Contrastes

Image de Vancouver. | Photo par ecstaticist, Flickr

Image de Vancouver. | Photo par ecstaticist, Flickr

Je suis arrivée à Vancouver en mars de cette année, mon permis Vacances-Travail en poche. Je connaissais Montréal et Québec, et j’étais d’ores et déjà un peu refroidie par leur climat glacial. En tant que bretonne, la pluie ne me faisait pas peur, et j’ai donc décidé de m’installer pour un temps dans « l’autre Finistère », cette grande ville, encore méconnue en France, de l’Ouest canadien. Il est vrai que je me suis très vite sentie à mon aise dans ces grands espaces, et j’ai été frappée par la multiplicité des perspectives, aussi bien dans les paysages que dans les représentations culturelles. La première chose qui m’est venue à l’esprit était alors l’idée de « contrastes ». Contrastes naturels. Contrastes culturels. Contrastes structurels.

Lorsqu’il ne pleut pas – et cela arrive à mon grand plaisir bien plus souvent qu’on ne pourrait le prétendre –, Vancouver est une ville très agréable à arpenter à pied. En tant que simple piéton, il est possible d’appréhender la ville d’une belle manière, et de mieux découvrir et savourer les contrastes qui la composent. Plus libre de s’arrêter, plus libre d’observer, plus libre d’écouter. Apercevoir le pic enneigé d’une montagne au détour d’une rue de Chinatown, s’inspirer de l’air iodé du Pacifique au pied d’un édifice en verre. S’étonner de voir des étoiles de mer à bord d’un kayak à False Creek, s’amuser des perspectives créées par les paquebots et les montagnes sur la plage de Kitsilano. Contrastes naturels, donc, qui semblent pourtant créer une harmonie unique et si séduisante.

Vancouver s’épanouit également dans la pluralité de ses cultures. Ville américaine, par la majesté de ses édifices. Ville canadienne, par l’immensité suggérée de ses paysages, entre imposantes chaînes de montagnes et océan Pacifique. Ville asiatique, avec ses Japadogs et ses stands de poissons séchés dans Chinatown. Ville européenne, dans l’intimité de petits cafés « à la Berlinoise » comme à Mount Pleasant ou sur Commercial Drive. Des contrastes culturels qui se retrouvent sur les visages des Vancouvérois, dans les musiques choisies par les restaurants et cafés, sur les noms de rues écrits en anglais et en mandarin, dans les conversations sur les trottoirs résonnant dans toutes les langues.

Mais Vancouver révèle également des contrastes structurels. Une ville d’apparence riche, saine, énergique. Difficile en effet de compter le nombre de coureurs croisés lors d’une promenade sur le Seawall, ainsi que les luxueuses limousines du Downtown les vendredis et samedis soirs. Pourtant, la ville possède également une face plus sombre, à l’abri des regards. Nombre de Vancouvérois vous déconseilleront la fameuse East Hastings Street, où semblent avoir été mis de côté les marginaux, drogués et sans-abris de la ville. Comme si cette réalité ne devait pas transparaître et « tacher » la réputation de l’une des villes les plus agréables du monde…

Ce serait donc cela Vancouver, une superposition de strates culturelles. La sédimentation de différentes mémoires ethniques et sociales qui en font un espace si contrasté, mais si unique et authentique pour une ville aussi jeune. C’est pour cela qu’il m’est tellement agréable de m’y promener. Chaque quartier, chaque rue peut être une découverte de ces mélanges, un terrain d’observation et d’intégration. Les contrastes résonnent à Vancouver, miroitent dans le verre des édifices, s’entrechoquent, s’entremêlent parfois et font de cette ville une expérience unique.