Chinoise malgré elle

Apprendre la langue de nos ancêtres.

Apprendre la langue de nos ancêtres.

Comment est-ce de grandir Chinoise à Vancouver ? Mis à part la grande affinité (à la limite de l’irrationalité) avec tous mes souvenirs de Hello Kitty et les photos constantes de chacun de mes repas, je n’en suis pas très certaine.

Avec mes longs cheveux noirs et mes traits asiatiques bien distincts, il serait naturel et compréhensible de penser que je me sente à l’aise dans un restaurant rempli de gens se hélant en chinois. Néanmoins, fille de parents issus de la deuxième génération dont la langue maternelle est l’anglais, je ne comprends pas le plus souvent, pour ne pas dire toujours, un mot de chinois et le parle encore moins.

En grandissant, je ne me sentais ni vraiment Canadienne, ni suffisamment Chinoise. Aujourd’hui, mes origines et mon apparence me confèrent une sorte de statut « exotique » auprès de mes amis caucasians, qui trouvent fascinants les comportements, les valeurs et spécialement (le plus important !) la nourriture de ma culture.

Être Chinoise s’est avéré plus d’une fois un sujet pratique de conversation, mais cela implique aussi beaucoup de confusion et d’incertitude.

Il y a eu cette fois en deuxième année, où la mère de ma meilleure amie lui a apporté un thermos fumant d’une délicieuse soupe de nouilles au poulet tandis que je n’avais que des restes douteux de gros morceaux froids de porc grillé. Autant le dire, je n’étais que rarement choisie lorsqu’il s’agissait d’échanger les repas avec les autres enfants (Merci Maman).

Blague à part, grandir en tant que Chinoise au Canada a suscité beaucoup d’anxiété et de questions. La plupart des autres enfants chinois avec qui j’ai grandi étaient bilingues en anglais et en chinois, tandis que moi, je ne pouvais que parler l’anglais.

Mes parents m’ont parlé uniquement en cette langue et c’est pourquoi, j’avais une peur bleue chaque vendredi après-midi lorsque s’annonçait à 15 heures 30 pile l’école chinoise. Chaque semaine, pendant trois heures, je luttais pour comprendre ce que les professeurs et mes camarades de classe disaient. Après sept années de cours de chinois, la seule chose que j’ai appris à dire fut : « toilettes. »

Apparemment, se rendre à l’école chinoise seulement trois heures par semaine ne permet à personne de parler le chinois.

Il y avait aussi le fait que je ne pouvais que difficilement tenir une conversation avec mes seuls grands-parents chinois. Je les voyais une fois par semaine, tous les mardis, lors de notre repas de famille coutumier, mais je ne pouvais même pas communiquer avec eux. Quelle sorte de petits-enfants ne peuvent raconter à leurs grands-parents ce qui s’est passé ce jour-là à l’école? Ou encore plus important, leur dire ce qu’ils désirent à Noël ?!

Avec le Nouvel an chinois à la fin janvier, je ne peux empêcher ces craintes de ressurgir. Cela dit, je me rappelle que je suis extrêmement chanceuse de vivre dans une ville si multiculturelle que Vancouver – une ville qui accueille et même célèbre différentes cultures.

Même si je ne suis pas capable de parler la langue, je n’ai pas complètement perdu la culture chinoise. Chaque année, Vancouver fête le Nouvel an chinois à travers le Grand Vancouver. Dans toutes les écoles de la ville, les étudiants apprennent les différentes traditions culturelles, la cuisine et les festivités des congés.

Les défilés du Nouvel an chinois ainsi que les foires culturelles ont lieu à Chinatown. Durant le Vancouver Lunar Fest, les 8 et 9 février 2014, ce sera l’occasion pour le public de s’immerger dans la culture, la nourriture, les arts et les performances asiatiques, pour la plupart gratuitement.

C’est réconfortant de constater que même si je ne parle pas chinois et maîtrise les coutumes chinoises nettement moins bien que certains de mes pairs, je suis encore capable de garder contact avec mes racines culturelles dans une ville si diverse et accueillante que Vancouver !

 

Traduction Alice Dubot