La tempête Neil Young déferle sur le Canada

Un cœur d’or? Ce n’est certainement pas l’opinion du musicien, auteur et compositeur par excellence Neil Young au sujet du premier ministre Harper. L’auteur du vieux succès « Heart of Gold », une excellente chanson, a dans sa ligne de mire le premier ministre et le secteur pétrolier du Canada.

Photo par npkp3, Flickr

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À moins de vivre une vie d’ermite, vous avez sans doute entendu parler de la guerre de mots entre l’illustre rocker et le gouvernement canadien. J’allais dire le chanteur canadien, mais, bien qu’il ait effectivement la citoyenneté, on ne peut pas dire que sa passion pour notre pays ait été son premier intérêt, ayant troqué le Canada pour le chaud climat californien il y a belle lurette.

Je dois faire une confession : j’adore la musique de Neil Young. Il est l’un des artistes qui ont marqué mon adolescence. Toutefois, je décroche pour ce qui est de ses opinions politiques. En fait, je suis un de ceux qui n’en reviennent jamais de voir ces célébrités et autres du même acabit nous faire la leçon sur les questions environnementales. En ce qui me concerne, ils font preuve, pour nombre d’entre eux, d’une hypocrisie sans frontière.

Ils ont évidemment droit à leur opinion et il est tout à fait compréhensible qu’ils se servent de leur célébrité comme d’une plate-forme pour la partager. Mais, est-ce qu’ils ont vraiment de l’influence? La question se pose. Je suis porté à répondre que ce n’est pas le cas. Du moins, ils n’arrivent pas à faire changer l’opinion publique de façon
significative.

Ce qu’ils font avec succès, c’est attirer l’attention sur le sujet pour lequel ils décident de prendre position. Ils ont de toute évidence un pouvoir d’attraction sur les médias qui est beaucoup plus laborieux à obtenir pour le commun des mortels. En ce sens, si l’on mesure leur efficacité en termes de diffusion de leur message, on peut dire qu’ils ont du succès. On n’a qu’à faire le compte des médias qui ont couvert la sortie de Neil Young pour en voir un exemple parfait. Mais il est difficile de conclure que ce succès a pour effet de changer l’opinion publique de manière significative.

Mais il faut prendre garde à ne pas sombrer trop profondément dans l’hyperbole quasi hystérique. Et c’est justement ce qu’a fait Neil Young en comparant l’impact des sables bitumineux à Hiroshima post-attaque nucléaire.

Dans le cas des sables bitumineux et de la sortie de notre visiteur californien, je parie qu’il n’aura pas fait changer d’idée qui que ce soit. En fait, il a été forcé de se défendre lorsque son propre mode de vie professionnel a été passé au crible par ses pourfendeurs.

C’est d’ailleurs toujours un sujet délicat pour les grands de ce monde portés à nous faire la leçon. Dans son cas, lorsqu’il part en tournée, le transport de son équipement et de son équipe contribue probablement plus à l’émission de gaz à effet de serre que ce que la grande majorité d’entre nous émettons sur toute une année. Pourquoi donc ne peut-il pas prêcher par l’exemple? Et, ironie du sort, alors que le premier ministre se rendait pour la première fois en Israël la semaine dernière, un quotidien de Jérusalem annonçait que Neil Young et son groupe seraient dans le pays l’été prochain. Il ne coupe pas dans ses déplacements nonobstant son horreur envers le pétrole.

S’il y a une chose qui ne pourrait être plus claire, c’est que le gouvernement conservateur ne semble aucunement préoccupé par les déclarations publiques de Neil Young. La semaine même où il nous a rendu visite pour pourfendre le gouvernement, une délégation de celui-ci se rendait à Washington pour une fois de plus presser l’administration américaine de donner le feu vert au pipeline Keystone. Comme pied de nez, le gouvernement n’aurait pu faire mieux.