Sur la route du patrimoine

Photo par Daniel N Lang, Flickr

Photo par Daniel N Lang, Flickr

Deux vélos, un continent à parcourir et au bout du chemin, un rêve un peu fou chevillé au corps. Le 20 mars prochain, le Français David Gasc et le Portugais Rui Miguel Costa s’élanceront depuis Vancouver pour un voyage de 25 000 kilomètres en deux roues. Leur objectif ? « Aller à la rencontre des initiatives durables préservant le patrimoine mondial et déve-lopper le slow tourisme. »

Privilégier le temps

Ce nouveau concept de voyage s’inspire du slow food, un mouvement incitant les gens à réapprendre à manger et à redécouvrir les plaisirs de la table pour faire face à la malbouffe. Il s’agit de prendre le temps de découvrir une destination, d’apprécier les paysages, en privilégiant notamment des moyens de transports moins polluants. La philosophie de ce nouveau type de voyage est claire : s’accorder le temps de se reposer, de ne plus passer ses vacances dans le stress des transports ou à courir d’exposition en musée.

« Le patrimoine naturel et culturel de l’Humanité est menacé par les activités économiques intensives et le commerce mondialisé et capitaliste, y compris dans les sites isolés » explique ces deux explorateurs modernes. Le tourisme permettant de faire voyager une masse de vacanciers peut devenir un danger direct pour ces patrimoines locaux. « Il peut, dans certains cas, cependant servir la communauté locale à améliorer ses conditions de vie. L’addition de petits gestes responsables et durables compte alors beaucoup en attendant l’évolution de nos mentalités et de nos dirigeants! »

« Enfant, je rêvais d’être jardinier ou météorologiste » sourit David Gasc aujourd’hui agronome et fondateur de l’association Responsabilité sans frontières. « En grandissant mon orientation a un peu changé mais la nature et la biodiversité ont toujours été au cœur de mes inquiétudes. J’avais cette idée de sac à dos et d’aventure humaine. Je voulais trouver un moyen de voyager et de profiter de l’endroit sans abimer, sans laisser ma marque tout en faisant bénéficier les habitants locaux de cette économie et les impliquer » souligne-t-il.

C’est par le réseau couchsurfing qu’il a rencontré Rui à Paris en 2009 et par le hasard de la vie, ils se sont retrouvés à Marseille plusieurs mois après. « Ce que j’ai tout de suite aimé dans ce projet, c’est la créativité, les rencontres et l’écoute » reprend le jeune portugais.

Créer un pont entre les continents

Arrivés depuis le début de l’année sur la côte ouest du pays, ils sont allés à la découverte de projets à relayer comme la réserve du parc national de Pacific Rim sur l’île de Vancouver. Ce lieu fait ainsi la part belle au tourisme tout en laissant une place majeure à la vie marine et végétale mais aussi à l’histoire dynamique des Premières Nations.

« Nous voulons être le témoin des initiatives entreprises de ce côté de l’Atlantique. » En d’autres mots, créer un pont entre la France, le Canada et les pays visités en utilisant comme fil rouge, les sites classés au patrimoine par l’UNESCO. « Car savez-vous que sur la liste des 962 sites du patrimoine mondial de l’UNESCO, une trentaine sont classés « en danger » ? Or ici, les compagnies et organisations ont intégré depuis longtemps ce que l’on appelle la responsabilité sociale des entreprises. » Elles ont conscience des préoccupations sociales, environnementales, et économiques qui résultent de leurs activités.

C’est la raison pour laquelle ils ont décidé de donner leur premier coup de pédale en Colombie Britannique. Le Canada et les Etats Unis sont des pays développés où les actions envers l’écologie peuvent paraitre plus aisées puisque les moyens existent, en descendant dans les pays du Sud, les choses sembleront peut-être moins faciles. Pourtant nombre de pays émergents se révèlent aujourd’hui précurseurs dans la sauvegarde du patrimoine. Au programme, pas moins de vingt-huit pays et une préparation intense. « Nous avons lié des contacts avec plusieurs fondations telle que Wilderness Committee ici à Vancouver, ou encore des spécialistes en développement durable mais toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. » Alors tout au long des 18 pays qu’ils traverseront, ils n’auront de cesse d’aller au plus près de la protection de la biodiversité.

http://www.responsabilitesansfrontieres.org