Le thé, vecteur de mythologie asiatique

Les moines nous ramènent au jardin du temple du thé | Tous photos par Vancouver Opera

Les moines nous ramènent au jardin du temple du thé | Tous photos par Vancouver Opera

Nous savons tous combien une tasse de thé glacé est rafraîchissante en une journée estivale. L’Opéra de Vancouver, en inaugurant l’été en fanfare, nous fait découvrir une autre vertu du thé en mettant à l’affiche: Tea: A Mirror of Soul –(Le Thé, Miroir de l’âme), du 4 au 11 mai prochain.

Perceptions sensorielles

Ce spectacle, une première au Canada, est tissé dans les fibres de la mythologie de l’Est, le savoir-faire de l’Opéra de l’Ouest et les sons naturels du monde. L’infusion de ces trois éléments dégage un arôme visuel et auditif hors-pair.

Outre l’orchestre qui compte plus de 40 pièces et qui utilise un style d’instrumentation jamais vu sur la scène du Queen Elizabeth Theatre, trois percussionnistes font résonner de grands bols d’eau, des parois de papier, vases de céramique, pierres et autres matériaux naturels. Le résultat ne peut qu’être envoûtant.

Seikyo (ChenYe Yuan) cherche le véritable Livre du Thé.

Seikyo (ChenYe Yuan) cherche le véritable Livre du Thé.

Doug Tuck, directeur-adjoint à l’Opéra de Vancouver, confie que le répertoire de chaque saison est planifié minutieusement. « Chaque année nous faisons quelques offres de production en tenant compte que nous sommes toujours en quête, d’une part, des possibilités d’élargir notre audience et d’autre part d’étirer nos muscles artistiques en faisant des répertoires inhabituels, qui néanmoins s’adressent à un grand nombre de personnes dans la communauté. »

Tea: A Mirror of Soul est l’amalgame de lignes vocales traditionnelles chinoises, de la musique « organique » unique du compositeur Tan Dunet de l’opéra de l’Ouest avec une signature italienne.Tan Dun, mondialement connu pour ses œuvres Crouching Tiger, Hidden Dragon et The Banquet, était également le compositeur de la musique pour les Jeux Olympiques de Pékin en 2008. S’il jouit aujourd’hui d’une renommée internationale, ce sont ses expériences vécues dans son petit village dans la province du Hunan, en Chine, qui ont amené le déclic dans sa carrière artistique.Enfant, il était fasciné par les rituels et les cérémonies du shaman local. Ce dernier puisait dans des matières naturelles pour en faire sortir des sons, créant ainsi une musique ‘organique’ émanant des pierres et de l’eau qui coule. Ces souvenirs vont marquer Tan Dun dans le plus profond de son être.Travaillant assidument dans des rizières, sa passion pour la musique lui permet quand même de trouver du temps pour étudier les instruments à cordes. Un concours de circonstances va cependant changer le cours de son destin. Alors que le bateau amenant des musiciens de l’Opéra de Pékin sombre au fond d’une rivière et plusieurs musiciens périssent, Tan Dun est engagé alors par l’Opéra pour les remplacer. Une carrière d’étoile se dessine au fil des années, consolidée par des études au Conservatoire de Pékin et une bourse à la Columbia University qui lui permet de décrocher un doctorat dans la composition musicale.

Le Japon des temps anciens en musique
Même si Tea : A Mirror of Soul reste une histoire exotique avec en toile de fond l’ancienne Chine et le Japon baignant dans la mythologie et les rituels, c’est une histoire qui porte à réflexion, comme tant d’autres, sur une recherche de la vérité et un sens à la vie. En composant ce bel opéra, Tan Dun avait certainement une audience occidentale au fond de sa pensée.

Le fil conducteur ramène au Japon, aux temps anciens. Seikyo, prince héritier à sa naissance, relate à ses confrères moines sa triste histoire d’amour qui l’amena au monastère des années plus tôt. S’étant épris de la princesse Lan, Seikyo est confronté à la jalousie du frère de sa bien-aimée. Pour avoir le droit d’épouser Lan, Seikyose voit confier la mission de partir à la recherche du Livre du Thé et révéler la sagesse cachée du livre. Dans le lointain sud, Lu, fille du Sage du Thé lui cède le livre contre la promesse que Seikyo et Lan partagent la vérité à travers le monde. Toutefois, avant qu’ils ne puissent prendre connaissance du livre, le prince jaloux attaque Seikyo et Lan qui est tuée en essayant de s’interposer entre les deux adversaires. Pris de remords, le prince s’offre en sacrifice mais Seikyo refuse, choisissant de couper sa longue chevelure et prendre l’habit du moine.

Le prince (Roger Honeywell) sort le livre de sa manche.

Le prince (Roger Honeywell) sort le livre de sa manche.

Si le secret du Livre du Thé ne put jamais être révélé au monde, cette émouvante mise en scène connait un succès éblouissant grâce à la pléiade d’artistes chevronnés sous la direction de Paul Peers, directeur de la production et de Jonathan Darlington, directeur musical.

Projetée en première à Tokyo et Amsterdam en 2002, Tea: a Mirror of Soul a fait le tour du monde, y compris chez nos voisins de Philadelphia et Santa Fe. Toutefois, l’Opéra de Vancouver peut se vanter d’être le premier à présenter cette pièce musicale sur le sol canadien. « Nous pensons que c’est un spectacle qui plaira à une audience issue de toutes les cultures et milieux sociaux avec laquelle nous espérons lier amitié. », conclut James Wright, Directeur Général de l’Opéra de Vancouver.

Si le thé est la deuxième boisson la plus consommée au monde après l’eau, apprécions-le avec toute sa saveur culturelle et n’oublions pas qu’il n’est pas de santé sans thé !

 

Tea : a Mirror of Soul
Du 4 au 11 mai
Vancouver Opéra
http://www.vancouveropera.ca
604-683-0222