Chutzpah 2014 Novateur et surprenant !

02joy du chorégraphe Richard Siegal. | Photo de Chutzpah!

02joy du chorégraphe Richard Siegal. | Photo de Chutzpah!

C’est un rituel qui revient depuis 14 ans à chaque fin d’hiver: le festival Chutzpah perpétue la tradition culturelle de Vancouver. Et comme d’habitude, cet événement artistique couvre maintes disciplines, de la danse au théâtre jusqu’aux arts de la scène tels que la musique, sans oublier la littérature. Retour sur ses origines.

Les origines du mot Chutzpah (se prononce hoo-tz-pah), de l’hébreu ‘hutzpah’ qui étymologiquement signifiait une insolence, une audace, bonne ou mauvaise, avait une connotation plutôt négative puisqu’il faisait référence à un acte effronté, effectué sans regret ni remords et commis sous l’oeil ébahi d’un interlocuteur.

Étrangement, dans le monde des affaires, ce mot renvoyait plutôt à un esprit de courage, d’ardeur individuelle et personnelle, une sorte de motivation qui jaillit de l’intérieur.

Fait intéressant, du côté islamique, ce mot s’associe plutôt à un profond sens de jugement et d’équilibre.

Ce serait plutôt cette interprétation de Chutzpah que le temps a retenu et qui, de nos jours, est célébrée à travers le monde. Selon la directrice de ce festival depuis une belle décennie, Mary-Louise Albert, ce qui revigore ce festival et explique son succès international, c’est bel et bien cet esprit d’insolence et d’innovation dans l’expression artistique qui recouvre plusieurs disciplines.

And at Midnight, the Green Bride Floated Through the Village Square...  du chorégraphe Barak Marshall | Photo de Chutzpah!

And at Midnight, the Green Bride Floated Through the Village Square… du chorégraphe Barak Marshall | Photo de Chutzpah!

 

La saison 2014, riche en découvertes, s’ouvre avec la présentation de BodyTraffic, une jeune troupe de danse basée à Los Angeles, qui expose en première mondiale sa plus récente création. Fondée en 2007 par deux danseurs professionnels d’origine new yorkaise, Lillian Rose Barteito et Tina Finkelman, qui collaborent avec divers chorégraphes internationaux pour  créer leur répertoire, BodyTraffic s’est rapidement imposée dans le monde de la danse avec son style accessible, la qualité de son travail et la diversité de ses danseurs qui partagent tous une passion profonde pour leur art. Leur but commun : imposer Tinseltown comme une plaque tournante dans le monde de la danse contemporaine.

Ce qui rend pourtant leur spectacle si spécial et intense, ce sera cette collaboration avec Hofesh Shechter, le chorégraphe israélien qui vit aujourd’hui à Londres. Il revient après une absence (depuis 2009), quand il avait ébloui le public avec son spectacle choc Uprising présenté par la compagnie de production locale DanceHouse.

Disons le franchement : Shechter est un maître de la danse contemporaine ! Dès les premiers instants de sa chorégraphie, le spectateur se trouve happé par un spectacle d’une extrême intensité physique, allié à la précision quasi mathématique de la mise en scène, de la lumière et du son. Shechter brouille les pistes en jouant sur la corde raide entre la tendresse et de soudaines explosions de violence. S’ajoute à tout cela une énergie de pure expression corporelle par des danseurs, à première vue des ‘gens bien ordinaires’, d’une flexibilité qui semble défier la gravité. Une pièce de Shechter est une expérience viscérale d’un érotisme ambivalent, un spectacle extrêmement stylisé où s’agitent des spasmes de délire contrôlé, où les danseurs se séduisent et s’affrontent. En complément, Hofesh, compositeur accompli, signe lui-même la trame musicale de sa chorégraphie.

À la recherche de  la beauté absolue

Oeuvre entre la noirceur et la lumière, telle une beauté gothique, l’oeuvre de Hofesh Shechter est aussi une exploration de la dualité, une recherche qui vise à la fois l’humanité, les cultures et la politique, sans oublier une étude des mécanismes qui alimentent les remous sociaux du monde d’aujourd’hui. Entre la réalité et le théâtre, cette représentation d’un ‘espace ambigu’, son style est à la fois connexion et séparation. Sa vision est un spectacle surprenant qui provoque et envoûte, un ballet ‘enragé’ un peu à l’image de notre société chaotique qui revisite le pourquoi et le comment de la danse contemporaine.

Body Traffic : 02joy du chorégraphe Richard Siegal et And at Midnight, the Green Bride Floated Through the Village Square… du chorégraphe Barak Marshall
Du 22 au 24 février
Norman & Annette Rothstein Theatre,
950, 41è ave Ouest, Vancouver

Chutzpah 2014
14e Festival annuel.
Lisa Nemetz International Jewish Performing Arts Festival
Du 22 février au 9 mars
www.chutzpahfestival.com