Réorganisation de la francophonie : un projet qui tarde à décoller

En travaillant ensemble, notre impact serait plus grand. Les organismes […] sont déjà bien structurés, alors voyons comment nous pourrions améliorer l’organisme communautaire. » C’est ainsi que Christian Francey, Directeur général de la Société Francophone de Victoria, décrit son projet ayant pour but de restructurer profondément la francophonie provinciale. Un document de quatre pages contenant de nombreuses idées a été envoyé l’an dernier aux différents responsables des structures francophones. « Un projet qui pourrait faire évoluer la francophonie » déclarait alors Réal Roy, Président du C.A, mais qui reste depuis en suspens. A quelques jours de l’Assemblée Générale de la Fédération des Francophones de Colombie Britannique (FFCB) lors de laquelle le sujet ne devrait être que partiellement évoqué1, Christian Francey reste tout de même confiant quant aux possibilités de voir ce dessein voir le jour.

Christian Francey | Photo par la Société Francophone de Victoria

Christian Francey | Photo par la Société Francophone de Victoria

La Source: Comment vous est venue l’idée de réorganiser la francophonie ?

Christian Francey: Je viens du domaine privé où j’avais de hautes responsabilités dans une compagnie internationale au Québec. Lorsque vous gérez de gros budgets et un personnel conséquent, il est certain que vous souhaitez appliquer des méthodes destinées à simplifier le travail et la gestion au quotidien. Avec Internet, beaucoup de tâches peuvent maintenant s’effectuer par informatique et être centralisées pour une efficience supérieure. C’est cette méthode que je souhaiterais appliquer au communautaire.

L.S.: À quoi pensez-vous ?

C.F.: En tant que Directeur Général d’une structure francophone, j’ai remarqué que nous avions des tâches conséquentes à prendre en charge dans nos services et qui prennent énormément de temps. Je pense par exemple au système de subventions, à la comptabilité ou encore au marketing. Avoir un soutien central permettrait de faciliter les choses.

L.S.: Comment cela se matérialiserait ?

C.F.: Il nous faudrait créer un organisme central qui pourrait être la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique. Avec une adaptation du statut juridique cela tiendrait, d’autant qu’ils ont déjà des compétences en matière de comptabilité et de demandes de subventions. À l’image d’une chaîne privée, ce bureau central serait situé à Vancouver et superviserait des succursales basées dans les autres zones de la province où les besoins se font sentir. Ces institutions garderaient leur indépendance mais bénéficieraient de l’appui et des conseils du bureau central qui serait dans certaines mesures en charge de la politique francophone, de la collaboration avec des structures comme le Collège Éducacentre, la SDE et le CSF, des demandes de subventions provinciales, du financement et de la comptabilité, des ressources humaines, du loyer, des infrastructures et enfin de la promotion et du marketing.

L.S.: Depuis le 18 novembre dernier et la présentation du projet lors des rendez-vous des présidents et présidentes de la FFCB, y-a-t-il eu une avancée ?

C.F.: Nous avons formé un comité de discussion qui réunit huit directeurs généraux d’organisations francophones. Quelques conférences téléphoniques ont permis d’échanger sur ce qui se fait ailleurs. Ce que je propose comporte certaines similarités avec d’autres provinces mais l’idée de base d’un regroupement n’existe nulle part. A partir de là, le projet a reçu des critiques positives et négatives que je suis heureux de partager pour essayer d’avancer.

L.S.: Des mesures concrètes ont-elles d’ores et déjà été prises ?

C.F.: Pas encore. J’aurais souhaité voir ce sujet inscrit à l’ordre du jour de la prochaine Assemblée Générale mais ce ne sera pas le cas. En revanche, je sais que la Directrice en fera mention dans son rapport. Je vais de mon côté en parler avec certaines personnes pour amener le sujet sur la table lors du conseil d’administration de la fédération. Je n’ai pas l’intention d’abandonner comme cela.

L.S.: D’après-vous, peut-on attribuer cette stagnation à des craintes qui seraient présentes au sein des structures francophones ?

C.F.: J’en ai beaucoup parlé autour de moi et je dois dire que ce projet reçoit tout de même le soutien de nombreuses personnes. Ceci dit, il est certain que tout changement fait en général un peu peur et les gens n’ont pas toujours envie de regarder ailleurs. Il ne s’agit pas de supprimer les structures francophones mais de réorganiser le fonctionnement général. Les structures font du bon travail, mais il pourrait être allégé, simplifié.

L.S.: Quand pensez-vous pouvoir mettre en place ce projet ?

C.F.: De nombreuses discussions et ententes devront se faire dans un premier temps mais la période 2014–2019 est pertinente car elle correspond à un nouveau PDG qu’il nous faudra penser et écrire.


1  Jointe pour davantage d’informations, France-Emmanuelle Joly, Directrice de la FFCB, explique que le sujet «ne pouvait être intégré à l’ordre du jour pour des raisons techniques mais sera abordé au cours de son rapport».