Théâtre la Seizième : la « grande épopée » de Sasha Samar

Annick Bergeron et Sasha Samar dans Moi dans les ruines rouges du siècle. | Photo par Jeremie Battaglia

Annick Bergeron et Sasha Samar dans Moi dans les ruines rouges du siècle. | Photo par Jeremie Battaglia

Acclamée dans tout le pays, la pièce Moi dans les ruines rouges du siècle d’Olivier Kemeid arrive au Théâtre la Seizième du 12 au 16 novembre. Accompagné d’Annick Bergeron, Sophie Cadieux, Geoffrey Gaquère et Robert Lalonde, Sasha Samar monte sur les planches pour y jouer sa propre vie.

Né en 1969 dans une ville minière d’Ukraine soviétique, Sasha Samar apprend à sept ans qu’il a grandi dans le mensonge. Il raconte : « Mon père et celle que j’appelais maman étaient sur le point de se séparer. Je voulais rester avec elle. C’est là que mon père m’a dit de sécher mes larmes parce que cette femme n’était pas ma mère, car ma vraie mère m’avait abandonné quand j’avais trois ans ».

À partir de cet instant, Sasha Samar la cherche, sachant qu’il ignore tout d’elle, que son père (interprété par Robert Lalonde) a détruit toutes les photos qui la représentent et qu’il n’a aucun moyen de la localiser en URSS.

Dans une époque sans Internet, il réalise que c’est elle qui doit le retrouver. Le jeune Sasha a une idée : « la propagande soviétique mettait en avant ses héros. On les voyait partout, alors j’ai voulu en devenir un. » Il remarque qu’il nage mieux que les autres de son âge et se met à la natation. Á treize ans, il est classé troisième de l’équipe nationale. Un souffle au cœur arrête l’athlète mais pas sa détermination à devenir célèbre. Il se souvient : « Je me suis cherché pendant un an, puis j’ai décidé de devenir acteur pour passer à la télévision ».

Croisement des histoires

En suivant la quête de l’acteur pour retrouver sa mère, le public revit les moments qui ont marqué l’histoire de l’Union Soviétique à travers son regard. Il parle tantôt au cosmonaute Youri Gargarine qu’il aperçoit en rêve, tantôt à Nadia Comaneci, la première gymnaste à obtenir un score parfait aux Jeux Olympiques et qui incarne également son premier fantasme amoureux.

De la catastrophe de Tchernobyl à la Glasnost de Gorbatchev, en passant par la Série du Siècle de hockey sur glace, « c’est une grande épopée », comme l’affirme Craig Holzschuh, directeur artistique du Théâtre la Seizième. Il poursuit : « J’ai grandi ici [au Canada NDLR] à ce moment là de l’histoire. Allant au-delà de nos préjugés et nos conceptions, la pièce nous apprend beaucoup sur une période très importante de l’histoire. Après, c’est surtout un spectacle très touchant, très humain ».

Sasha Samar voit un parallèle entre son passé et l’effondrement du Bloc de l’Est. Il estime « qu’il y a eu beaucoup de mensonges dans l’histoire de l’Union Soviétique pour tenir ce régime et il y a eu les mensonges du père pour protéger son fils ». Néanmoins, il précise immédiatement après, que le plus important dans ce spectacle, c’est surtout « la rencontre de la grande Histoire et des petites histoires, de ces histoires d’amour et de trahison ».

Est-ce que la pièce reflète la réalité ? Sasha Samar a-t-il réellement bravé le froid sibérien avec une serviette sur la tête ? Craig Holzschuh préfère l’ignorer : « Peu importe, le moment théâtral est très touchant et me fait réfléchir. Je ne veux pas qu’on vienne me confirmer ce qui est vrai ou ne l’est pas, cela briserait la magie du moment ». Et pour les curieux, une rencontre avec les artistes est organisée à la fin de la représentation du vendredi.

Moi dans les ruines rouges du siècle
Prix de la critique de l’Association québécoise des critiques de théâtre (AQCT) dans la catégorie
« Montréal » pour la saison 2011–2012

Théâtre la Seizième, Studio 16
http://www.seizieme.ca/moi-dans-les-ruines-rouges-du-siecle/
Du 12 au 16 novembre 2013 à 20h
$27 Adultes,
$24 Étudiants/60 ans et plus
Représentations avec surtitres anglais les mardi, jeudi et samedi