Vancouver, centre de remise en forme

Photo par Dustin Quasar, Flickr

Photo par Dustin Quasar, Flickr

Avant d’avoir posé le pied en Colombie-Britannique, une profusion d’illustrations émanant tout droit de Google images se chevauchait dans mon esprit. Je n’ai pourtant pas coutume de me façonner une représentation virtuelle de ma future ville d’adoption. Et si nul n’arrive en terrain inconnu totalement démuni d’attentes, de souhaits, de récits ou de craintes, les supports médiatiques jouent un rôle d’accélérateur, laissant des impressions durables et poussant à des jugements parfois hâtifs. S’extirper de la réalité virtuelle du monde est devenue chose particulièrement difficile. J’aime pourtant encore l’idée de se laisser porter par son imaginaire, puis d’entrer en contact avec la terre d’accueil de manière naïve, spontanée.

Cette fois-ci toutefois, je devais composer avec des photos, pour le moins idylliques, d’orques dans la baie de Vancouver, de voiliers se détachant de l’horizon urbain, de hauts sommets enneigés, de vues imprenables du Skytrain sur le downtown. Sans oublier celles reflétant l’immensité verte de l’île de Vancouver et celles…de joggers le long d’English Bay.

Vus du ciel, ces îlots qui essaiment l’océan juste avant l’atterrissage et cette profusion de verdure qui entoure la ville ne font qu’insuffler un sentiment de sérénité. Non, Google images n’avait pas menti et c’était bien mieux en vrai. Ce que le moteur de recherche ne disait pas à travers la photo du jogger, glissée subrepticement entre un phoque et les anneaux olympiques des JO de 2010, c’est que le sport ici a une importance capitale dans la vie des Vancouvérois.

Tout d’abord, pour une aficionado du vélo comme moi, Vancouver est le chantre du deux roues. Des kilomètres de pistes cyclables sont aménagés à travers la ville et le long de l’eau. Aucune crainte que les automobilistes vous prennent pour un OVNI, comme c’est encore tristement le cas dans nombre de métropoles, où, malgré les efforts des municipalités, les vélos restent les parias de la chaussée. L’exemple le plus frappant est le dispositif placé à chaque carrefour permettant aux vélocyclistes d’arrêter le trafic autoroutier et de filer sans perdre le rythme. Cette liberté a toutefois un prix et je me rends compte au fil de mes escapades que des règles strictes existent. Toute personne ne portant pas de casque se voit sanctionner d’une amende de 29 dollars. Pénalité qui va jusqu’à déclencher l’ire de certains et la création d’une page contestataire sur Facebook. J’ai d’ailleurs été désarçonnée et pris la mesure de la situation, lorsqu’une enfant m’a dénoncée à sa mère le long de Main Street en me pointant du doigt : « Look Mummy! No helmet, no helmet. » C’est également entre eux que les cyclistes font la loi. En nous rendant de nuit pour la première fois à Third Beach, nous nous sommes quelque peu égarés. Pourtant, sur une piste cyclable, un type à toute allure nous arrive de face et, en nous évitant de justesse, nous glisse d’une voix sèche et autoritaire : « Wrong way, that’s the wrong way guys ». Attention donc à bien respecter le sens des pistes et malheureux le piéton qui d’aventure se trouvera sur leur chemin balisé.

L’abondance de points d’eau et l’usage qui en est fait en plein cœur de la ville m’a également fait grande impression. De la ballade tranquille en canoë aux courses effrénées d’avirons, les activités nautiques ne manquent pas. La piscine de Kitsilano relève par ailleurs tous les défis. Au bord de la baie, un bassin de 127 mètres d’un bleu argenté vous accueille. Je n’en voyais même pas le bout. Une étrange sensation de « vais-je réussir vraiment d’un coup d’un seul à traverser cette mer ? » m’a prise. Je ne pouvais que me féliciter, voyant les marquages au sol défiler, d’avoir, sans m’arrêter, parcouru d’ores et déjà les 50 mètres réglementaires d’une piscine olympique. « Presque la moitié », me suis-je dit, essoufflée. Finalement, au cours de mon seul et non moins glorieux aller-retour, je n’ai pas eu à solliciter les maîtres-nageurs. Pour un Vancouvérois, la taille de ce bassin semble aller de soi et les nageurs enchaînent les longueurs sans même sourciller. Ils mettent la barre haut.

De même avec la course à pied. Il ne m’a pas été possible de sortir une seule fois de chez moi, même pour aller au café d’à côté, sans rencontrer des coureurs. À toute heure, le Vancouvérois court. Si un sentiment de culpabilité peut parfois se faire sentir face à cet engouement général, c’est davantage un facteur de motivation. Le nombre pléthorique de parcs et de voies piétonnes aide clairement à se lancer.

Vancouver ne lésine pas sur ses infrastructures de plein air et les citadins les chérissent. Dans la plupart des autres villes, je pense notamment en France, des dégradations majeures auraient eu lieu et les services gratuits ne font souvent pas long feu. Le cadre de vie incite certainement à respecter cet environnement et c’est dans un effort commun que chacun veille au maintien de telles prestations.

Il ne s’agit là que de mes premières impressions quant aux activités sportives estivales, et celles offertes en plein hiver promettent le meilleur. Plus qu’un bol d’air véhiculé par les images sur la Toile, Vancouver m’apparaît comme un véritable centre de remise en forme. La mise au vert ne fait que commencer.