Les Francophones de Campbell River à la recherche d’une nouvelle francophonie

Photo par Association Francophone de Campbell River

Photo par Association Francophone de Campbell River

La rubrique Espace francophone s’intéresse aux acteurs de la francophonie en Colombie-Britannique. Cette semaine, et à l’occasion de son 35ème anniversaire, nous nous intéressons à l’Association francophone de Campbell River (AFCR) sur l’île de Vancouver.

Née en 1978 sous l’impulsion du professeur de français Yvette Brett, très vite rejointe par Pauline Bélanger, l’AFCR se constitue membre en 1979 de ce qui deviendra la Fédération des francophones de Colombie-Britannique (FFCB).

Les années 80-90 sont consacrées à mettre en place les bases de la structure actuelle avec la constitution d’une bibliothèque puis d’une médiathèque et le combat pour l’éducation en français qui commencera par la maternelle Les rayons de soleil en 1988 avant d’aboutir en 2007 avec la création de l’école élémentaire Mer-et-Montagne en partenariat avec le Conseil scolaire francophone, et le programme francophone à la Cahiri Secondary School.

Si la communauté de Campbell River est de taille restreinte, 480 francophones selon Statistiques Canada, il y a tout de même plus de 2000 francophiles. L’association en elle-même tourne autour de 75 membres, ce qui représente un peu plus de 15% des francophones de la ville. « J’essaye de faire venir des gens de Comox, où l’association francophone a fermé ses portes, et nous avons parfois le plaisir d’en voir participer à nos Soupes communautaires du vendredi, le rassemblement hebdomadaire de l’AFCR, » nous explique Jeanne Landry, la nouvelle directrice générale de l’association depuis octobre 2012.

Si pendant quelques années, la situation économique de Campbell River a été pour le moins difficile, ses habitants voient aujourd’hui le bout du tunnel. La fermeture du moulin de la ville avait porté un rude coup à l’emploi, le projet de construction d’un barrage par BC Hydro et le nouvel hôpital vont en créer de nouveaux, et peut être amener d’avantage de francophones dans la cité.

La ville vit donc des changements en profondeur.

D’ailleurs, le changement est aussi le cheval de bataille de Jeanne Landry. Elle fait partie des gens, avec Christian Francey (Directeur général de la Société francophone de Victoria), qui souhaitent une refonte de la francophonie dans la province. Elle est d’ailleurs membre du comité de réflexion chargé de dessiner les contours de cette réorganisation.

« Pour les petites associations très isolées comme la nôtre, les structures actuelles ne sont pas très bien adaptées. Je suis la seule employée de l’association, et il y a beaucoup trop de choses à faire pour une personne seule. Heureusement qu’il y a l’aide des bénévoles. Les autres associations de province sont dans le même cas, et nous aurions toutes besoin d’une structure capable de rendre des services concrets en français que l’on a du mal à se procurer par nous mêmes, » nous explique-t-elle, avant de nous citer les besoins réels d’une structure comme l’AFCR.

« Parmi les choses qui comptent beaucoup, il y a le besoin d’avoir une comptabilité dans notre langue. Ici, je donne 5000 $ pour faire une comptabilité qui pourrait être faite en français dans une structure au service des francophones et, à laquelle, je donnerais la même somme. Mais il n’y a pas que ça, les besoins sont nombreux, par exemple le graphisme. Quand on a besoin d’imprimer des dépliants, ou de refaire des affiches et des logos, il est difficile de trouver quelqu’un capable de faire la partie graphique en français par chez nous. »

Mais Jeanne Landry ne s’arrête pas là « nous avons besoin de gens qui connaissent notre réalité, mais aussi d’échanger avec les autres associations. Ce n’est pas avec deux réunions annuelles (celles des directeurs et directrices de la FFCB) que nous arrivons vraiment à comprendre tout ce que font les autres associations, ce qui marche bien et ce qu’il faut éviter. La francophonie en Colombie-Britannique a besoin d’un vrai plan global. C’est pour cela que nous réfléchissons, la FFCB pourrait continuer son rôle culturel et représentatif, et une autre structure pourrait fournir les vrais services concrets en français dont nous avons tous besoin. »