Médias – Luc Rainville, Directeur général de l’APF : « Les journaux francophones hors Québec s’adaptent bien. »

journauxLuc Rainville, Directeur général de l’APF :

« Les journaux francophones hors Québec s’adaptent bien. »

La Liberté du Manitoba et Agricom en Ontario : hormis le fait d’être francophones, ces deux médias ont pour point commun d’avoir co-remporté le prix du journal de l’année décerné lors du Congrès de l’Association de la Presse Francophone qui se tenait du 11 au 13 juillet à Whitehorse, au Yukon. Un titre remis annuellement par cet organisme créé en 1976 qui constitue encore aujourd’hui l’unique réseau de journaux de langue française présent au Canada hors Québec. Alors que l’APF représente depuis Ottawa les intérêts des vingt et un membres qui la constituent, Luc Rainville, Directeur Général depuis février dernier, commente la situation de la presse francophone en milieu minoritaire.

Quels services proposez-vous aux journaux membres ?

Nous facilitons le placement publicitaire en favorisant les contacts avec les annonceurs potentiels. L’association représente aussi un interlocuteur crédible auprès du gouvernement fédéral pour défendre les intérêts de la presse francophone. Nous organisons également des échanges avec nos membres et les associations francophones afin de travailler sur des enjeux communs.Nous sommes donc la voix de la presse francophone en milieu minoritaire et nous tentons de contribuer à son rayonnement en la rassemblant.

Quel est l’état des lieux de la presse francophone hors Québec ?

Elle subit les contrecoups liés aux nouvelles pratiques publicitaires des services de communication gouvernementaux qui se tournent désormais beaucoup vers Internet et les réseaux sociaux pour promouvoir leurs services. De ce fait, ces journaux se développent en innovant et en trouvant de nouvelles sources de croissance en se rapprochant notamment d’annonceurs locaux. Comme ils évoluent en milieu minoritaire, la situation est forcément compliquée mais ils arrivent à bien s’adapter. Même s’ils n’ont pas les moyens des grands médias, ils font de leur mieux pour avoir des sites internet de bonne qualité et toutes ces démarches se reflètent au niveau du taux de pénétration qui a tendance à progresser1. L’augmentation de la population francophone dans les provinces de l’Ouest y est aussi pour quelque chose. En Alberta, le Franco Calgary et Sud de l’Alberta vient d’être créé à Calgary et répond à une demande de la communauté sur place. À Whitehorse, le journal territorial est aussi en expansion grâce au nombre accru de francophones.

Peut-on noter une différence entre la situation des journaux de l’Est du pays et ceux de l’Ouest ?

Pas nécessairement. Les situations sont plutôt similaires. Tous ont établi une relation de proximité avec leur lectorat. La plupart du temps, il s’agit du seul journal d’expression française disponible dans la communauté locale. Cela permet aux lecteurs francophones et francophiles de se faire expliquer dans leur langue des dossiers qui dépassent le cadre communautaire comme c’est par exemple le cas des actualités municipales.

Comment avez-vous réagi à la fermeture de l’Express du Pacifique, le seul journal entièrement en français qui était présent dans la province il y a plus d’un an et demi?

Perdre un membre et un journal est toujours une nouvelle douloureuse qui affecte la communauté.

Il y a plus d’un an, le journal la Source et la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique ont signé une entente de principe afin que le journal puisse traiter de l’actualité francophone sans toutefois en avoir l’obligation. Quel regard portez-vous sur ce type d’accord qui permet encore à la communauté francophone d’être informée dans sa langue sans pour autant modifier le mandat d’origine du journal la Source basé sur le bilinguisme et la diversité?

Cette entente représente quelque chose d’important à nos yeux. Couvrir l’actualité francophone est essentiel pour la communauté. Si la Source y parvient, tant mieux pour tout le monde.

Pourtant, la Source ne fait pas partie de l’APF, les statuts de l’association n’accueillant jusqu’alors que les journaux entièrement en français. Est-ce que la diversité culturelle et le nouveau visage francophone-francophile hors Québec ne rend pas caducs certains de vos statuts ?

Lors de la dernière Assemblée Générale des membres, nous avons apporté des modifications au règlement en distinguant deux types de journaux. Les journaux provinciaux, dits territoriaux, qui doivent présenter un contenu minimum de 90% en français et les journaux régionaux qui doivent être écrits majoritairement en langue française. Toutefois, nous restons ouverts aux discussions par rapport au ratio.

1Plus de six francophones hors Québec sur dix (65%) lisent les journaux communautaires locaux principalement en français, dont 23% lisent ces journaux en français seulement. 71% des lecteurs de journaux communautaires francophones considèrent que ces journaux sont importants pour leur communauté. 
Source : parlonsmedias.ca, 2011