Le Français Aurélien Froment revisite l’œuvre de Fröbel

C’est dans une salle en plein préparatifs qu’Aurélien Froment nous a reçu à la Contemporary Art Gallery, quelques jours avant l’ouverture officielle au public de l’exposition Fröbel Frobeled, du 24 janvier au 16 mars. Ancien projectionniste dans un cinéma parisien, il a laissé tomber le 7è art car le « temps ne pouvait se multiplier par deux. » Et il a visiblement bien fait.

Né à Angers, l’artiste français passé par l’école des Beaux-Arts de Rennes et Nantes interroge notre compréhension du monde, et avec cela, le rapport du savoir à l’interprétation. Ce n’est donc pas un hasard s’il reprend le travail de Fröbel, le pédagogue allemand qui fonda en 1837 le premier jardin d’enfants et mit au point un des premiers systèmes de jeux éducatifs, popularisé dans le monde entier au XIXè siècle. Mais immédiatement dans nos esprits, le titre interroge : « c’est un jeu de mot sur le nom propre, que je transforme en verbe » explique t-il. « Je présente la série d’objets qu’il avait imaginé dans l’école qu’il avait créée pour des enfants de trois à six ans, car à cette époque les écoles n’existaient pas, les enfants travaillaient. »

Exposé un peu partout dans le monde, mais rarement au Canada, c’est une occasion unique de venir découvrir son œuvre sur le travail de Fröbel.

« La C.A.G, par l’intermédiaire de son directeur Nigel Prince, m’a contacté il y a deux ans. C’est la première étape de la présentation de l’exposition, qui sera ensuite à Nice, à Bristol (U.K.) et au Plateau à Paris. Ainsi qu’en Allemagne en 2015 » explique celui pour qui « se confronter à d’autres regards est toujours intéressant. »

Portrait de Fröbel.

Portrait de Fröbel.

Mais qu’en est-il exactement de l’œuvre ? Que va t-on trouver à cette exposition ? Il s’agit de jeux éducatifs basés sur l’analyse et la synthèse des formes. « Dans leur usage à l’école, ils forment une relation triangulaire entre l’élève et le professeur. Dans une exposition, on a une relation entre l’artiste, l’œuvre et les visiteurs. Je ne dis pas que c’est la même chose mais il y a aussi une architecture comme ça. »

Au centre de la pièce se trouve donc une boîte (de 30 cm x 30cm x 15 cm) dans laquelle se trouve dix autres boîtes, qui contiennent chacune différents objets et formes, ainsi que leurs photographies : « C’est une relation objet-image, qui suggère des idées mais qui n’explique jamais. C’est au visiteur d’interpréter. Ce que j’avais compris de son travail m’intéressait et pour aller plus loin il fallait en passer par les objets eux-mêmes. Je les ai refaits, et j’ai pensé que c’était un prétexte pertinent pour poser un certain nombre de questions. »

De Fröbel à Froment.

De Fröbel à Froment.

Pour Froment comme pour Fröbel, chaque forme en engendre une nouvelle ; chaque image est la clé pour la suivante. Composés de formes géométriques élémentaires, ces outils étaient destinés à l’éveil des enfants dans leur appréhension du monde. Le plus célèbre est un portique constitué de trois volumes (cube, cylindre et une sphère). En effet, en faisant tourner rapidement l’un de ces éléments, la figure géométrique de l’autre apparaît. Cette manipulation offre donc une approche empirique des éléments qui composent l’univers. Aurélien Froment s’en réapproprie la forme pour la mettre à l’épreuve de médiums différents : un croquis, sa matérialisation en 3D et la photographie de celle-ci.

Des questions, nul doute que vous vous en poserez. Soyez donc prêts, Aurélien ne sera présent que les deux premiers jours de l’exposition.

Fröbel Frobeled
24 janvier au 16 mars
Contemporary Art Gallery
555 rue Nelson, Vancouver
http://www.contemporaryartgallery.ca