Un humour noir qu’il faudra mettre au rancart

Justin Trudeau, leader du PLC. | Photo de Justin Trudeau

Justin Trudeau, leader du PLC. | Photo de Justin Trudeau

Décidément, l’humour ne sert pas très bien le chef libéral Justin Trudeau. Je ne le connais pas personnellement, donc je ne sais pas s’il est drôle en privé. Peut-être. Tant mieux pour lui si c’est le cas : l’humour joue un rôle si important dans la santé des individus. Toutefois, pour ce qui est de ses tentatives à faire rire lorsqu’il trempe dans les affaires internationales, son humour est assez noir, c’est la seule conclusion que l’on puisse tirer à l’entendre.

On se rappellera qu’à un évènement de levée de fonds de son parti il y a quelques semaines, il a déclaré une certaine admiration pour le système politique chinois. Devant les rires jaunes provoqués après que les médias se soient emparés d’extraits de son discours, il a tenu à préciser que le tout n’était qu’une blague. Plusieurs lui ont donné le bénéfice du doute.

Mais voilà qu’il vient d’en remettre. Cette fois, ce n’était pas dans une rencontre entre amis, mais à Tout le Monde en Parle, l’une des émissions les plus regardées au Québec. Rien de moins. Parlant de la situation tragique en Ukraine, il a dit que la Russie pourrait intervenir dans le conflit en raison de la mauvaise humeur de ses dirigeants après avoir perdu au hockey lors des Jeux Olympiques. Devant la réaction perplexe de l’animateur, monsieur Trudeau n’a pas aidé sa cause, reconnaissant lui-même qu’il tentait d’injecter un peu d’humour dans une situation extrêmement grave.

C’est cela qui est troublant dans son comportement. Il avoue lui-même qu’il a voulu injecter un peu d’humour devant une tragédie humaine qui n’a rien de drôle. Plusieurs dans son parti doivent se demander comment son jugement peut faire défaut à ce point. Pas une fois, avec l’exemple de la Chine, mais deux avec le plus récent. Et, dans les deux cas, avec en toile de fond des situations humaines troublantes.

Pour les partis d’opposition, c’était une sorte de cadeau du ciel. Après un congrès du Parti libéral du Canada ayant reçu une assez bonne couverture médiatique, et qui a mis en lumière le chef libéral de façon assez sympathique, il a servi à ses opposants des munitions sur un plateau d’argent. On peut dire qu’il rend vraiment la vie des conservateurs plus facile. Surtout lorsque l’on considère qu’un élément central de leur stratégie face au chef libéral c’est de répéter constamment aux Canadiens que l’on ne peut le prendre au sérieux.

Pour l’heure, il faudra donc que ses conseillers s’assurent qu’il ait en mains un scénario bien défini lorsqu’il se présente devant les médias, question d’éviter ce genre d’improvisation qui ne leur attire que des problèmes. Et tant qu’à y être, ils voudront aussi revoir leur façon de venir à sa rescousse.

C’est parce que pour le défendre, on a envoyé aux barricades le député Marc Garneau. Pas un mauvais choix puisque celui-ci a une solide réputation. Toutefois, ses explications n’ont pas vraiment aidé la cause du chef. Il a voulu minimiser la bévue en précisant qu’il fallait tenir compte du contexte de l’intervention, soit une émission qui fait plutôt dans le divertissement.

Mais voilà le cœur du problème. Le contexte n’a pas d’importance. Lorsque l’on se considère comme étant prêt à occuper le fauteuil du Premier ministre, on ne peut jamais baisser ses gardes. Nombreux sont les sondages qui le confirment. La faiblesse de Justin Trudeau, c’est que nombreuses sont les personnes qui considèrent qu’il n’est tout simplement pas prêt pour les responsabilités qui viennent avec le poste.

Est-ce que l’on aura droit au « jamais deux sans trois ? »

Justin Trudeau, leader du PLC.

Photo de Justin Trudeau