La communauté insoupçonnée des potiers de C.-B.

Les potiers s'inspirent de leurs précurseurs. Photo par Michael R. Barrick

Les potiers s’inspirent de leurs précurseurs. Photo par Michael R. Barrick

L’exposition High Fire Culture, Locating Leach/Hamada in West Coast Studio Pottery, qui aura lieu du 24 mai au 6 juillet à la Satellite Gallery de Vancouver, présentera plus de 150 poteries appartenant à la tradition de Bernard Leach et Shōji Hamada, deux potiers très influents des années 70.

Cette exposition, organisée par la galerie d’art Morris & Helen de l’Université de Colombie-Britannique (UBC), présentera le travail d’une dizaine d’artistes, dont certains issus de la Vancouver School of Art, et tous adeptes des enseignements de Leach et Hamada.

Ce qui a d’abord intrigué les deux conservatrices, Shelly Rosenblum et Nora Vaillant, c’est la connexion entre ces deux potiers et le transfert de leur savoir et de leurs traditions à d’autres potiers du monde entier. « C’est un peu comme un arbre généalogique, » explique Nora Vaillant.

Les potiers mis sur le devant de la scène de cette exposition très attendue sont tous membres d’une communauté insoupçonnée et pourtant très présente en Colombie-Britannique. À l’image de la communauté imaginaire définie par le grand penseur irlandais Benedict Anderson, ils « ne connaîtront jamais la plupart des autres membres, ne les rencontreront pas ou n’entendront même pas parler d’eux, mais pourtant ils ont tous à l’esprit l’image de leur communion. »

Et une visite dans les ateliers des potiers suffit à se rendre compte de cette « communion », comme l’explique Shelly Rosenblum: « c’est incroyable, nous sommes allés rendre visite à chaque potier, et en rentrant dans chacun de leurs ateliers, il y a toujours un mur rempli de livres, et il s’agit toujours d’une bibliothèque quasiment identique chez chaque potier ».

C’est cette « communion » et son ancrage surprenant dans notre province qui a poussé Nora Vaillant, chercheuse indépendante et potière passionnée depuis 25 ans, à se pencher pendant plus d’une décennie sur l’héritage de Bernard Leach et Shōji Hamada dans le cadre d’un travail de recherche minutieux.

Ces potiers influents ont enseigné leur art à plusieurs apprentis de Colombie-Britannique, depuis leurs ateliers respectifs en Angleterre et au Japon. « Il n’y a seulement que cinq potiers venant du Canada qui sont allés en Angleterre pour étudier avec Leach, et tous viennent de Colombie-Britannique, » affirme Nora Vaillant.

High Fire Culture s’intéresse également au lien entre art et histoire. Pour Shelly Rosenblum, la « politique et l’esthétique sont toujours liées, »et ce n’est pas un hasard si la collaboration entre les deux artistes s’est faite durant le long processus de réconciliation entre l’Orient et l’Occident.

« J’aimerais que les visiteurs venant voir l’exposition puissent penser aux évènements culturels ou politiques qui ont eu lieu dans certains endroits » ajoute Shelly Rosenblum.

L’exposition, dédiée à la poterie mais présentant également les oeuvres de certains peintres, se veut accessible et ouverte à tous, connaisseurs ou non.

« Certaines personnes hésitent à se rendre à une exposition, pensant qu’elles ne comprendront peut-être pas tout » explique Nora Vaillant.

« Cette exposition est très accessible. Nous vivons tous avec des céramiques. Elles font partie de notre quotidien. Nous buvons notre café dans une tasse le matin, et nous avons souvent une tasse préférée…Ce sont vraiment les objets d’art avec lesquels nous sommes le plus intimes : ils touchent nos lèvres et sont dans nos mains. Nous avons tous une connexion particulière à la céramique. »

Fins connaisseur ou non, High Fire Culture sera l’occasion d’en apprendre plus sur les artistes de Colombie-Britannique, la poterie, et sur une communauté insoupçonnée.

High Fire Culture
Du 24 mai au 6 juillet
Satellite Gallery
http://www.satellitegallery.ca
604-681-8425