour perdre quelques kilos en trop accumulés pendant l’année, elle y prend beaucoup de plaisir et saisit cette occasion pour purifier, nettoyer son corps en profondeur. Selon elle, ce sont les 3 premiers jours d’adaptation qui sont difficiles, mais après, ce n’est « que du bonheur ». Elle perçoit son jeûne comme le moment de donner des vacances à son corps, de s’évader, de retrouver une certaine légèreté dans l’esprit en rompant avec son quotidien. « Quand on jeûne, on est moins connecté à la terre, le travail spirituel est facilité. C’est un moment idéal pour s’essayer à la méditation par exemple. On n’a qu’à fermer les yeux, et on est déjà parti », nous assure-t-elle.

Une raison qui incite certaines personnes à jeûner dans un contexte religieux – Ramadan, Carême, Yom Kippour et bien d’autres – invoquant sa capacité à rapprocher leur âme de Dieu. Frederick a commencé à expérimenter toutes sortes de jeûnes à 20 ans, il en a 41 aujourd’hui. C’est souvent avant une intense période de travail qu’il se lance, considérant que « ça aide à développer la concentration et la discipline ». Il aime adapter ses régimes à sa santé et à son style de vie. En ce moment et pendant 12 jours, il essaye une nouvelle combinaison d’eau, de chlorelle – connue pour sa composition nutritionnelle équilibrée – et jus de citron pressé, qui lui permet d’éliminer les toxines stockées dans les cellules graisseuses de son corps.

Kathleen, nutritionniste holistique de 51 ans, nous met en garde contre ces pratiques. Elle ne recommande aucun régime alimentaire spécifique à ses patients, car « tous mettent de côté certains aliments, or notre corps a besoin de tous les macronutriments (protéines, lipides, glucides) pour recevoir la bonne énergie », explique-t-elle. Le jeûne, pourquoi pas, mais à condition bien sûr de s’y préparer, et c’est peut-être là où certains spécialistes y voient des limites et un danger potentiel. Trop de gens s’y essayent pour les mauvaises raisons, or c’est un passage éprouvant pour le corps qui se retrouve forcé à utiliser ses réserves. « Il faut savoir pourquoi on le fait et y aller petit à petit », insiste Kathleen. Nathalie, consciente que le jeûne est un sujet controversé, confirme que la phase de préparation est essentielle, de même que le temps de reprise : « Il faut faire attention à ne pas faire de transition trop rapide. Si on mange un couscous juste après la fin du jeûne, le corps s’affole et il y a de bonnes chances que cela se finisse chez le médecin ». Pour Frederick, c’est surtout important de se tenir aux objectifs que l’on s’est fixé : « que ce soit un jeûne d’1, 2, 4, 7 ou 12 jours, je trouve que ça mène à une plus forte connexion entre l’esprit et le corps », confie-t-il.

Plus qu’un régime, une philosophie

Jus de framboises bio. Photo par Madly in Love with Life, Flickr

Katelynn, 25 ans, est récemment diplômée de la Canadian School of Natural Nutrition. Actuellement végétarienne, elle veut devenir végétalienne en janvier et ainsi suivre la tendance du « 100% vegan » qui explose à Vancouver. Une bonne résolution pour 2013, mais pas seulement parce que c’est une mode, et surtout pas pour perdre du poids. De son regard de jeune professionnelle, elle est convaincue que « c’est la meilleure chose à faire pour nous et pour la planète. C’est plus facile pour le corps qui ne dépense pas toute son énergie dans la digestion, et la valeur nutritive est plus élevée », souligne-t-elle. Elle veut pouvoir recommander à ses futurs patients une manière plus saine de manger, et plus qu’un régime, une « philosophie qui doit devenir une part entière de notre style de vie au quotidien », nous explique-t-elle. Pour elle, c’est donc une question de changement d’attitude à adopter par rapport à la nourriture sur le long terme. Mais si manger concerne tout le monde, que signifie « prendre de nouvelles habitudes » si l’on considère qu’elles sont bien différentes d’une personne à l’autre ? Il est difficile de rapprocher un régime alimentaire particulier de certaines communautés, qui, au-delà d’être parfois guidées par des coutumes religieuses, se laissent aller à leur propres envies. C’est à travers le mélange de toutes ces habitudes culinaires que se reflète encore une fois l’expression de toute la diversité qui existe à Vancouver, ainsi que la complexité des relations que l’on peut avoir avec la nourriture.

Vancouver, un environnement idéal

Quand un responsable du centre communautaire de Coal Harbour nous livre « qu’au Canada en général et en particulier ici, il n’y a pas de rituel spécifique concernant la nourriture », on comprend pourquoi Vancouver est un terrain d’expérimentation idéal. Qu’il s’agisse d’essayer toutes sortes de régimes ou de s’inspirer de nombreuses tendances souvent importées par ses habitants. Alors qu’en France, Nathalie avait l’impression d’être jugée, ici elle ressent une plus grande ouverture d’esprit, et même une certaine curiosité de la part des vancouvérois. Frederick ressent la même chose : « Jeûner est assez commun ici pour que les gens ne critiquent pas mais au contraire nous soutiennent ». Il faut dire que l’hygiène de vie a, sans doute plus qu’ailleurs, une importance particulière. Kathleen en a conscience et parle même de Vancouver comme d’une ville « progressive » de ce point de vue : « les jardins communautaires, les restaurants alternatifs, la passion des gens pour le sport, le yoga, tout cela fait partie de notre culture. Vivre sainement, manger sainement devient presque une mode ici ».

Un environnement inspirant dans lequel la maxime « un esprit sain dans un corps sain » peut prendre tout son sens.