La mémoire nipponne du baseball local : l’équipe vancouvéroise Asahi

Portrait d'époque de l'équipe Asahi dans leurs tenues traditionnelles

Portrait d’époque de l’équipe Asahi dans leurs tenues traditionnelles

Puisqu’il est impossible de dissocier le baseball du folklore canadien, autant le vivre l’instant d’un moment autour des prouesses de l’équipe Asahi qui a légué au baseball vancouvérois une richesse de savoir-faire. Comme chaque année, le Centre Nikkei organise le 17 août prochain une partie de baseball pour rendre hommage à cette équipe qui a jadis fait vibrer le Grand Vancouver.

Les générations se succèdent mais le parc Oppenheimer à Vancouver attire toujours son fidèle public à ce rendez-vous populaire. Une petite foule se meut pour revivre le temps d’une matinée, l’esprit de la grande équipe qui a animé le baseball vancouvérois de 1914 à 1941, jusqu’au moment où la deuxième guerre mondiale a sonné le coup d’arrêt. Le 17 août, fidèles à la tradition, 24 joueurs feront vivre la mémoire de ces grands héros du sport.

L’héritage des Asahi

L’histoire des Asahi est aussi riche que significative, pour la culture canadienne comme pour la communauté japonaise. Alors que peu pensaient qu’ils réussiraient, ce club allait devenir une dynastie de champions.

Raflant dix titres de championnat de 1919 à 1940, l’équipe était en tête des ligues de la ville, devenant l’équipe de Vancouver la plus populaire de leur époque. Les fans étaient particulièrement impressionnés par leur style unique. Quand l’enjeu devenait trop sérieux et que l’échec se pressentait, l’équipe usait de stratégies inattendues pour déjouer ses adversaires. Moments époustouflants et rebondissements qui laissaient le public pantois…

Dave Simpson, âgé aujourd’hui de 90 ans et ancien joueur de baseball se souvient : « C’était en décembre 1941. J’avais 18 ans et je finissais le lycée. J’étais un admirateur des Asahi et jamais dans mes rêves les plus fous, je n’aurais imaginé avoir la chance d’être sur le terrain avec eux. Quand j’ai eu la possibilité de jouer contre eux à deux reprises, je n’en revenais pas…! Ils formaient une équipe merveilleuse et avaient une maitrise du terrain incroyable. ».

Il continue : «je me souviens encore de George Tanaka, un excellent lanceur. Il y avait quelque chose de magique dans leurs jeux. Ils formaient une équipe surprenante et supérieure aux autres équipes de l’époque ». Malgré le fait que les joueurs étaient de petite taille, comparativement aux joueurs des autres équipes, ils étaient de prodigieux voleurs de but.

Dave Simpson relate avec une lucidité et une mémoire intacte. « On se côtoyait beaucoup et l’on se respectait. Pearl Harbour est venu mettre un terme à la glorieuse destinée de l’équipe qui allait connaître un revers des plus tristes. Je n’ai plus revu personne. »

En effet, alors que la guerre bat son plein, la dissolution de l’équipe est inévitable. Certains joueurs regagnent l’Est du Canada tandis que d’autres sont internés en Colombie-Britannique. Un deuil pour le baseball vancouvérois.

La rencontre de l’Est et l’Ouest

Les Asahi vont pourtant survivre des décennies dans le cœur des aînés et des générations suivantes. Ils ont depuis été intronisés au Canada Baseball Hall of Fame (2003) et au BC Sports Hall of Fame (2005) et sont mis à l’honneur chaque année par un jeu en leur mémoire.

Terry Hunter, fan des Asahi, reconnait qu’ils font partie de l’histoire de la communauté. A cette époque, la pluralité des ethnies était déjà prononcée. Il lance: « ils étaient une fierté pour le pays. Cette équipe a su transcender les barrières de races et de cultures pour faire vivre la passion du baseball ».

Pour avoir laissé un héritage précieux dans le monde du baseball, un insigne sera bientôt érigé au stade Nat Bailey. Terry Hunter ajoute : « Je ne manque jamais d’assister au jeu organisé en leur mémoire afin de conserver leur histoire vivante et leurs accomplissements. »

La popularité du baseball, qui a beaucoup évolué, n’attirait à cette époque qu’une faible assistance. Dave Simpson ajoute « le baseball n’était pas exercé comme une profession par les joueurs mais un sport que l’on pratiquait les week-ends et les après-midis. Personne n’avait de l’argent. Les joueurs passaient à la fin de la rencontre avec un chapeau dans lequel les gens jetaient des pièces de monnaie ».

À la croisée des générations…

Si les adultes et les aînés font vivre la mémoire des Asahi, ils attirent également les tout jeunes joueurs. Joseph Sinclair n’a que 12 ans et va pourtant participer pour la quatrième année consécutive au jeu le 17 août prochain.Il affirme que c’est amusant de faire de nouvelles rencontres, surtout de cultures différentes.

Candidement, il laisse échapper d’une voix empreinte d’une fierté sans équivoque : « l’histoire des Asahi me séduit. Ces joueurs ne jouaient pas comme les Occidentaux mais comme des Japonais. Ils prenaient beaucoup de précautions dans leurs jeux et savaient lancer la balle aux moments opportuns ».

Comme disait Roy Ito, l’auteur japonais : « qui a gagné la partie? Quel était le score final? En fin de compte, qu’est-ce que ça change? Le baseball et l’équipe Asahi avaient, une fois encore, rapproché les générations… J’ai un terrain de jeu de rêves.»

 

Samedi, 17 août

11h00 à 14h00

Oppenheimer Park,

bloc 400 – Powell Street, Vancouver

Courriel: jcnm@nikkeiplace.org

Tel: 604.777.7000 ext.109