Se laisser envoûter par les sons éthiopiens du Krar Collective

Le groupe Krar Collective sera au Club PuSh sur l’Ile Granville. | Photo par Thomas Raggam

Le groupe Krar Collective sera au Club PuSh sur l’Ile Granville. | Photo par Thomas Raggam

Attribut d’Apollon, instrument d’accompagnement par excellence de la poésie, la lyre envoûte et amadoue qui l’entend depuis la Grèce Antique. La musique du trio Krar Collective n’échappe pas à la règle. Considéré comme les « White Stripes d’Ethiopie », le groupe tire son nom du krar, une lyre éthiopienne traditionnelle à six cordes. Le 25 janvier prochain, le trio électrisera le Performance Works sur l’Ile Granville dans le cadre du Club PuSh, du festival du même nom.

Des débuts prometteurs

C’est d’abord lors de mariages et de festivals en Éthiopie que les deux musiciens Temesgen Zeleke et Grum Begashaw se font connaître. Le premier initié par le légendaire jazzman Mulatu Astatke est considéré comme un virtuose du krar. Grum, quant à lui, sait exciter les foules aux rythmes endiablés du kebero, un double tambour utilisé dans la musique traditionnelle éthiopienne.

Ils se retrouvent quelques années plus tard à Londres et décident de former un groupe avec l’exubérante chanteuse Genet Asefa, d’origine éthiopienne elle aussi.

Sebastian Merrick entend le trio à un défilé de mode et il ne lui en faudra pas tellement plus pour sentir le potentiel et l’énergie débordante du groupe et devenir dans la foulée leur gérant.

Depuis six ans désormais, le trio enchaîne les tournées, que ce soit en Europe, en Inde ou en Éthiopie. Le fait d’avoir été sélectionné en 2011 parmi 750 candidats pour participer au Womex (World Music Expo) les a propulsés sur le devant de la scène.

Leur performance lors des Jeux Olympiques de 2012 à Londres a permis également d’asseoir leur notoriété. Puis leur participation à l’Africa Express finira de les conduire sur le chemin de la gloire. Ce train qui parcourt la Grande-Bretagne a permis au Krar Collective de collaborer avec des artistes du monde entier. Parmi les 80 groupes triés sur le volet, citons tout de même Paul McCartney.

Le groupe sort son premier album en septembre 2012 intitulé Ethiopia Super Krar. Un condensé de musiques traditionnelles revisitées et de leurs propres compositions qui a été acclamé par les critiques musicales.

Première fois en tournée en Amérique du Nord, Temesgen témoigne : « Nous avons répété pendant plus de deux mois. Nous nous sentons plus que prêts pour partager la musique qui nous habite. »

Astatke est considéré comme un virtuose du krar. | Photo par Thomas Raggam

Astatke est considéré comme un virtuose du krar. | Photo par Thomas Raggam

Ode aux racines éthiopiennes

Considérée comme le berceau de l’humanité, l’Éthiopie est un des pays où l’on retrouve les plus anciens hominidés. C’est d’ailleurs sur le site d’Hadar que Lucy fut découverte en 1974. Histoire et traditions apparaissent comme des variables essentielles, incontournables pour tout artiste éthiopien. La fibre patriotique vibre constamment : l’Éthiopie est en effet le seul pays d’Afrique qui a su garder sa souveraineté lors du partage du continent au XIXème siècle.

On comprend bien alors le besoin de chanter les louanges de sa terre natale. « Nous chantons des chants traditionnels. La plupart parlent de notre culture, d’amour, mais surtout de notre pays. Nous évoquons à quel point l’Éthiopie est magnifique. »

Grâce à l’utilisation d’instruments traditionnels, tels que le krar ou le kebero, les racines du groupe sont mises à l’honneur.

Le krar puise son origine dans la nuit des temps : « La légende veut que le krar nous viendrait même du Roi David », raconte Temesgen. Instrument utilisé par les Azmaris éthiopiens, l’équivalent des bardes européens, le krar est intimement lié à la culture des ménestrels traditionnels qui passent d’un café à un autre aux sons de leur instrument et de leurs poèmes.

A la question de savoir si l’instrument est compliqué à apprivoiser, Temesgen s’emporte : « plus vous jouez, plus vous avez envie de jouer. » Zeleke maîtrise en effet finement l’instrument jusqu’à en faire sortir des pulsations plus contemporaines, des sons harmonieux qui s’apparentent à ceux d’une guitare électrique, par lesquels il hypnotise son public.

Le ballet de ses mains sur l’instrument tient aussi du spectacle : les cordes sont pincées, puis grattées en une cadence enchanteresse. C’est donc dans une forme de transe que la musique du groupe se construit et cherche à envoûter son audience. Les danseurs qui accompagnent la plupart du temps les musiciens sont les témoins visuels de l’émoi et de la frénésie que communiquent les sons de Krar Collective.

Quant au kebero, ce tambour à deux têtes, il servait traditionnellement à accompagner les anciennes célébrations religieuses de l’Église orthodoxe éthiopienne. Le groupe a su l’adopter et en tirer le meilleur parti pour sa base rythmique entêtée et frénétique.

Le maître mot : danser

Pour comprendre la musique du groupe, il faut ainsi la sentir et cela passe par la danse. Le concert s’inscrit ainsi parfaitement dans le mandat du Club PuSh.

Comme l’explique Emma Lancaster, du Festival PuSh, « nous avons cherché à construire un espace pour tous les évènements culturels qui ne rentraient dans aucune case. Le Club PuSh est beaucoup plus détente et est perçu comme le nœud social du festival où les gens peuvent discuter, danser, boire un verre, tout en assistant à la performance. »

Fiona Black, programmatrice artistique à l’Université Capilano, est celle qui a découvert le Krar Collective et les a mis sur la table lors de la sélection des artistes à venir. « J’ai été scotchée de voir l’énergie de ce groupe au Womex à Copenhague puis dans un autre festival en Norvège l’été dernier », témoigne-t-elle, « pour un trio, ils présentent un son très riche, très complet avec une approche contemporaine mais ancrée sur les traditions éthiopiennes. »

L’énergie et le groove du Krar Collective promettent ainsi d’être contagieux le 25 janvier prochain.

Krar Collective
Samedi 25 janvier à 22h
Club PuSh, Performance Works
1218 rue Cartwright, Granville Island
Billets : 20$, disponsible à BlueShore Financial Centre Box Office, 604-990-7810 ou www.capilanou.ca/centre

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Agenda

The Marvellous Real: Art From Mexico, 1926–2011
Du vendredi 10 janvier au dimanche 30 mars
6393 NW Marine Dr, Vancouver
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 17h (nocturne le mardi jusqu’à 21h)
Adulte : 16.75$
Etudiants et Seniors +65 : 14.50$
Nocturne (de 17h à 19h) : 9$

Le Musée d’Anthropologie de UBC invite à découvrir des œuvres de grands artistes mexicains qui ont marqué le XXème siècle. De Frida Kahlo en passant par Betsabeé Romero ou encore Dr Atl, les 54 œuvres exposées rendent compte de la vision fantasque, magique, voire surréelle qu’a inspirée le Mexique.

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Nouvel an chinois, l’année du cheval
Vendredi 31 janvier
3700 No 3 Rd., Richmond

Venez célébrer le nouvel an chinois et le passage à l’année du cheval. Se tiendront au Yaohan Centre à Richmond, des spectacles de danse, des feux d’artifice. Les performances débutent à 11 heures et sont gratuites pour tous.

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24 heures de ski à Grouse Mountain
Du 8 au 9 février
6400 Nancy Greene Way
North Vancouver
www.grousemountain.com/events/24-hours-of-winter-2014

La station de ski Grouse Mountain sera ouverte pendant 24 heures non-stop, laissant alors les adeptes de la glisse profiter jour comme nuit de ses pentes.
L’entrée à la station sera complémentaire du billet général d’admission ou des cartes de membres ou
Pass Ski.
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