Fin des crédits pour « Être en affaire »

Gilles Hamel, coordinateur à Educacentre | Photo par Thomas Lehout

Gilles Hamel, coordinateur à Educacentre | Photo par Thomas Lehout

Dans tous les discours des politiques du monde entier, la priorité c’est l’emploi. Pourtant, le gouvernement de Colombie-Britannique ne semble pas avoir pris la mesure du programme auquel il vient de couper les crédits. Lancé il y a cinq ans par Educacentre, le programme Être en affaire était l’exemple même du programme qui réussit. Gilles Hamel, ancien coordinateur du programme, nous explique « Être en affaire a permis la création de 110 entreprises francophones, soit un peu plus de 20 par an. Mais quand le financement des services à l’emploi est passé du fédéral au provincial, la Colombie-Britannique ne nous a pas reconduit »…

Gilles Hamel continue sur sa lancée en nous expliquant “nous travaillions dans tous les milieux. Les entreprises ont été créées dans tous les domaines, du service au scientifique en passant par le transport, le recyclage et la pâtisserie. Il durait 48 semaines pour aider l’entreprise à démarrer. Les gens venaient de tous les milieux.” Les participants étaient aussi bien des gens avec des doctorats qu’avec des bacs et des thèses, voir sans aucun diplôme, juste avec la volonté de créer leur propre entreprise. Le coordinateur continue “Une des choses les plus importantes dans ce programme, c’était l’entraide entre les entrepreneurs. En plus de la formation qu’ils recevaient, ils ressortaient avec un réseau professionnel solidaire.”

Quand on compare son travail avec celui de la Société de Développement Economique (SDE), Gilles Hamel intervient “la différence entre la SDE et nous, c’est que nous formons les entrepreneurs, et la SDE les accompagne après.” Lorsqu’on lui pose la question de savoir si le fait d’être francophone est un handicap en C.-B., il nous répond immédiatement “être francophone n’a jamais été un handicap. Au contraire, parler français ne peut être que bénéfique. Aujourd’hui, certaines des entreprises que nous avons aidé à créer s’exportent à l’international grâce au français, et quelques-unes travaillent notamment avec la France.”

C’est quand on en vient aux raisons pour lesquelles le programme a été fermé que Gilles Hamel se fait le plus dur : “le gouvernement fédéral aidait les entrepreneurs à démarrer en les aidant à hauteur de 300$ par semaine pendant les 48 semaines que duraient le programme. Le provincial nous a coupé les crédits. Pourtant, tous les objectifs que l’on nous attribuait, nous les avons toujours dépassés.” En effet, il suffit de prendre une calculette pour comprendre l’aberration que représente cette décision. Les entreprises créées ont embauché entre trois et vingt personnes chacune, donc même dans la fourchette la plus basse, il s’agit de plus de 300 créations d’emplois. Ajoutez à cela les taxes versées par ces mêmes entreprises, et il devient plus qu’évident que le programme était très largement rentable.

Aujourd’hui, George Hamel tente de relancer ces programmes, il coordonne le programme “Jeunes au travail” et il constate “qu’il y a toujours de nouveaux arrivants qui ont plein d’idées mais qui ne connaissent pas le monde des affaires d’ici”. Un beau vivier que le gouvernement provincial ignore, mais que le Collège Educacentre aide avec “des subventions de fond de tiroir”.  Qui sait de combien de millions de dollars futurs, d’entrepreneurs innovants et d’entreprises pérennes se prive la Colombie-Britannique en coupant ses aides à l’emploi aux francophones ?