Parcourir les pages du monde

Ma valise était prête pour ce long voyage, mais du haut de mes 11 ans, je ne pouvais pas vraiment réaliser la distance de plus de 11000 km que nous étions sur le point de traverser. «Embarquement immédiat» : j’entamais la première étape d’un vol Vancouver, Canada – Cairns, Australie.

Cinq semaines plus tard, ma famille et moi étions de retour à YVR. Rien n’avait changé à Vancouver, sauf moi.

Le désir de découvrir le monde était né.

Dès lors, j’ai voyagé dans plus de pays qu’on ne peut en compter sur ses doigts et orteils, je me suis fait des amis de différents horizons, et j’ai appris des expressions dans des langues dont la plupart des gens ne se doutent même pas de l’existence. Ces expériences m’ont permis de porter un regard neuf sur ma ville, Vancouver.

Un jour, Saint Augustin a dit : «le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page». En s’éloignant des frontières de Vancouver, nous comprenons ce qui rend cette ville belle, mais aussi ses défauts.

Voyager, que ce soit aux États-Unis, au Maroc, en Lituanie, en France ou au Pérou, permet de comparer. Être serré comme une sardine dans le métro à Paris aux heures de pointe fait réaliser qu’on pourrait mettre beaucoup plus de voyageurs dans le SkyTrain. Et, le long de ce même trajet durant lequel tu peux sentir le pouls de ton voisin, tu te dis que ça ne serait pas plus mal d’avoir un peu plus d’espace non plus.

Quand tu es à l’étranger – et quand tu reviens au pays – ce sont les petites choses qui marquent le plus. Le temps consacré à manger, la façon la plus appropriée de s’habiller quotidiennement, la manière de résoudre un souci à la banque, ou même, les sujets de conversations les plus populaires. Aucune de ces choses ne sont fixes. Plus nous voyageons, plus nous lisons de ces pages, mieux nous comprenons. Il n’existe pas une façon meilleure qu’une autre de procéder, mais en découvrant la diversité, tu peux t’impliquer et mieux l’apprécier.

Ce qui est beau dans le voyage c’est qu’il ouvre à l’expérience de la diversité de façon unique, et qui n’est pas perdue au retour.C’est comme si ta curiosité s’était élevée à un niveau supérieur. En bouleversant la façon de voir le monde, l’amitié, les taxis, la nourriture etc., c’est comme si tout était à reconsidérer.

Faire le tour du monde. | Photo par Lachian Hary, Flickr

Faire le tour du monde. | Photo par Lachian Hary, Flickr

Par ailleurs, le simple fait de partir n’est pas suffisant. Daniel J. Boorstin a écrit : «Le voyageur était actif, il partait sans relâche à la rencontre des gens, de l’aventure, de l’expérience. Le touriste est passif, il veut que les choses intéressantes viennent à lui. Il part en visite guidée». Cette envie irréfrénable d’enthousiasme ne s’arrête pas une fois de retour.

L’année dernière, peu après mon retour de Paris, où j’étais en dernière année de licence en Relations internationales, j’attendais le bateau-bus sur le Lonsdale Quay. Je décidais de me prendre une part de pizza, et pendant que j’attendais, je demandais à la personne qui me servait, son origine. «Roumanie», répondit-elle, «Savez-vous où ça se trouve?». Je le savais et lui demandais si elle était de Bucarest, la capitale. Elle fut étonnée. Je n’y suis jamais allé mais des amis à moi oui, et m’ont rapporté que c’était une ville magnifique et intéressante. Je lui ai demandé comment disait-on «merci» en roumain. «Mulţumesc». Je le tapais instantanément sur mon téléphone. Depuis, à chaque fois que je prends une part de pizza à cet endroit, je lui dis «Mulţumesc» et le sourire reçu en retour est inestimable.

 

Mais je ne suis pas un saint. Mon état d’esprit sur le vo-yage s’estompe et puis revient comme tout dans ma vie. J’étais certainement au sommet de la vague quand j’appris comment dire «merci» en roumain. Je doute que j’aurais eu cette conversation si je n’avais pas été à l’étranger.

Vancouver est souvent décrite comme une ville internationale (du moins c’est ce que ses habitants en disent). Renforce et construis cette réputation, en commençant par toi. Internationalise cette ville de l’intérieur. Beaucoup de villes présentent des cultures différentes, mais ce qui rend une ville réellement internationale sont les personnes qui sont capables de mélanger le local avec le global.

Mon expérience internationale ne m’a pas seulement appris à regarder Vancouver sous un autre jour, mais a ouvert un champ inaccessible auparavant: son côté international. Qu’il s’agisse de discuter avec quelqu’un en français, de parler à une personne de son pays d’accueil, ou alors dire quelques mots dans la langue maternelle de son interlocuteur, un sentiment de bienvenue est créé, enfin selon mon expérience.

Vancouver est une ville magnifique avec un caractère international. Internationalise-toi, tourne les pages du monde, dirait Saint Augustin, sois le voyageur selon Daniel J. Boorstin et collabore avec ce que la ville a à offrir.

Traduction Anne-Sophie Locks