Souhaits épars pour 2013 : Britanno-colombiens, rêvons haut et fort!

Les francos en milieu minoritaire se permettent rarement de rêver publiquement. Et pourtant, la sagesse populaire enseigne qu’il ne faut jamais cesser de rêver. Parce que cesser de rêver, c’est mourir. Alors si on ne rêve plus dans nos espaces publics, c’est que ces espaces publics se meurent, que les gens ne s’y associeront plus et qu’une importante partie d’eux-mêmes ne se renouvelle plus, donc se meure. Les nouveaux arrivants et la prochaine génération en paient la facture!

Voici donc mon vœu en ce début d’année. Grosso modo, je souhaite que les gens se mettent à rêver en français dans nos espaces publics britanno-colombiens. Et qui dit “espaces publics” en 2013 dit généralement “médias”.

Je souhaite donc que nos médias écrits et électroniques se mettent à publier des éditoriaux, des blogues, des “courriers de lecteurs” et autres rétroactions citoyennes. Qu’il y a aura donc des éditorialistes, des blogueurs, des lecteurs et des citoyens suffisamment motivés pour s’exprimer publiquement sur des sujets d’affaires publiques. Il est quasiment impensable que nous opérons en Colombie-Britannique depuis maintenant une dizaine d’années sans édito et courrier de lecteurs! Doit-on vraiment s’étonner de la difficulté d’intéresser les gens dans nos affaires publiques si les premiers concernés ne le sont pas plus? Pensez recensements, son-dages, consultations et études.

Je souhaite que La Source tienne un éditorial et publie des courriers de lecteurs. Je souhaite que d’autres journaux britanno-colombiens qui se démènent depuis longtemps dans la marge médiatique soient mieux reconnus et appuyés. Je souhaite qu’un blogueur de la scène théâtrale se pointe à quelque part. Ditto pour les scènes littéraires, éducatives, historiques et médiatiques. Diantre, que ces espaces soient mieux occupés.

Je souhaite qu’un de nos journaux “imprimés” passe finalement à une parution strictement en ligne. Tant qu’à souhaiter haut et fort, pourquoi pas une reprise de l’Express du Pacifique sous un tel accès? Et que ses archives (incluant celle du Soleil de Colombie) soient rendues disponibles en ligne, numérisées au besoin. Ditto pour les archives locales de notre diffuseur public.

Parlant de diffuseur public local, je souhaite que le personnel continue à reprendre intérêt à nos affaires publiques d’ici et nous montre des exemples de participation. Qu’on arrête de faire continuellement la promotion de contenus d’ailleurs, du web québécois, du web français, de leurs professionnels (enseignants, universitaires, historiens, artistes et créateurs), de leur Twittosphère, de leur littérature, de leurs médias, et des derniers de passage à l’Aéroport de Vancouver. Nos temps d’antennes et pages web sont trop précieux quand cela est déjà couvert ailleurs et que les ressources allouées sont limitées. Que le personnel journalistique puisse couvrir nos affaires publiques au-delà des points de vue arides de relationnistes ou porte-paroles d’organismes. Que de nouvelles approches soient mises à l’essai ou que ces “porte-paroles” passent au 2.0. Que le personnel journalistique puisse prendre intérêt à l’état des finances de nos affaires publiques entre autres choses. Que les contenus du téléjournal pertinents deviennent accessibles à la carte, i.e. sur le web via les médias sociaux. Qu’on arrête de consacrer tant d’efforts au “montage” et si peu à l’accès dans un monde de surabondance de contenus (d’ailleurs).

Je souhaite que notre écosystème des médias soit reconnu comme super-fragile et que des gens réussissent à se motiver pour sa reprise. Je souhaite que nos médias collaborent mieux entre eux et se motivent à apprécier les besoins d’une stratégie du numérique pour 2013.

Je souhaite que les appuis institutionnels des plus gros employeurs francos tels le Conseil Scolaire Francophone (CSF), UBC & SFU, la Société de Développement Économique (SDE), Éducacentre et l’Alliance Française, entre autres, contribuent au nouvel espace de médias sociaux #frcb tel que La Source l’a fait et que Radio-Canada a commencé à reconnaître à la fin de 2012 en appui à quelques initiatives citoyennes.

Je souhaite que nos médias pan-canadiens portent attention au milieu minoritaire et aux efforts de reprise/renouvellement. Que Radio-Canada Montréal et CBC nous comprennent davantage. Que les murs se démantèlent. Que l’Association de la Presse Francophone (APF) réussisse à se motiver et se financer pour publier et diffuser régulièrement sur les médias sociaux. Que le webzine ontarien TaGueule.ca reprenne son rythme de lancement de 2011 ainsi que tout son mordant. Que le réseau associatif de la Fédération des communautés francophone et acadienne (FCFA) ainsi que les ACFOs appuient pour une reprise. Que le CRTC exige du diffuseur public des mécanismes modernes de rétroaction i.e. 2.0 pour l’auditoire du milieu minoritaire. Que les consultations bidons cessent à jamais, on ne peut plus se permettre de nouveaux retards. Que le milliard de $s consacré à la Feuille de route fasse finalement l’objet d’un audit financier du Vérificateur général du Canada.

Par ailleurs, je souhaite que des gens prennent intérêt au site de Derby Reach, le premier établissement de nouveaux arrivants (francophones, métis et premières nations) dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique qui date de 1827. Le site est à peu près complètement abandonné après l’érection d’un cairn en 1946 pour honorer ces pionniers. Une association de propriétaires ri-verains du voisinage veillant au parc de Metro-Vancouver empêchait une initiative de mise-à-jour du site en 2011.

Je souhaite que l’historienne émérite Jean Barman qui a contribué à sortir ces pionniers des boules-à-mites de l’histoire du nord-ouest réussisse finalement à publier sur UBC Press d’importantes mise-à-jour dans un prochain livre.

Je souhaite que la Société Historique Francophone de Colombie-Britannique (SHFCB) reconnaisse en 2013 qu’une page Facebook animée régulièrement depuis maintenant plusieurs années par quelques rares bénévoles soit justement reconnue. Et que de nouveaux contributeurs/aggrégateurs de contenus s’y ajoutent.

Dans la même veine, je souhaite que la Fédération des Francophones de Colombie-Britannique (FFCB) se mette finalement à gazouiller et à participer au nouvel espace de médias sociaux #frcb. Que de nouveaux contributeurs/aggrégateurs de contenus se pointent. Je souhaite qu’une nouvelle dynamique médias apparaisse dans le secteur associatif. Que la rencontre des “Présidents” se modernise pour mieux rejoindre et engager la base.

Je souhaite que @SFMaillardville cesse de gazouiller strictement en anglais. Et que je ne sois plus la seule personne à le signaler publiquement.

En terminant, je souhaite que les “purelaines” super-bilingues se remotivent au français et reprennent intérêt aux affaires publiques, à nos nouveaux arrivants et à ce qui se passe dans nos écoles (immersion et CSF). Qu’ils fassent les efforts pour se refranciser. Je souhaite que nos nouveaux arrivants prennent davantage intérêt à ceux qui les ont précédés. Qu’ils comprennent que l’Histoire se répète. Que de nouveaux mécanismes facilitent la rencontre.

Et vous, qu’êtes-vous prêts à rêver haut et fort dans nos espaces publics?

Sincèrement

Réjean Beaulieu, Vancouver

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