« Cindy Sherman meets Dzunuk’wa » Collections privées et élan du cœur

Red, par Michael Nicoll Yahgulanaas. Aguarelle et encre sur papier. | Photo par Michael Nicoll Yahgulanaas.

Red, par Michael Nicoll Yahgulanaas. Aguarelle et encre sur papier. | Photo par Michael Nicoll Yahgulanaas.

Tandis que le paysage vancouvérois est d’une grisaille hivernale, le Satellite Gallery ouvre l’exposition Cindy Sherman meets Dzunuk’wa sur une mosaïque de lumière. L’événement, présenté du 14 février au 29 mars, offre un reflet éclectique et flamboyant de la collection d’art privée de Michael et Inna O’Brian.

C’est une première dans le monde des expositions. Quatre galeries d’art, notamment le Musée d’anthropologie de UBC, le Presentation House Gallery, le Charles H. Scott Gallery & Emily Carr University et le Morris and Helen Belkin Gallery, UBC, se sont unis pour collaborer à ce projet grandiose. Leurs conservateurs, les plus érudits de la Colombie Britannique, se sont concertés pour rechercher l’esthétisme et l’affinité dans la vaste collection d’art de Michael et Inna O’Brian. Un éventail de peintures, de photographies et de sculptures qui ne représentent toutefois qu’un tiers de la collection du philanthrope. Les œuvres qui seront présentées au public gravitent autour de thèmes variés.

Keith Wallace, conservateur au Morris and Helen Belkin Gallery précise : « Nous avons voulu créer une sorte de dialogue entre les œuvres. Leurs emplacements donnent l’impression qu’elles sont en mouvement et qu’elles se donnent la réplique. » Une approche à la fois affûtée et amusante. La sensation d’animisme est flagrante. Le spectateur est également transporté dans un voyage autour du monde.

Keith Wallace poursuit : « Nous avons voulu présenter au public les personnes qui soutiennent la fondation. Michael et Inna O’Brian contribuent énormément à la communauté des arts. C’est en quelque sorte projeter leur personnalité à travers la collection. » Comme quoi l’adage qui dit que « si l’écrivain ne s’écrit pas, son livre l’écrit », ne serait pas faux !

Dans le fond et dans la forme…

Pour l’homme d’affaires Michael O’Brian, l’aventure a débuté il y a une quarantaine d’années. Un pur jeu de circonstances. Il se confie: « L’un de mes clients, un mordu d’arts visuel, me dévoile sa collection lors d’un voyage. Je faisais là ma première découverte des œuvres de Jean-Paul Riopelle, artiste canadien de souche francophone. Ce serait également la première œuvre que j’aurai achetée. Toutefois, j’ai dû me séparer du tableau peu après son acquisition. Depuis, je n’ai plus jamais vendu aucune de ses œuvres. »

Collectionner des objets d’art coûte très cher. Michael O’Brian attrape le virus très vite quoi qu’il n’achète pas beaucoup. Lors de ses voyages, il se plaît à découvrir et contempler cet univers fascinant qu’est l’art. Il constate que celui-ci reflète en filigrane l’histoire d’un pays et de son peuple. Il lance: « En contemplant les objets, je découvre la quintessence du message que l’artiste a voulu transmettre. Celui-ci est souvent éloquent. » Il rejoint dans ses propos l’écrivain Gustave Flaubert qui affirmait que « L’artiste doit être dans son œuvre comme Dieu dans la création, invisible et tout-puissant; qu’on le sente partout mais qu’on ne le voie pas. »

Michael O’Brian se focalise beaucoup sur l’art contemporain de l’Amérique du Nord, du Canada et celui des Autochtones. Il sillonne le monde depuis des années avec la galerie d’art de Vancouver, se laissant séduire par les découvertes merveilleuses. Il poursuit : « Ma femme partage ma passion pour l’art plastique, donc on fait un choix commun. Quand je choisis une œuvre, j’aime bien découvrir l’artiste qui l’a créée, notamment si celui-ci est toujours là». En effet, très souvent, l’amitié se développe entre l’artiste et le propriétaire au fil des années.

La Colombie-Britannique : parangon de l’art contemporain

On ne peut s’empêcher de constater que l’exposition fait honneur à beaucoup d’artistes de la Colombie-Britannique. En effet, la province dispose des meilleurs photographes et leur influence sur le monde de la photographie est remarquable. Michael O’Brian ajoute : « Si vous allez n’importe où dans le monde, la Colombie-Britannique est sur la carte, compte tenu du calibre de ses artistes. Nous pouvons être fiers d’eux. »

L’homme d’affaires et philanthrope affectionne le lien de partage. Homme pragmatique qui a les pieds sur terre, il est doté d’une générosité hors-pair. Il répond favorablement à chaque fois qu’on le sollicite. Il conclut sur une note philosophique amenant à la réflexion : « alors que les œuvres d’art peuvent durer très longtemps, notre passage sur cette terre n’est qu’éphémère. Rien ne nous appartient en définitive. C’est pour cela que le partage est si important et que cela procure une joie immense. L’art n’est pas un investissement mais un point de partage. »

Ainsi, les spectateurs ne pourront qu’être conquis par la qualité de cette exposition conçue avec l’élan du cœur.

Cindy Sherman meets Dzunuk’wa from the Michael and Inna O’Brian Collection
14 février à 29 mars
Satellite Gallery, 560 rue Seymour, 2nd Floor, Vancouver
www.satellitegallery.ca