Les bibliothèques forment des champions pour promouvoir leurs services

Tout ce dont vous avez besoin pour un meilleur avenir et le succès a déjà été écrit. Et devinez quoi ? Tout ce que vous devez faire c’est d’aller à la bibliothèque ! » Cette affirmation de Henri Frédéric Amiel, écrivain et philosophe, laisse penser que le New to BC, Urban Libraries Settlement Partnership Project, s’en est inspiré, en esquissant le projet Library Champions.

L’idée de ce programme date de 2012 lors des tables rondes réunissant divers organismes et ministères, dont ceux de l’Emploi, de l’Éducation, de l’Immigration et du Multiculturalisme. Il en découlait que les bibliothèques pourraient, en effet, servir de pivot pour aider l’intégration des nouveaux immigrants. L’idée s’est concrétisée et un schéma directeur a été mis en place, échelonné sur une période d’un an. Dix-neuf établissements sont identifiés dans cette
conjoncture.

Le projet est d’autant plus ambitieux que les bibliothèques de la ville sont peu fréquentées par les nouveaux immigrants. Beaucoup d’entre eux ne maîtrisent pas ou peu l’anglais. D’autre part, le concept des prêts de livres leur est méconnu et n’est pas dans les mœurs de leur pays d’origine. Nombreux sont ceux qui se leurrent dans l’illusion que les bibliothèques ne sont réservées qu’aux personnes instruites. Ils ignorent que le service est gratuit. Ainsi, les nouveaux arrivants réagissent timidement auprès des campagnes promotionnelles des bibliothèques. Pour les mettre en confiance, il paraissait judicieux de leur présenter des personnes ayant les mêmes origines culturelles ou linguistiques, des bénévoles nouvellement installés en Colombie-Britannique et formés comme ambassadeurs. Ils sont issus de toutes les communautés confondues et prennent le relais pour les informer de la multitude de services proposes.

Pluie du matin n’arrête pas le pèlerin…

En juin 2013, le premier groupe de « missionnaires » part sur le terrain. Ils s’engagent pour trois mois, la durée du programme. Ils participent aux ateliers d’informations et apprennent à devenir autonomes afin de promouvoir les bibliothèques. Ils sillonnent les quartiers de la ville, munis de fiches techniques, rédigées en plusieurs langues.

  Bénévoles enthousiastes du programme Library Champions. |Photo de NewtoBC

Bénévoles enthousiastes du programme Library Champions. |Photo de NewtoBC

Branka Vlasic porte l’étendard de coordonnatrice du projet. Celle qui encadre les bénévoles se confie : « C’est merveilleux de voir l’enthousiasme avec lequel les gens s’impliquent dans cette aventure. On aura formé 360 champions en une année. Toutefois, les défis sont nombreux. L’approche communautaire n’est pas tâche facile. Souvent, les gens refusent de communiquer avec les bénévoles. A d’autres moments ils sont plus directs et manifestent leur frustration de ne pouvoir trouver du travail. »
Toutefois, ils se ravisent vite en prenant conscience que les champions ne sont que des bénévoles et qu’ils œuvrent à leur ouvrir des perspectives. Ils deviennent alors plus coopératifs.

Ces bénévoles saisissent chaque occasion qui se présente pour communiquer avec la communauté. Les lieux de culte, les rencontres interculturelles ou encore les classes d’anglais (ESL) sont des endroits de prédilection. Des lieux insolites tels que les grandes surfaces prêtent également au jeu. L’improvisation est de rigueur. Ils sont aux aguets et prêts à intervenir ! Ruby Hu, ancienne bénévole championne relate l’une de ses rencontres : « Un jour je faisais mes courses dans un supermarché chinois, j’ai rencontré une dame avec son enfant en bas âge. En faisant un brin de causette avec elle, j’ai appris qu’elle venait chaque jour dans ce supermarché y passer des heures. Les journées d’été, elle fuyait son minuscule appartement, devenu inconfortable. Le supermarché disposait de l’air conditionné et l’enfant pouvait se distraire parmi les rayons. J’ai saisi l’occasion pour lui présenter la bibliothèque. Je les ai accompagnés à l’inscription. » Ruby Hu est heureuse de savoir que cette dernière y va régulièrement. L’enfant se plaît énormément au coin récréatif. Le programme permet de tisser des liens. Ruby Hu avoue que l’amitié créée avec les interlocuteurs au carrefour de cette aventure a été le facteur de motivation et lui a permis de vaincre les obstacles. « J’ai plus de confiance en moi et je me sens valorisée. L’intégration dans la vie canadienne est plus souple. »

Une toile aux couleurs de la technologie de pointe

 

Ce projet met également l’accent sur la panoplie des ressources disponibles sur le site web. Les livres électroniques, les liseuses ou bien les journaux étrangers ne sont que quelques facettes de la richesse informatique dont disposent les bibliothèques. Les bénévoles disséminent ces informations et encouragent l’usage de toutes les ressources gratuites.

Isabelle Bloas s’est jointe au programme en janvier. Ayant évolué professionnellement dans
un milieu bibliothécaire et d’archives en France et à Montréal, ce programme lui sied comme un gant. Elle ne cache pas son enthousiasme : « c’est un milieu que j’affectionne. En plus, cela m’a permis de découvrir un environnement anglophone. J’apprécie beaucoup le côté multiculturel et le communautarisme. Ce partage me permet de comprendre le fonctionnement de chaque culture. C’est une expérience enrichissante. »

S’il n’y a pas de médailles en jeu dans cette aventure, la joie du partage vaut largement la chandelle.