Musiques, rencontres et traditions du nord de l’Inde

Shabhaz Hussain

Shabhaz Hussain

L’enthousiasme possède une fréquence énergétique qui entre en résonance avec le pouvoir créatif de l’univers. » écrivait Eckhart Tolle, le célèbre écrivain et conférencier. C’est le moins que l’on puisse dire en jugeant le palmarès de ces deux artistes :

Mohamed Assani et Shahbaz Hussain, l’un aussi passionné que l’autre et tous deux ne jurant que par leur musique. Ils se produiront le samedi 16 fevrier 2013 à 19h30 au ArtStarts à Vancouver.

Deux fils du Pakistan

Mohamed Assani est un célèbre sitariste, ayant élu domicile à Vancouver depuis 2010. Il est salué, à la fois comme conservateur de la musique traditionnelle indienne, mais également pour son innovation en relevant le défi de fusionner la musique orientale à celle de l’Occident. « Le Sitar touche mon âme et y dépose des pouvoirs holistiques. Il est tout pour moi… Il est le maître qui m’inculque la discipline, aussi bien qu’il est le fil conducteur qui me relie à l’humanité. » affirme-t-il d’une voix très calme.

Shahbaz Hussain est l’un des virtuoses du tabla de sa génération. Décoré du titre honorifique « fils de Lahore » par l’état pakistanais, il voue également un amour profond à son instrument fétiche. « Le Tabla fait partie intégrante de ma vie. Sans le Tabla, il ne peut y avoir de Shahbaz Hussain. Il me permet de m’exprimer. Quand je m’enferme avec lui dans une chambre et lui parle, il me répond et nous entamons un dialogue, tous les deux… »

Ces deux fils du sol pakistanais ont évolué selon des parcours différents pour se retrouver face à un même destin prodigieux.

« J’avais six ans quand j’ai commencé à jouer du tabla » raconte Shahbaz Hussain. « J’ai appris de mon père, Mumtaz Hussain. C’était un excellent vocaliste et la première personne à m’initier au tabla. A cet âge, j’improvisais sur des casseroles et des assiettes dans la cuisine… Puis mon père décida de m’acheter un tout petit tabla duquel je parvenais à en faire sortir des rythmes et des sons. Il remarqua vite le talent que je possédais et m’envoya faire mon apprentissage chez Ustad Fayaaz Khan, grand maître du Tabla à New Delhi. C’était il y a vingt-trois ans, et depuis, je suis encore son élève. C’est étonnant ce qu’il peut toujours m’apprendre… », livre-t-il.

Mohamed Assani verra son rêve se concrétiser sous d’autres horizons. Il a dix-neuf ans quand il quitte le Pakistan pour l’Angleterre où il s’inscrit au Darlington College of Arts. Il fera là un apprentissage approfondi de la musique. « A cette époque il n’y avait aucune école qui enseignait la musique à Karachi. Ceux qui désiraient s’initier, s’inscrivaient dans des institutions privées que l’on appelait Garana, qui se traduit comme ‘musique de ménage’. Ces écoles offraient un enseignement intensif, mais à cette époque, je n’avais de lien avec aucun Garana. Concours de circonstances ou cheminement du destin, le Darlington College of Arts m’a ouvert les plus grandes perspectives de ma carrière. La musique classique indienne était méconnue. La musique occidentale devenait populaire, même dans les milieux asiatiques. Je me suis alors adonné au piano qui m’attirait beaucoup à cette époque. Le clavier est le deuxième instrument que je maitrise. Mon premier contact avec le Sitar s’est fait également au Darlington College, lors d’un concert de musique. »

A Karachi, le sitar était considéré non pas comme un instrument de musique classique à part entière, mais comme un instrument de musique de fond ou d’accompagnement, ou encore, servant à faire des effets de son dans les films.

Source d’inspiration et fusion

« Je fus également en contact avec la musique africaine, japonaise et également avec la musique classique occidentale. Je me sentais évoluer sur un terrain fertile. Aujourd’hui, ces mélanges de culture sont devenus ma source d’inspiration. La quintessence de mes morceaux provient de cette fusion de culture et de traditions. Je travaille avec des artistes de rap et de hip-hop, et par le passé, j’ai travaillé avec un quatuor à cordes et des orchestres. Collaborer avec d’autres musiciens me procure une très grande joie et je dois avouer que je suis beaucoup en contact avec des musiciens jazz. Il y a déjà un lien solide qui prévaut entre ce dernier et notre musique. Finalement, qu’importe le style de musique de chaque artiste, la musique reste un langage universel. C’est cela qui la rend sublime. Je suis très reconnaissant quand nous arrivons à communiquer par ce moyen. »

Mohamad Assani poursuit « Je suis très ancré dans les traditions. J’adore enseigner et partager ce qu’on m’a appris. Je suis en train de trouver des moyens de présen-ter au mieux cette musique. Nous travaillons actuellement avec un artiste hip-hop et notre ensemble s’appelle Adur LAPIS. LAPIS offre le parfum du râga, une musique indienne qui est la base, puis est fusionnée avec du hip-hop et du rap. Cela donne un résultat attrayant pour les amateurs du Sitar ou ceux qui apprécient le rap ou le hip-hop.»

Un jeu de sentiments

Ceux qui ont déjà assisté aux concerts de Mohamed Assani et Shahbaz Hussain, se souviendront du jeu des sentiments qui les anime tout le long du répertoire. Leurs visages s’illuminent et ils se donnent la mesure à tour de rôle. Mohamed Assani avoue qu’il est totalement en symbiose avec son instrument quand il joue. « La musique que je suis capable de produire ne provient ni de ma tête, ni de mon cerveau. Elle vient du plus profond de mon être et c’est pour cela que je ne peux cacher mes sentiments. »

Tous deux réunis par la même passion, ils vont se retrouver pour une soirée intime, dans la pure tradition du Nord de l’Inde.

Spirit of Tradition –
Sitar & Tabla Concert
Samedi 16 fevrier 2013 à 19h30
ArtStarts,
808 Richards Street, Vancouver