Columpa Bobb : une figure autochtone des arts de la scène en résidence à la VPL

Accueilli par la Vancouver Public Library (VPL) depuis 2008, le programme Aboriginal Storyteller in residence est le premier du genre lancé par une bibliothèque publique en Colombie-Britannique. Cet automne, Columpa Bobb deviendra l’artiste en résidence. Auteure dramaturge, actrice et créatrice habitée par son héritage autochtone, la gagnante du Jessie Award animera des ateliers dans les différentes antennes de la VPL à travers le Grand-Vancouver. Ces quatre mois sont pour elle l’opportunité d’explorer un projet artistique qui lui tient à cœur, tout en cherchant à promouvoir la culture et les traditions orales autochtones auprès des Vancouvérois.

Traditions orales et éclairage contemporain

Arrière-petite-fille du Chef Dan George, fille de la poète, nouvelliste et universitaire Lee Maracle, Columpa Bobb admet qu’elle puise l’origine de ses histoires dans ses racines autochtones.

« Même si je travaille parfois avec des scripts conventionnels, mon parcours de traditions orales m’aide à m’élever par rapport au texte », raconte celle qui distingue bien le monde de la parole de celui de l’écrit.

Originaire de l’île de Seabird dans la Vallée du Fraser, elle suit des études de théâtre dans une école de Vancouver: « J’ai découvert un monde nouveau où je pouvais exprimer mes sentiments et ne pas les juger », livre-t-elle. Sa voie s’impose alors comme une évidence. Elle ne s’éloignera plus jamais de l’univers artistique.

Après avoir voyagé à travers le pays pour poursuivre sa carrière d’actrice, Columpa quitte la côte Ouest pour poser ses bagages à Winnipeg. Là, elle monte le programme de formation en arts de la scène pour des jeunes autochtones du Manitoba Theatre for Young People.

Columpa Bobb, une artiste autochtone en résidence à la VPL. Photo de Vancouver Public Library

Columpa Bobb, une artiste autochtone en résidence à la VPL. Photo de Vancouver Public Library

Animée par la transmission de son savoir, Columpa souhaite donner aux élèves du temps et un espace réconfortant pour les aider à s’exprimer à travers les arts. « Je crois que l’art est un outil très puissant pour permettre aux gens de raconter leurs propres histoires et renforcer la confiance qu’ils ont en eux », souligne-t-elle.

Envisageant le théâtre comme « l’extension contemporaine des traditions des contes oraux », la créatrice se passionne pour la mise en scène de spectacles improvisés. Amoureuse des histoires d’antan, elle enrichit toutefois ses performances d’installations modernes. Supports audio ou vidéo donnent ainsi aux contes traditionnels un éclairage contemporain fondamental, notamment pour les jeunes qui « ont besoin de se sentir impliqués dans le monde dans lequel ils vivent. »

Retour aux sources

Rémunérée pendant ses quatre mois de résidence à la VPL, Columpa a la possibilité de réaliser un projet pilote qui lui tient à cœur. « Je suis intéressée par l’idée d’un processus de création qui emmène l’ancien vers une forme nouvelle », dévoile-t-elle. La conteuse espère utiliser sa propre perception culturelle pour créer des histoires qui résonnent, qui apportent des messages, une morale.

Aboriginal Storyteller in residence permet aussi à la « fille de l’Ouest » un véritable retour aux sources. Installée à Winnipeg depuis plusieurs années, elle souhaite s’inspirer de nouveau des traditions de sa terre d’origine pour développer son travail de création, « être à l’endroit où les histoires vivent. » Elle compte sur l’expertise de conteurs et écrivains locaux, mais aussi sur ses rencontres avec le public vancouvérois pour établir le dialogue qui l’aidera à parfaire son projet final.

Dialogue interculturel

Daniela Esparo, responsable des programmes et de l’apprentissage des adultes à la VPL, est fière de cette initiative inhabituelle qui vise à créer des liens plus étroits entre la bibliothèque et la communauté autochtone: « Nous voulons lui démontrer notre estime pour sa culture, ses traditions et mieux l’intégrer au sein de nos programmes », explique-t-elle.

Mais c’est aussi la dimension de partage de cet héritage au-delà de la communauté autochtone, au cœur du programme, qui a capturé l’intérêt de Columpa : « L’art est un merveilleux moyen pour encourager une compréhension interculturelle », déclare-t-elle. Elle pousse d’ailleurs ses jeunes à se produire régulièrement en dehors des murs de l’école.

La capacité de l’actrice à raconter et à initier la conversation avec le public a séduit Daniela lors du programme d’ouverture : « elle a interprété le conte traditionnel Et le corbeau vola la lumière sous forme de pièce de théâtre. Elle nous a tenus en haleine juste avec la force de sa voix et sa façon de s’exprimer », se souvient-elle, confiante pour ses performances à venir.

Si l’on peut voir en elle un modèle, Columpa préfère se considérer comme « l’un de ses nombreux talents » de la communauté autochtone du Grand-Vancouver.

« Ma chance est de bénéficier de cette opportunité qui n’existe que pour une personne », conclut-elle, impatiente de faire résonner la voix de ses traditions dans l’arène publique de la VPL.

Plus d’infos sur le calendrier :

http://www.vpl.ca/events/details/aboriginal_storyteller