Les Rendez-vous du cinéma québécois et francophone jouent la carte de la diversité

Les mains noires. Photo par Les mains noires

Les mains noires. Photo par Les mains noires

Malgré 18 ans d’expérience, on repart toujours à zéro » s’amuse Régis Painchaud au moment de commenter l’organisation de ce nouveau festival du film qui se tiendra dans différentes salles de Vancouver du 7 au 23 février. Tasse de thé à la main, le Directeur de Visions Ouest Productions sait l’énergie qu’il en coûte de mettre en œuvre un tel évènement. Regard enjoué, le passionné qu’il est, s’en délecte sans modération. Originaire du Québec, il organisait déjà des rendez-vous du cinéma à l’âge de 20 ans et n’a jamais délaissé ses premières amours, pas même lorsqu’il s’est installé en 1984 en Colombie-Britannique, terre alors peu propice au développement de l’art francophone. Quand il n’y a pas d’eau, il ne faut pas avoir peur de creuser un puit et l’ancien directeur de la Maison de la Francophonie de Vancouver l’avait bien compris. C’est ainsi qu’il n’a pas hésité à injecter des fonds personnels et à mobiliser les premiers partenaires au début des années 90 pour donner naissance à un festival qui, fort de ses 7000 spectateurs à moyenne, a atteint depuis déjà quelques années la maturité. En compagnie de la Présidente de Vision Ouest Lorraine Fortin, il poursuit une nouvelle fois cette année le désir de proposer au public un cinéma différent dans un secteur en mal de diversité.

Régis Painchaud.

Régis Painchaud.

Une alternative au cinéma américain

C’est un fait, hors festivals, les occasions de voir des films différents se font assez rares en Colombie-Britannique. « Au Québec, l’attachement à la culture et à la langue française est forte et explique que 15% des entrées réalisées dans cette province le soient pour des films québécois. En revanche, hors Québec, seules 2% des entrées concernent des films canadiens » note Régis Painchaud. En Colombie-Britannique, l’influence de l’Oncle Sam se fait en effet clairement sentir puisque 95% des cinémas appartiennent à des entités américaines. Au plan national, la marge de manœuvre quant aux choix des films diffusés est également très restreinte, la majorité des décisions étant prises par des organismes basés à Toronto, eux-mêmes placés sous l’influence de Londres. « Il est tout de même intéressant de constater que ce que nous voyons sur nos écrans au Canada est décidé de l’autre côté de l’Atlantique » regrette Régis Painchaud, amoureux du cinéma indépendant et francophone :

« J’aime la nuance avec laquelle les différents sujets y sont abordés. J’ai l’impression que le cinéma francophone touche de près aux émotions, au cérébral, en définitive à l’humain. Je juge l’approche américaine plus différente avec souvent cette volonté de défendre la liberté en faisant la guerre sous couvert de morale religieuse. »

Une offre variée

En dépit de Steven Spielberg, dans la sélection pour son film Tintin : Le secret de la Licorne, les explosions spectaculaires et autres superhéros laisseront donc place à des thématiques plus humaines. Parmi la soixantaine de films proposés, notons la présence du triomphe populaire Les Intouchables et d’autres films célèbres comme Cloclo, Un bonheur n’arrive jamais seul ou encore Le prénom, huit clos dont le génie des dialogues n’est pas sans rappeler Le dîner de cons. Premier véritable film de science-fiction de l’histoire du cinéma québecois, Mars et Avril vous emmènera dans l’univers de Robert Lepage, dans un Montréal futuriste, alors que l’Homme s’apprête à marcher sur Mars. Quant au cinéma africain, il sera une nouvelle fois bien représenté avec plusieurs films à l’affiche dont La Source des femmes, avec Leïla Bekhti, présenté à Cannes en 2011, et le Repenti, histoire d’un jeune jihadiste qui tente difficilement de se réinsérer dans une société algérienne en proie à la violence.

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Ésimésac. Photo par Ésimésac

Ésimésac. Photo par Ésimésac

Les 19e Rendez-vous du cinéma québécois et francophone

Du 7 au 23 février 2013,
à l’auditorium Jules Verne,
à SFU Woodward,
à Winterruption Improv Centre,
à UBC et à la Maison de la Francophonie.
www.rendez-vousvancouver.com