Les Vikings explorent leur legs culturel

Si l’histoire ne meurt jamais, elle sert parfois de tremplin pour réveiller les émotions ! Nombreux sont ceux qui, enfants, les yeux rivés dans des bouquins, se sont évadés dans l’univers époustouflant des Vikings. Le Scandinavian Community Centre, conjointement avec le Reik Félag, hisse le drapeau des Vikings dans le ciel vancouvérois et invite à la découverte de cette culture le vendredi 31 janvier prochain lors d’une soirée à thème: le Viking Club Night Fundraiser, à la façon médiévale.

C’est un voyage au cœur de l’histoire qu’offre ce groupe à vocation culturelle, fondé en 2004 et qui œuvre à dépeindre un portrait vivant des us et coutumes atypiques de ce peuple légendaire. Cette époque qui abonde d’épopées trépidantes est ainsi mise en lumière lors des diverses manifestations culturelles organisées tout au long de l’année par les centres respectifs des cinq pays composants la Scandinavie.

Remonter le fleuve de l’histoire

La renaissance des Vikings prend de l’ampleur depuis les vingt dernières années où une explosion d’informations se propage à travers le monde. Cette culture qui relève d’un concept unique ne se découvre que maintenant, du fait qu’elle n’était qu’une culture orale. Si les Scandinaves font cause commune de leurs liens de parenté, l’histoire révèle que ces cinq pays se sont successivement affrontés pour se conquérir tour à tour.

Une tente de l’époque Viking. | Photo par V. Anastassiou

Une tente de l’époque Viking. | Photo par V. Anastassiou

D’origine écossaise, John Cowan coordonne les activités du centre Reik Félag. Il est convaincu qu’il possède des gènes normands et affirme : « avec trois siècles de règne viking sur le continent européen et étant originaire d’une ville occupée par les Norvégiens où 32% de la population possède des gènes scandinaves, je descends d’une lignée de Vikings ». Son épouse Linda Woodcock, qui y enseigne le tissage, est émerveillée par cette culture: « rien que par les morceaux de tissus, on peut deviner les vêtements que portaient les femmes vikings. L’art jouissait d’une place importante dans leur culture et les bijoux et colliers étaient prisés. » Des vestiges continuent à émerger lors de fouilles archéologiques secrètes au Gotland (Ile de la Mer Baltique) et en Norvège, entre autres.

Ainsi, capitalisant sur l’héritage culturel, une multitude de festivals à thèmes se déroulent dans les paysages pittoresques scandinaves. Le Scandinavian Community Centre à Burnaby imite la mode du pays et jumèle son calendrier d’activités. Des spectacles de chant, de musique et de danse enchaînent sur des soirées de projections de films et des répertoires de poésies. Le tout autour de repas aux saveurs du terroir scandinave.

Reconstitution d’une bataille de Vikings. | Photo par V. Anastassiou

Reconstitution d’une bataille de Vikings. | Photo par V. Anastassiou

Les jeux de la vérité

Le camp d’été organisé par les communautés chaque année est une aubaine inratable. Le temps d’un week-end, des tentes sont érigées par chaque pays représenté dans un décor purement viking. Les personnages sont façonnés dans la pure tradition de l’époque. Le matériel est fabriqué à la main. Tout n’est qu’une affaire de décor et de simulation, à l’image de la ville commerçante de Haithabu sur la côte ouest de la mer Baltique, où des marchands de thé affluaient ! Les Vikings étaient non seulement une dynastie de conquérants et d’explorateurs chevronnés qui auraient mis le pied en Amérique du Nord cinq cents ans avant Christophe Colomb mais ils excellaient également dans l’art du commerce.

Les scénarios procurent des sensations d’évasion. Ils donnent l’impression que le temps est scié et transposé à l’époque médiévale. Ainsi, on peut voir des pêcheurs nettoyer et sécher le poisson ou le faire cuire sur des braises ardentes, en plein air, comme jadis, tandis que les femmes s’adonnent au tissage. Quelques mètres plus loin, un poète amateur partage des poèmes nordiques et un conteur fait le récit des péripéties d’un vieux guerrier qui meurt après s’être vaillamment battu. Les différentes batailles sont simulées. On devine l’immensité des propriétés que possédaient les guerriers polygames dans le Northumbrie médiéval. John Cowan relate : « Pendant tout le week-end, on reste dans les personnages des Vikings. Nous nous abritons dans les tentes mais nous travaillons sur un projet d’ériger des bâtiments dans le futur comme en Norvège. »

Partage et démystification des zones d’ombre

Le centre Reik Félag, qui parcourt régulièrement le musée de Surrey et les écoles, dispense des ateliers d’information sur le phénomène Viking. Outre la sculpture, le tissage et l’art, des jeux de société à l’instar du HNEFATAFL sont mis en avant. John Cowan poursuit : « On incite les gens à regarder au-delà du banditisme dans l’univers des Vikings. Ces derniers avaient une très belle culture et des lois démocratiques. C’était une aubaine pour les femmes qui bénéficiaient de droits et à qui étaient confiées des responsabilités importantes, bien plus qu’à d’autres époques. »

Elizabeth Norris, présidente du centre norvégien, se dit enchantée de collaborer avec le Reik Félag pour les événements des deux prochaines années. En effet, les Vikings font le tour des communautés afin de consolider les maillons de l’héritage scandinave. Elle poursuit: « Le week-end estival est très significatif pour nous. Chaque année, nous recevons un pays hôte. » L’année dernière, le centre avait accueilli le Japon et cela dans un esprit de partage afin de promouvoir la diversité culturelle.

Si la culture viking a le vent en poupe et semble voguer à l’image des drakkars, les jeunes peinent à s’intéresser à cette culture. Le phénomène viking n’est pas une priorité. John Cowan relate avec tristesse: « Lors de mes excursions dans les écoles, les élèves sont émerveillés mais après la journée, l’intérêt s’arrête là. » La culture canadienne prime et les jeunes générations choisissent de vivre pleinement au présent et délaissent les coutumes et les langues ancestrales. Faire renaître le Phénix de ses cendres relève du défi !

Viking Club Night Fundraiser
Vendredi 31 janvier
Scandinavian Centre Banquet Hall
http://www.scandinaviancentre.org
http://www.reikfelag.ca