Quinze jours en juin

Quinze jours en juin

Récapitulons, au cas où vous ne lisez pas les journaux et n’écoutez pas régulièrement les nouvelles. Depuis mon dernier article, que s’est-il passé? Quels évènements ont retenu l’attention et défrayé la chronique au cours de ces quinze derniers jours?

Au Canada le quotidien n’offre rien de particulièrement nouveau. Les mêmes affaires minables dominent, avec moins de ferveur, l’actualité. Il faut se rendre en Turquie et en Syrie pour comprendre jusqu’à quel point notre planète ne tourne pas rond. Les Turcs protestent. Ils n’aiment pas qu’on se paie leur tête. Leur Premier ministre, lui, n’en fait qu’à la sienne. Monsieur Erdogan tient à régner en maître, alors qu’une partie du peuple ne veut pas se la faire mettre. Alors, on passe à la répression et au matraquage. La démocratie prend le bord et la laïcité a son voyage. Et que dire de la Syrie où Assad, aidé militairement par le Hezbollah et l’Iran et, dans une certaine mesure, la Russie, reprend petit à petit le dessus face aux rebelles appuyés verbalement par les pays occidentaux? Craignant d’armer les factions d’Al-Qaïda, venues prêter main forte aux Djihadistes syriens, les chancelleries occidentales sont paralysées. Elles sont prises au piège et ne savent pas comment s’en sortir. D’où leur inaction. Les Etats-Unis ont, dernièrement, manifesté leur intention d’envoyer des armes aux rebelles. Sur le terrain, comment cela va se traduire? J’ai bien peur que le conflit prenne de l’ampleur. Rassurez-moi. Dites-moi que j’ai tort.

Quittons cet enfer pour retrouver un autre drame, moins meurtrier celui-là, dévoilé la semaine dernière : Poutine divorce. Je ne sais pas qui est le plus à plaindre lui ou sa femme? Paraît-il qu’il s’est amouraché d’une ballerine prête à faire le grand écart pour lui.
Et chez nous, qu’avons-nous vécu? Pas grand chose à vrai dire. Les scandales ne font plus scandale. On s’habitue, c’est tout. Les sénateurs coupables vont devoir payer pour leurs péchés. La GRC suit à la trace ces voyous. La note risque d’être élevée. Tant pis pour eux. Ils n’avaient qu’à pas tricher. Na Na Na Na Na Na (J’ai rajouté un Na de plus pour les narguer). Le Premier ministre Stephen Harper, entre temps, profite de la confusion pour se payer, à notre compte, des voyages à l’étranger. Son gouvernement, pour le moment, s’en sort, avec un œil au beurre noir et quelques égratignures. L’électorat dans deux ans aura oublié. Du moins, c’est ce que les conservateurs espèrent. Triste à dire, mais ils ont certainement raison.

De la même manière, le maire Rob Ford de Toronto a installé un silencieux à son tuyau d’échappement de déclarations douteuses. Il reste imperturbable. Quel cran, face à ces accusations de crack. La police de Toronto mène son enquête allant de perquisition en perquisition. Pour le moment la vidéo mettant en cause le maire demeure introuvable. Privés de munitions, les journalistes rongent leur frein. Le feuilleton torontois ainsi se poursuit. J’attends la suite, sans frénésie. S’agit-il d’un pétard sans feu? Ou, au contraire, doit-on croire qu’il n’y a pas de fumée sans feu?

Maintenant, retour à la maison. Bon, bien, Madame Christy Clark nous a présenté son nouveau cabinet. Moi, j’en ai profité pour en acheter un, à bon marché, chez un antiquaire pas loin d’ici (mais ici c’est où? vous allez me dire). Un cabinet doit servir à quelque chose. Le mien a de multiples tiroirs dans lesquels je peux ranger mes chaussettes, mes bobettes (slip en France) et mes chemises. Celui de notre Première ministre n’est sans doute pas aussi commode et, certainement, ne durera pas aussi longtemps. De plus, mon cabinet marche comme sur des roulettes. Je ne suis pas certain qu’elle pourra, dans quelques mois, en dire autant du sien.

Et pour finir, je ne peux ignorer l’expérience ratée de Radio-Canada. La maison-mère de cette traditionnelle corporation a, dernièrement, voulu imposer une nouvelle image de marque: remplacer Radio-Canada par ICI, tout simplement. Embarrassante initiative qui lui a valu des reproches de toute part. Qu’est-ce qui déplaisait? Le mot « radio » ou « Canada »?

Face aux nombreuses critiques, la direction de Radio-Canada a été obligée de faire volte-face et de présenter ses excuses. Je remarque au passage que le gouvernement canadien n’avait pas été mis au courant du changement. James Moore, le ministre du patrimoine s’en est plaint. En ce sens la direction de radio-Canada a eu raison. Il est important de maintenir sa distance avec le gouvernement fédéral en général, et particulièrement l’actuel, qui aimerait bien avoir la mainmise sur cette société d’état. L’indépendance éditoriale de Radio-Canada en dépend. Ceci dit, changement il y aura. Ce ne sera plus Radio-Canada mais Ici Radio-Canada. Appréciez la nuance. Ici, ci-gît, ICI.

Pendant que Radio-Canada se cherchait un nom, en Grèce, les autorités ont décidé de brutalement couper la parole à leurs radios et télévisions publiques. Une campagne de solidarité, contre cette mesure d’austérité, qui passe mal, s’organise en Europe. On a beau vouloir le faire taire, le peuple grec n’a pas dit son dernier mot. Nous non plus.

La sortie? Par icitte.