Coquitlam attend toujours le bus et le SkyTrain

Photo de BC Ministry of Transportation

Photo de BC Ministry of Transportation

Avec l’explosion démographique des banlieues et de leurs nouveaux développements résidentiels, viennent les nouveaux besoins de transports collectifs et d’écoles. Burke Mountain, un des nouveaux développements résidentiels de Coquitlam, en est un exemple typique. Il n’y a pas moins de cinq ans depuis que les premiers résidents sont venus s’y installer, et les autobus ne sont toujours pas aux arrêts prévus dans le plan d’aménagement. Pourtant le quartier avait été conçu pour encourager les transports en commun et décourager l’usage d’une deuxième voiture. C’est pourquoi les voies d’accès aux maisons et les entrées de garage ne sont pas assez larges que pour y garer une voiture, me disait récemment le maire Richard Stewart.

La conséquence directe est donc que, las d’attendre l’autobus, les nouveaux propriétaires ont fait comme tous les banlieusards qui n’ont pas facilement accès aux services de Translink, ils ont acheté un deuxième véhicule, allant ainsi totalement à l’encontre de l’idée de départ. Alors comment expliquer cet état de choses ? Et bien comme m’explique le maire Stewart, Translink n’ayant pas d’argent, n’a pas les moyens d’acheter de nouveaux autobus et ceux qui devaient entrer en service à Coquitlam, ont été détournés vers Vancouver. Il y a cependant une petite lueur à l’horizon, puisque finalement UN autobus devrait commencer à rouler sous peu…trois ans après la date prévue et que les autres se feront encore attendre pour quelques années.

La conséquence est donc que les services de planification de Coquitlam ont revu leurs objectifs de densité pour les prochains développements et reviennent aux modèles qui s’appuient sur les déplacements en auto plutôt qu’en transport en commun.

Richard Stewart, maire de Coquitlam. Photo de Richard Stewart

Richard Stewart, maire de Coquitlam. Photo de Richard Stewart

Mais il n’y a pas que les bus qui manquent à l’appel. Il n’y a pas d’écoles non plus, puisque le modus operandi du conseil scolaire est d’attendre de voir combien il y a de pairs d’yeux…avant de commencer la planification d’une école. Le résultat est que non seulement il n’y a toujours pas d’école, il n’y a pas encore de site choisi pour en construire une, alors qu’il y a des enfants (donc des yeux) et des femmes enceintes en nombre partout dans le quartier, puisque ce sont des jeunes familles qui sont venues s’y installer, et que d’autres sont en route.

Cependant en arrivant à Coquitlam on constate tout de suite que les travaux de construction de la ligne Evergreen du SkyTrain vont bon train. La mise en service est prévue pour l’été 2016, à temps pour les BC Senior Games qui auront lieu à Coquitlam. Voilà qui semble prometteur, mais le maire Stewart a vite fait de remettre « les horaires de Translink et de bus à l’heure », parce que s’il n’y a pas d’ici là, de service de bus allant et venant des stations de SkyTrain aux nouveaux quartiers résidentiels, peu de citoyens utiliseront le SkyTrain pour se rendre au travail, et continueront d’utiliser leurs voitures.

On sent bien la frustration de cet homme politique, qui avoue presque sa déception d’avoir tenté l’expérience de la densification de ses quartiers résidentiels. Le maire a les ressources et l’espace pour construire de nouvelles routes, mais il ne contrôle ni le budget ni les ressources de Translink pour acheter et mettre en service les autobus dont il a besoin.

La question est donc relancée, à savoir qui doit gérer Translink ? Une direction d’hommes d’affaires, non élus, mais qui, à toutes fins pratiques ne peuvent pas développer tous les projets mis de l’avant, (pensez au prolongement du SkyTrain à Surrey, et de la station Broadway vers UBC) sans avoir recours à des taxes ou impôts supplémentaires, puisque seuls les tarifs payés par les utilisateurs et les taxes sur l’essence ne suffiront pas ? Ou revenir à la formule d’un conseil constitué d’élus des 22 municipalités de la région métropolitaine de Vancouver. Pour le maire Stewart, la réponse est claire et rapide. « Nous sommes élus pour gérer nos municipalités. Je ne voudrais pas voir 22 maires tentant de gérer Translink d’un coin de leur bureau. Nous ne sommes pas élus pour çà. »

Voilà qui, en quelques traits rapides, pose bien le dilemme des nouvelles banlieues et des nouveaux quartiers résidentiels des banlieues existantes de la grande région de Vancouver; où trouver l’argent nécessaire pour le développement d’un système de transport en commun rapide, efficace et essentiel, pour desservir une population qui continue de s’éloigner de Vancouver ?

Regardez dans vos poches !