Des accents en dièses et bémols

Les francophones seront au rendez-vous | Photo par Sarah Bastin

Les francophones seront au rendez-vous | Photo par Sarah Bastin

Cette année encore, l’été sera chaud à Vancouver… Pas d’allusion à la température mais au 24ème festival d’été qu’organise le Centre culturel francophone, du 13 au 21 juin prochain.

L’objectif de ce festival est de donner un tremplin dans la région de Vancouver à la musique, à la chanson d’expression de créateurs francophones, qu’ils soient d’ici au Canada, ou d’autres pays. Ce genre d’événement étant unique à Vancouver, le leitmotiv du festival est de combler ce vide. «Chaque année nous choisissons les artistes là où ils en sont avec leur parcours. Il y a de la place pour des artistes émergents, aussi bien pour ceux qui sont les plus connus. Nous avons à cœur la diversité des genres musicaux. » confie Pierre Rivard, directeur du Centre culturel francophone.

En avant la musique

Une affiche des plus alléchantes avec au programme une pléiade d’artistes, dont deux qu’on ne présente plus : Kevin Parent et Zachary Richard. Deux styles de musique qui confluent vers une même sensibilité, voire la même alchimie! Tandis que la musique de Kevin Parent se porte plus vers le Pop-Rock, contemporain et francophone, celle de Zachary Richard s’entend comme une musique du monde, style cajun. Les chansons envoûtantes de l’artiste, qui a conservé ses racines dans la Louisiane, respirent la poésie pure et forte et transportent le public dans un univers unique et passionné. Tantôt francophone militant, tantôt écologiste engagé, ou encore poète, Zachary Richard maîtrise l’art de séduire son audience.

Si la soirée de gala sera animée par ces deux musiciens chevronnés, ce sont trois artistes francophones de la grande région de Vancouver qui ouvriront le bal du festival le jeudi 13 juin. Samuel Sixto, Ingrid Rondel et Myriam Parent vont collaborer pour la première fois dans le spectacle « À vrai dire ». Un thème tout aussi prenant que candide, à vrai dire…!

Outre leurs apparences d’artistes en herbe, Myriam Parent et Ingrid Rondel laissent toutes les deux entrevoir une sensibilité à fleur de peau dans leurs chansons. On ressent cette recherche d’une identité et une appartenance innée à la musique. Myriam Parent avoue que la musique et elle sont indissociables, elle qui est arrivée à la chanson dans les circonstances d’un passé que l’on sent douloureux.

« La musique fait partie de moi. Elle est l’oxygène dont j’ai besoin pour respirer. J’avais tout perdu dans ma vie. Absolument tout! Il ne me restait rien d’autre qu’elle » livre t-elle avec une émotion mal cachée. En automne prochain, Myriam Parent artiste n’existera plus. Elle changera de nom de scène pour celui de Dedlois et relancera sa carrière avec de nouveaux projets. L’automne, n’est-ce pas la saison idéale pour laisser tomber ce qui n’est plus, afin de se refaire du neuf?

Le vendredi 14 juin, le regard sera porté une fois encore sur une vitrine de talents émergents d’autres provinces. Réglé comme du papier à musique, le programme est étoffé par des artistes francophones du Canada, mais également par ceux qui sont de souche d’immigrants, à l’instar du groupe Sokoun Trio de Montréal, qui regroupe deux artistes d’Afrique du Nord et un du Moyen-Orient.

Valoriser la culture francophone

Qui dit festival d’été, dit spectacles en extérieur. Cependant, à la différence d’autres festivals qui ont lieu dans des parcs, celui-ci se tiendra … au milieu de la rue, avec certaines activités maintenues en salle. Si l’été, la musique prend vie, ce spectacle véhiculera de la musique au cœur de la ville, à la manière des festivals d’été francophones similaires à Montréal, en France ou en Belgique.

Cette initiative s’inscrit également dans la valorisation de la culture francophone dans cette province unilingue anglophone. Alexandre Cloutier, ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes, à la Francophonie canadienne et à la Gouvernance souverainiste, rejoint les divers autres organismes étatiques organisateurs de ce festival en affirmant que «le gouvernement du Québec est fier de s’associer de nouveau à cet événement majeur qui, depuis près de vingt ans, fait vibrer le Grand Vancouver au rythme de la chanson et de la musique francophone, contribuant du même souffle à ce vaste projet qui est d’élargir l’espace culturel francophone».

Et si les sondages réalisés auprès de l’auditoire chaque année démontrent que 55% des visiteurs n’ont pas le français comme langue maternelle, on comprend que le festival détient la bonne recette pour attirer autant les francophones que les non-francophones.

Sharon, Vancouvéroise quinquagénaire et habituée du festival, est affirmative : « c’est agréable de vivre la musique en plein centre de Vancouver. Cela détend et apporte une fraîcheur aux soirées qui sont longues en été. Le choix d’artistes me plaît bien et même si je ne maîtrise pas la langue française, pour moi, la musique est une question de feeling », exprime-t-elle.

Conscient de l’importance du défi à relever, Pierre Rivard conclut que « si les gens nous disent que l’expérience leur a été non seulement intéressante sur le plan artistique mais qu’elle leur a permis de vivre la culture francophone à Vancouver, on aura atteint notre objectif ». « À vrai dire »… ce festival ne peut être qu’un avant-goût de la surprise qui nous attend pour la 25ème édition l’été prochain.

Festival d’été francophone
Du 13 au 21 juin
http://www.lecentreculturel.com