L’humour, dernière arme pour Barack Obama?

On aura tout vu. Le Président des États-Unis, un poste qui fait de l’occupant la personne la plus puissante du monde libre, en est rendu à devoir plaider sa cause dans une parodie pour tenter de sauver les meubles de sa réforme de la santé. Mais peu importe. À court terme, la stratégie semble avoir porté ses fruits. Du moins pour son objectif initial.

Si vous n’êtes pas au nombre des millions de personnes qui l’ont déjà visionné, vous devriez prendre quelques minutes pour regarder cette vidéo du président Barack Obama participant à l’émission humoristique Between Two Ferns, une parodie des talk-shows américains animée par le comédien Zack Galifianakis et qui est diffusée en ligne sur le site funnyordie.com.

Illustration par Donkey Hotey, Flickr

Illustration par Donkey Hotey, Flickr

Cette approche du président et de ses conseillers en communication a eu l’effet désiré. Même si l’émission est reconnue pour poser des questions embarrassantes à ses invités, et Obama n’y a pas échappé, l’idée centrale était avant tout de faire la promotion du site web pour la nouvelle assurance-maladie aux États-Unis, mieux connue sous son appellation Obamacare. En ce sens, le message est passé. On a rapporté qu’au moment où l’interview bidon a été mise en ligne, des dizaines de milliers de personnes ont visité le site web en question.

Mais la présence du président Obama à cette émission met en lumière une facette un peu moins reluisante de la présidence sous Obama. Elle nous rappelle que le président a, depuis son élection en 2008, connu bien peu de succès dans ses politiques publiques. Règle générale, on peut conclure que, plus souvent qu’autrement, son message n’est pas passé au sein de la population américaine.

On a bien beau le vanter pour ses talents d’orateur hors-pair, une qualité quand même importante, cela n’est pas suffisant lorsque l’on siège aux plus hauts échelons du système politique américain. Le leadership est beaucoup plus que des discours merveilleusement lus à un public ébahi.

Ce que je retiens de sa présidence, c’est cette image du coureur sur un tapis roulant qui, bien que faisant preuve d’un grand effort, ne fait finalement que du surplace. Il a eu bien du mal à imposer un rythme à sa présidence et à faire aboutir les grands dossiers qui lui ont tenu à cœur, sa réforme de la santé en premier lieu. Il en est de même sur la scène internationale. Le récent épisode de l’intervention russe en Ukraine en dit long. Le président a été complètement repoussé du revers de la main par Vladimir Poutine. Cela démontre bien que de vouloir changer le ton les affaires internationales, comme il l’a évoqué si souvent durant sa campagne présidentielle de 2008, et de vouloir jouer le gars sympathique avec les dirigeants des grandes puissances permet peut-être de recevoir un prix Nobel de la paix, mais fait bien peu pour régler les crises politiques.

Toutefois, il faut admettre que ce passage du président Obama à cette émission est en quelque sorte un tournant dans les communications politiques. Cette opération calculée de la Maison-Blanche pour capter l’attention des plus jeunes électeurs a ceci de particulier qu’elle n’a pas fait appel aux médias traditionnels, préférant avant tout un site web. C’est peut-être pourquoi certains journalistes des grandes chaînes américaines ont réagi négativement à cette façon de faire.

Les élections américaines de mi-mandat l’automne prochain risquent de faire perdre le contrôle du Sénat aux Démocrates. Le vote des jeunes jouera un rôle stratégiquement très important. De toute évidence la campagne est lancée.