Vancouver, je t’aime, mais…

Vancouver Je t'aime, mais... Photo par Evan Leeson, Flickr

Vancouver Je t’aime, mais… Photo par Evan Leeson, Flickr

Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage … écrivait La Fontaine, dans l’un de ses poèmes. C’est la question qu’Adrian Howells vient nous poser, en ce début d’année. Vient-il remettre les pendules de l’une des villes phares du monde à l’heure ou sonner le glas d’une épopée révolue ?

Connaissant le caractère sati-rique d’Adrian Howells, la fragilité de notre ville qui n’est encore qu’à la fleur de l’âge en prendra certainement un coup après son passage au musée de Vancouver le vendredi 25 janvier 2013 à 18h.

Ce personnage atypique, extrêmement sensible jusqu’à frôler légèrement l’excentricité par ses œuvres les unes les plus originales que les autres, laisse entrevoir un soupçon de curiosité chez les vancouvérois par sa venue. Invité par le Musée de Vancouver comme modérateur pour une soirée de conversations à cœur ouvert : Vancouver, I love you but (Vancouver je t’aime, mais…), il vient encore une fois prouver l’étendue de son talent. Mais qui est Adrian Howells ?

« Je suis un artiste, un homme gay et un membre vital de la race humaine »nous dit-t-il. «  Je suis très ému à l’idée d’animer cette soirée. Je vais, comme vous le savez, ressusciter Adrienne, mon alter-ego avec qui j’ai beaucoup travaillé dans le passé. C’est une occasion qui tombe à point et je vais me permettre d’être taquin et peut-être aussi un peu espiègle parce qu’Adrienne me donne carte blanche pour le faire. Toutefois, cela me tend un peu les nerfs car ce sera ma première visite dans cette ville dont je ne connais absolument pas la culture. »

Adrian nous avoue qu’il puise l’inspiration de ses interactions avec les gens dans le quotidien et, notamment lors de ses voyages. « La pointe d’ironie qui saute aux yeux dans mes créations est provocante et elle incite le public à plonger un peu plus profondément dans les racines de l’énigme ».

Il reprend : « nous sommes intrinsèquement connectés l’un à l’autre, quelles que soient les formes d’expressions, si violentes soient-elles. Les problèmes d’une ville sont parallèles à ceux d’une autre ville, même s’ils diffèrent de forme et de fond. Que vous soyez à Londres, Glasgow, Tokyo ou Paris, cette relation d’amour et de haine subsiste, dans chaque cité ou chaque tribu. Des conflits et des tensions sont inévitables parce que l’être humain n’est pas sans défaut. L’imperfection est inhérente à la nature humaine. Nous faisons tous des erreurs et je crois que Vancouver n’est pas unique dans ce sens. Mais les défauts rendent l’homme intéressant et j’irai même jusqu’à dire que cette imperfection de l’homme est réjouissante. »

Mais de qui vient l’idée de passer les vancouvérois sous le microscope de la conscience ? Hanna Cho, curatrice du Musée de Vancouver nous confie qu’elle s’est inspirée de l’œuvre de Tobias Wong, artiste vancouvérois, décédé à l’âge de 35 ans en 2010, pour le thème de cette soirée. « Vancouver est très belle et tout le monde l’adore mais il y a quelque chose qui vous chiffonne ici. Il y a comme un malaise non-diagnostiqué qui y règne. Tobias Wong, dont les œuvres sont exposées au Musée de Vancouver avait un style très particulier. Nous ressentons un lieu entre ses œuvres et le malaise que dégage cette ville » déclare Hanna Cho. La dernière création de Tobias Wong fut un sautoir géant dont les colliers taillés en morse cette phrase de la chanson : New York I love you, But You’re Bringing Me Down (New York, je t’aime mais tu me ramènes au plus bas de moi-même). Ce cri de détresse de Tobias Wong est semblable à la relation ambiguë à la fois d’amour et de haine que vit chaque vancouvérois. Adrian Howells viendra comme facilitateur impartial dans ce jeu de sentiments. Hanna Cho nous assure que cette soirée ne sera en aucune manière focalisée sur des critiques. « Nous allons explorer, avec l’expertise d’Adrian Howells, les racines de cette dynamique et mettre à nu nos perceptions de la ville. » Cet évènement permettra, non seulement à chaque invité, mais à tout le monde réuni lors de cette soirée de faire sa propre introspection du jeu de sentiments qui l’anime. « Nous devons avoir l’espoir et garder notre cœur ouvert. Aussi, nous devons absolument trouver un moyen de devenir plus humain et d’avoir plus de compassion pour les autres. Ce besoin est urgent. C’est mon message aux vancouvérois » nous dit Adrian Howells.

Pour tâter le pouls, en anticipation de cette soirée à cœur ouvert avec Adrian Howells, nous avons recueilli les témoignages d’une vancouvéroise d’origine française installée dans le centre-ville depuis 34 ans. Cela fait juste une semaine qu’elle est rentrée de vacances à Cuba. Elle a déjà le cafard ! avoue-t-elle «  Je me demande souvent ce que je fais ici…  Vancouver est une île pour les gens à la retraite, qui y passent les six mois les plus agréables et s’en vont durant l’hiver au Mexique, Costa Rica, Hawaii, etc.. L’atmosphère est froide ici et on se lasse vite. On a soif d’aller découvrir d’autres cultures car le manque de contact est flagrant, encore plus en hiver. Les gens dissimulent mal une certaine réserve britannique, même s’ils ne sont pas de cette origine. Le partage entre les différentes cultures est quasiment inexistant. Cela fait mal de vivre dans une culture comme celle d’ici car j’ai besoin de chaleur humaine. Ici, la nature compense ce que les gens ne sont pas capables de partager. Heureusement qu’ici le racisme est moins fort qu’ailleurs. Détrompez-vous. Ce n’est pas parce que les gens ont meilleure conscience mais tout simplement parce qu’il serait politiquement incorrect d’afficher le contraire. »

Les propos de Daphné concordent avec les sentiments d’Adrian Howells. « L’homme a besoin de réagir. Je ne parle pas de la violence qui sévit dans le monde mais tout simplement du besoin de se rapprocher l’un vers l’autre. Nous avons besoin de nourrir cet humanisme d’avantage. Il est impérieux de devenir un être plus tendre et plus chaleureux et se soutenir l’un à l’autre. Ce besoin est vital et pressant. En un mot, c’est la clé de l’union de l’humanité »

Si nous avons échappé à la fin du monde en décembre 2012, il serait bien de rêver que 2013 augure un début prometteur vers un avenir plus serein. Utopique ou pas, en prenant le masque de son alter-ego, Adrian Howells vous invite à laisser tomber le vôtre….

Vancouver I Love You But…
Vendredi 25 janvier, 18h
Museum of Vancouver
www.museumofvancouver.ca
vancouveriloveyoubut.eventbrite.com