« Dark Room » : quand le noir nous révèle ses lumières

Combiner les disciplines pour toucher un public plus large | Photo de Body Narrative Collective

Combiner les disciplines pour toucher un public plus large | Photo de Body Narrative Collective

 

Quand certains font tout pour passer de l’ombre à la lumière, d’autres prennent le chemin inverse pour se dévoiler. C’est dans l’antre d’une « chambre noire » que la compagnie Body Narrative Collective présentera, les 4 et 5 décembre prochains, sa dernière création artistique qui se déroulera au centre communautaire Roundhouse. Une association entre la danse et la photographie, mais pas seulement. Rencontre avec Meghan Goodman, danseuse et co-fondatrice de la compagnie avec Julia Carr, qui nous en apprend davantage sur cette performance et son processus.

D’une petite graine…

Avant d’imaginer un spectacle, ce sont des expérimentations entre la danse et la photographie qui ont été faites. Un jour, Meghan est arrivée avec son partenaire qui fait de la photographie. « Nous avons développé l’idée tirée d’une exposition de photos et de lumières peintes. La lumière était utilisée pour créer des images dans l’espace. On a pensé que c’était une bonne idée pour de nouvelles manières de danser. C’était juste une petite graine. » L’idée faisant son chemin, 15 minutes de danse associée à la photo sont produites à Vancouver. Des retours prometteurs, la compagnie comprend qu’elle tient une combinaison à explorer.

« On aime utiliser la danse et la photographie ensemble. De l’utilisation d’une technique, on s’est tourné vers d’autres types de photographie, d’anciennes et modernes. De là, nous avons expérimenté avec de la lumière, de la science et des images digitales, nous questionnant sur le meilleur moyen de montrer cette technique en dansant, le meilleur mouvement accompagnant ce type de photographie. » Le défi étant de trouver la composition adéquate !

À l’expérimentation perpétuelle

Découvrir diverses possibilités impose des difficultés supplémentaires afin de trouver une harmonie entre les différentes expressions artistiques. Le processus de développement se déroule ainsi : « On essaie de savoir ce qui se révèle être le plus pertinent. On a besoin d’écrire. Mais définitivement c’est une question d’équilibre. Nous avons des gens qui partagent leurs talents et leurs connaissances à travers une plateforme pour ce spectacle, mais toujours à travers une vision. Les idées proviennent de tous. Si vous voulez établir de longues relations vous devez aussi leur laisser de la place pour leur propre création. »

En dehors du partage, ce processus basé sur la pluridisciplinarité fait progresser chacun sur le plan individuel. Pour Meghan, « chaque projet influence votre manière de danser. Vous absorbez des informations provenant des autres. Au sein de l’équipe, on fait des choses qu’on n’avait jamais faites. » Il existe aussi une dimension éducative à travers l’utilisation de la science et de nouvelles techniques pour repousser les limites du possible. Montrer comment de nouvelles choses émergent fait partie intégrante de la performance. Le prochain rêve à aller chercher, « danser dans les airs ! »

Que la lumière s’éteigne !

Près de 20 personnes issues de domaines artistiques comme la danse, la photographie, le design ou encore l’écriture, participent à cette représentation, dont 6 en scène. Cette chambre noire devient un terrain propice aux peurs que suscite l’obscurité, alors qu’en photographie elle ouvre le champ des possibles. Et puisqu’il faut aussi raconter une histoire, c’est l’amitié qui s’est imposée comme fil rouge à l’expression de la danse à travers la photographie, à moins que ça ne soit l’inverse. « Une partie est basée sur la peur, une autre sur la perte. On a commencé par des mouvements, des expérimentations avec la photographie en essayant de trouver le bon accord, et l’histoire a débutée ! » souligne Meghan.

Combiner les disciplines artistiques permet de toucher un public plus large, et chacun y trouvera des éléments familiers à découvrir. Chaque art sera utilisé de manière novatrice. Chaque sensibilité trouvera de quoi se nourrir. « On joue avec l’idée du visible et de l’invisible, il y aura sûrement des parties où le spectateur sera un peu perdu, c’est aussi un défi. » Le spectateur assistera à une performance singulière à n’en pas douter. Un dernier mot avant de plonger dans le noir : « J’espère que le show sera quelque chose dont les gens se souviendront. »

Dark Room: the realm of symbols, science and memories
4 et 5 décembre à 19h30
Roundhouse Community Centre
http://www.bodynarratives.com