Une identité plurielle ou fragmentée?

Rendez-vous de la Francophonie – Réflexions d’étudiants de SFU – Sous la direction de Julie Hauville

Photo par Spiva Arts

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T’es français toi, non ? » Comment répondre à cette question ? Comme beaucoup d’autres jeunes Canadiens, les étudiants d’immersion française ressentent une identité culturelle divisée. La population immigrante et la nature bilingue du pays contribuent à créer un conflit d’identité parmi notre génération. Les descendants d’immigrants essaient de trouver un équilibre entre leurs origines et leur identité canadienne; de plus, les élèves d’immersion française ressentent un lien solide avec les traditions québécoises même s’ils ne sont pas francophones d’origine.

Une génération divisée
L’immigration fait partie de l’histoire canadienne dans une grande mesure, jusqu’au point où l’identité canadienne est basée sur le multiculturalisme. Notre génération de jeunes est un produit de cette manière de penser ; nous sommes des descendants d’immigrants, et notre identité est partagée entre nos racines et la culture canadienne. Nous vivons cette identité partagée différemment dans les divers aspects de notre vie. Par exemple, on peut parler l’anglais avec ses amis, le français à l’école et l’allemand à la maison. Dans une situation comme celle-ci, toutes ces trois cultures existent à différents niveaux de la vie, pour former une vision du monde plus ouverte et plus complexe qui ne se lie pas à une seule culture. Nous avons des traditions à partir de toutes ces cultures; parfois, celles-ci sont en conflit avec le monde qui nous entoure. Par exemple, les fêtes du Nouvel An chinois arrivent bien après que la plupart des Canadiens aient déjà fêté l’arrivée du jour de l’An. Il est difficile de pratiquer le Ramadan dans un pays où tout ferme tôt. Les jeunes se voient donc souvent partagés entre plusieurs identités culturelles – ils s’identifient à la fois à la culture canadienne et à leurs origines ethniques.

Des étudiants du biculturalisme

Au sujet des identités partagées, un groupe intéressant à analyser est constitué par les étudiants qui suivent des études dans les deux langues officielles. Qu’importe leurs origines, ces étudiants s’identifient à la culture qu’on leur a enseignée à l’école. Un bon exemple de cette « culture apprise » est l’appréciation des étudiants d’immersion française en Colombie-Britannique pour le Carnaval de Québec, même s’il se passe de l’autre côté du pays. Nous adoptons des traditions qui font partie de notre enfance autant que celles de nos traditions d’origine. Alors se pose la question de savoir où se place cette adoption des traditions canadiennes francophones dans notre identité culturelle en tant que Canadiens anglophones.

Le Canada est un pays d’immigrants, un pays jeune qui n’a pas encore formé sa propre identité nationale. Nous, les jeunes canadiens et la jeune génération, sommes nés des conflits qui existent entre les différentes cultures que nous rencontrons au sein de notre quotidien. A partir de ces conflits, nous construisons une nouvelle image de l’identité canadienne qui se constitue d’un mélange multiculturel. Chaque individu s’identifie d’une manière différente, qu’il soit bilingue, sino-canadien, francophone ou venant de n’importe quelle autre minorité nationale. Mais finalement, peut-être que c’est cela l’identité canadienne.

Danielle, Linda et Tannis sont toutes les 3 des élèves du Programme de la cohorte de Français de l’Université Simon Fraser.

Un enjeu moderne

La diversité est au cœur de l’identité provinciale de la Colombie-Britannique de nos jours. Néanmoins, le sujet de la diversité culturelle est souvent remis en question par les politiciens et la population en général. Même si il y a des valeurs auxquelles nous nous identifions comme Canadiens, c’est évident que la question du multiculturalisme est controversée.

Le débat courant

En analysant le côté positif de cet enjeu, nous voyons qu’ici à Vancouver, nous avons le monde à portée de la main. Cette mixité apporte avec elle une prise de conscience des cultures du monde. Premièrement, en interagissant avec des gens d’origines diverses, nous adoptons une reconnaissance générale des autres au sein de notre société. Nous nous définissons toutes et tous comme Canadiens et Canadiennes. Même si nous tenons à nos propres traditions culturelles, nous les unifions pour créer une identité uniforme. Notre culture devient très riche grâce au fait que nous sommes constamment entourés de diversité ainsi que de langues étrangères et ceci est apprécié au lieu d’être condamné. En vivant ici, la manière dont nous voyons le monde et les autres est enrichie. On devient en fait plus ouverts grâce au fait que nous apprenons à accepter les autres avec leur identité.

Diversité, fragilité?

Par ailleurs, même s’il y a tous ces aspects positifs communs, croyez-le ou non, dans certains cas, la diversité pourrait être un désavantage. En fait, en étant si multiculturels, les jeunes immigrants risquent de perdre leurs racines car ils sont entourés de cultures différentes des leurs. Pour illustrer ce fait, nous voyons que parfois les enfants qui grandissent ici ne s’identifient nulle part. De plus, il devient de plus en plus difficile pour les gouvernements provinciaux et aussi pour le gouvernement fédéral de préserver l’harmonie à ce sujet. Il est quasiment impossible de faire en sorte que tout le monde soit content en tout temps. Par exemple, on voit souvent des conflits qui se produisent dans la sphère religieuse lorsque les gens luttent pour avoir plus de libertés. En outre, à cause des coutumes qui se mélangent, des malentendus peuvent se produire. C’est la raison pour laquelle nous devons être patients les uns envers les autres et essayer de nous comprendre.

C’est évident qu’avec un brassage de cultures le monde est en perpetuelle évolution. Même si nous pouvons respecter et même apprécier nos différences, nous devons toujours faire preuve de respect envers les lois de notre pays, des lois qui sont faites en accord avec les valeurs de tous les citoyens. Il est toujours important, en tant que patriotes, de se souvenir des aspects culturels que nous partageons tous.

Kia, Diana, Nina, Travis, Magnolia