Les Mariachis s’offrent les planches

El Jinete laisse son pays natal pour un nouveau monde.

El Jinete laisse son pays natal pour un nouveau monde.

Dans le cadre de la cinquième édition du festival canadien de musique de mariachis, Puente Theatre présente le premier opéra entièrement composé de musique de mariachis El Jinete, (le cavalier) écrit, et mis-en-scène par Mercedes Bátiz-Benét.

La musique de mariachis n’est pas toujours connue du grand public mais demeure bien vivante dans les rues mexicaines. En effet, traditionnellement composés de musique à cordes, chant et trompette du Mexique, ces groupes de chanteurs se produisent en costume folklorique généralement dans les fêtes populaires, dans la rue, ainsi que dans certains restaurants.

À Mexico par exemple, ils se réunissent autour de la célèbre place Garibaldi dans l’espoir de se voir proposer l’animation d’une fête privée. Il est en effet commun, en guise de cadeau, de faire venir des mariachis pour animer une fête d’anniversaire.

«La musique est extrêmement présente dans la vie des mexicains,» affirme la metteuse en scène Mercedes Bátiz-Benét. «Malheureusement, certaines anciennes chansons de mariachis tendent à disparaitre. Beaucoup de chanteurs ne les connaissent plus eux-mêmes, ou ne savent même pas comment les jouer.»

Même l’origine du mot n’est pas bien connue. Le terme mariachi a longtemps été considéré à tort comme une déformation du mot français «mariage», introduit dans le pays à l’époque de l’intervention française au Mexique au XIXe siècle. Cependant, les historiens mexicains affirment que le mot existait avant l’arrivée des troupes françaises, provenant de la langue des indigènes Coca du XVIe siècle.

En 2011, la musique de mariachis a été reconnue patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco. Alors la mission que Bátiz-Benét s’est donnée, celle de raviver cette musique traditionnelle, et de la porter au grand public, prend un nouveau sens.

«Quelque soit la région du monde, il y a un public pour cette musique si particulière. Les mélodies sont de toute beauté,» ajoute-t- elle.

L’opéra El Jinete, adapté de la célèbre chanson mexicaine portant le même nom, met en scène un cavalier solitaire, mortellement blessé, partant à la recherche de sa fiancée qui a été enlevée. En provenance du Mexique, il voyage à travers les États-Unis pour la venger.

Alors qu’il traverse le fleuve Rio Grande, qui est aussi la frontière entre les États-Unis et le Mexique, il fait face au nouveau monde, et laisse derrière lui son pays natal pour toujours.

Des costumes folkoriques et de la musique à corde.

Des costumes folkoriques et de la musique à corde.

Immigration et culture d’origine
Pour monter cet opéra, Bátiz-Benét affirme s’être entouré d’une équipe d’artistes et de techniciens locaux de pointe. Pour la troupe, le défi fut de recréer un monde inspiré de films en noir et blanc tirées de l’âge d’or du cinéma mexicain des années 30 à 60.

«Nous avons passé beaucoup de temps à monter des films interactifs […] et à composer de nouvelles partitions de musique pour chaque instrument. Ces artistes-techniciens sont au sommet de leur art ici,» dit la metteuse en scène avec fierté.

Ce drame classique mexicain, qui à bien des égards nous rappelle celui d’Orphée partant à la recherche d’Eurydice, évoque également une histoire familière à beaucoup de Canadiens : celle du parcours que de nombreuses familles effectuent lorsqu’elles immigrent.

Et ce n’est pas un hasard. Le thème de l’immigration est cher à la maison de production. Ainsi, Puente Theatre s’est donné pour mission de promouvoir les cultures que les immigrants emportent avec eux lorsqu’ils s’installent au Canada.

La collaboration entre Bátiz-Benét et l’artiste Alex Alegria s’est donc naturellement faite lorsqu’ils se sont rencontrés au festival canadien de musique de mariachis puisque tous deux avaient en commun la passion pour cette musique mais aussi le souci de garder racine avec leur culture d’origine.

Directeur musical de cet opéra, mais aussi son personnage principal, Alex Alegria est à l’origine de la création du festival canadien de musique de mariachis, ayant pour objectif de faire découvrir la musique traditionnelle mexicaine au public canadien. Avec son groupe appelé «Los Dorados,» il espère communiquer sa passion, son amour, mais aussi son respect pour la culture mexicaine grâce à cette musique teintée de joie de vivre. D’ailleurs, le groupe a récemment représenté le Canada au 15eme festival International de musique de mariachis qui s’est tenu à Guadalajara, au Mexique.

L’opéra vient d’être présenté au public de Victoria, « un succès, » d’après la metteuse en scène. Il sera à l’affiche du 10 au 12 mai au théâtre Frederic Wood UBC à Vancouver.

 

El Jinete (Le cavalier)
Un opéra composé de musique de mariachis
Du 10 au 12 mai
Théâtre Frederic Wood, UBC, Vancouver
20/15 euros
http://www.puentetheatre.ca

5ème festival canadien de musique de mariachis
Du 15 au 18 mai
Vancouver
http://www.mariachifestival.ca