Francophonie institutionnelle : Imbroglio autour des services à l’emploi en français

Danielle Arcand, ancienne Présidente du Théâtre la Seizième, récipiendaire du Prix Napoléon Gareau. - Photo par Fédération des francophones de la Colombie-Britannique

Danielle Arcand, ancienne Présidente du Théâtre la Seizième, récipiendaire du Prix Napoléon Gareau. – Photo par Fédération des francophones de la Colombie-Britannique

Normand Letnick serait-il l’homme qui tombe à pic ? L’arrivée ce vendredi 7 juin du nouveau secrétaire parlementaire aux Affaires intergouvernementales et responsable du dossier francophone auprès de la Première ministre Christy Clark ne devrait en tous cas pas nuire aux relations qu’entretiennent la communauté francophone de la Colombie-Britannique et le gouvernement provincial. Heureuse coïncidence, la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB) entamait ce même jour sa 68ème assemblée générale. Réunis à l’hôtel Executive Aiport Plaza de Richmond, les représentants de la quarantaine d’associations membres en ont profité pour faire le point sur l’année écoulée et celle à venir. Si Réal Roy, Président de la FFCB, s’est montré satisfait du maintien du financement de la feuille de route pour les langues officielles, un recours contre le ministère des Ressources Humaines et Développement des Compétences Canada (RHDCC) devrait toutefois être lancé d’ici le 24 juin. En cause, la dégradation des services à l’emploi en français depuis qu’Ottawa a décidé en 2008 de confier ces prestations à la province, qui les a ensuite déléguées à des prestataires de services. Une décision non sans conséquences puisque cinq centres d’aides à l’emploi qui fournissaient des services en français ont depuis été contraints de fermer en raison de coûts d’exploitation jugés trop élevés par la province. Une situation délicate corroborée par un rapport à charge du Commissariat aux langues officielles du Canada qui mentionne notamment que « les clients désirant obtenir des services en français doivent inévitablement surmonter des barrières linguistiques qui n’existent pas pour des clients qui préfèrent obtenir leur service en anglais. » Alors qu’aucune entente n’a été trouvée avec l’un des deux gouvernements pour améliorer les services, la FFCB vient d’obtenir une aide financière du programme d’appui aux droits linguistiques pour payer des avocats et entamer une procédure judiciaire.

Visibilité et immigration

Directrice Générale depuis janvier dernier, France-Emmanuelle Joly a mis l’accent sur la nécessité de développer la visibilité d’une communauté qui souffre encore d’un manque de notoriété important, même si un léger mieux se fait actuellement sentir au niveau des réseaux sociaux. Un dessein qui sera peut-être facilité par l’arrivée du nouveau secrétaire parlementaire. « Il est parfois difficile de trouver une oreille attentive à nos enjeux au sein de l’Assemblée législative et le fait d’avoir un francophone pourrait aider », confiait en aparté France-Emmanuelle Joly. Autre enjeu majeur, celui de l’immigration. Alors qu’Ottawa va prochainement récupérer le financement des services jusqu’alors dévolu à la province, une incertitude plane toujours sur le montant de l’enveloppe qui sera alloué à la Colombie- Britannique. Afin de répondre aux changements des critères du gouvernement fédéral qui imposera désormais des cours de langues et des services à l’emploi, la FFCB pourrait bientôt mettre en commun des services d’information destinés aux nouveaux arrivants.

Un nouveau venu

Créé à la suite du tremblement de terre qui avait frappé Haïti en 2010, l’Association culturelle canado-haïtienne de Colombie-Britannique a officiellement rejoint les membres de la FFCB au cours de cette assemblée. Alors que la communauté haïtienne tend à se développer en nombre à Vancouver, Isline Saintil, la Directrice, s’est réjouie de cette nouvelle : « nous souhaitons faire connaître la riche histoire d’Haïti qui reste malheureusement peu connu du grand public. Devenir membre de la FFCB devrait nous aider à réaliser nos projets à l’avenir. Et puis, au-delà de notre intérêt particulier, rejoindre la Fédération nous semblait être un devoir dans la mesure où nous nous identifions comme haïtiens mais aussi surtout comme francophones. »

Un travail reconnu

Invité à prendre la parole à l’issue de la table ronde, Paul-Arthur Huot, chef de poste au Bureau du Québec à Toronto, s’est dit « impressionné par le travail accompli par la communauté francophone en Colombie-Britannique avec les moyens dont elle dispose. »

« Comparativement à l’Ontario où le bassin de population francophone est tout de même bien plus élevé, je dirais que la province de Colombie Britannique s’en sort vraiment bien » a-t-il confié en marge de son allocution. Un effort auquel aura participé pendant des années Danielle Arcand, l’ancienne Présidente du Théâtre la Seizième, qui s’est vue remettre le Prix Napoléon Gareau pour son engagement communautaire. Directeur de la Société de développement économique de la Colombie-Britannique, Donald Cyr a, quant à lui, reçu le Prix Gérald-et-Henriette-Moreau pour sa contribution au développement de la communauté francophone. Enfin, entre deux chansons pour clore la soirée, une bourse d’études de 1000$ a été attribuée à la jeune Eléa Saunier, finissante au programme francophone de l’École Jules Verne de Vancouver et chanteuse prometteuse. De quoi donner le la pour faire oublier les hics.