Quand le théâtre s’invite dans les cours d’école

Photo par Moonrider Productions

Photo par Moonrider Productions

En utilisant le théâtre comme média pour s’adresser aux écoliers du primaire et du secondaire, le Green Thumb Theatre souhaite aider les plus jeunes à franchir les obstacles qui jalonnent leur quotidien. La compagnie propose un théâtre éducatif, sans condescendance, où le respect du spectateur est au cœur de chacune des œuvres : ou comment éduquer, sans faire la morale.

Cela fait près de 40 ans que le Green Thumb Theatre sillonne les routes de Colombie-Britannique et d’ailleurs. La compagnie va d’école en école et interpelle, grâce à ses créations, sur les sujets qui touchent la jeunesse. Patrick McDonald en est le directeur artistique depuis 1988. Il assure que les jeunes d’aujourd’hui ont les mêmes préoccupations que ceux d’il y a 20 ou 30 ans. Pour lui, « c’est plutôt leur environnement qui a évolué. Par exemple, la pièce Tagged parle des dérives que l’on peut voir sur les réseaux sociaux. ».

L’occasion d’évoquer le cyber harcèlement

Sur les planches du Green Thumb, on parle sans langue de bois de thèmes aussi divers que la sexualité, l’estime de soi, la famille, ou la consommation de drogue et d’alcool, mais aussi de la différence et du rejet d’autrui. « Nous cherchons avant tout à provoquer une réflexion chez nos spectateurs. On parle de situation auxquelles ils ont pu être confrontés ou pourraient bientôt l’être. Nous devons construire des personnages auprès desquels ils peuvent s’identifier », souligne Patrick McDonald.

Pour provoquer le débat, l’équipe du Green Thumb mise sur l’impact émotionnel du théâtre sur le spectateur. Performance et proximité des acteurs rendent plus floue la frontière entre fiction et réalité, Le théâtre fait ainsi office de média idéal pour délivrer des messages forts au public, tout en sollicitant son sens critique. C’est justement cette volonté de solliciter la capacité d’analyse de l’auditoire qui, selon Patrick McDonald, distingue la compagnie : « La plupart des pièces de théâtre éducatif veulent donner des leçons avec une approche très manichéenne – les bons d’un côté et les méchants de l’autre – et où le happy ending est de rigueur. Malgré leur jeune âge, les spectateurs sont intelligents, une vision si simpliste de la réalité ne les intéresse pas. »

Des tournées exigeantes

Certaines créations du Green Thumb tournent parfois durant seize semaines, à raison de deux représentations par jour. Un rythme effréné auquel doivent s’adapter les artistes :
« Nos acteurs sont tous des professionnels. Lors des auditions, nous évaluons non seulement leur talent, mais aussi leur capacité à s’intégrer au sein d’une équipe, à résister à la pression. »
Le public jeune n’est pas non plus réputé pour être l’un des plus faciles. S’il s’ennuie ou si les acteurs ne sont pas au niveau, cela se remarque en général assez rapidement : « Ces tournées sont un défi pour certains acteurs, elles leur permettent de mieux connaître leur réel potentiel. »

C’est aussi dans ces tournées que le projet du Green Thumb prend tout son sens. Selon Patrick McDonald : « L’impact des pièces sur le public est bien plus important lorsque nous jouons dans des zones rurales. » Il semblerait en effet qu’il soit plus facile d’assumer ses différences dans une grande ville, où la diversité entre les individus est plus importante que lorsque l’on vit dans des territoires plus reculés.

Les jeunes sous les feux de la rampe

Le projet "The Edge Academy" donne la parole aux jeunes comédiens. | Photo par Mark Haliday

Le projet “The Edge Academy” donne la parole aux jeunes comédiens. | Photo par Mark Haliday

Si l’arrivée des vacances scolaires annonce la fin des tournées pour les spectacles du Green Thumb Theatre, la compagnie prépare déjà la rentrée. En septembre, l’une des nouveautés sera The Edge Academy, une troupe de comédiens scolarisés en 11e et 12e année dans trois établissements vancouvérois : « Chacune de ces écoles répond à des caractéristiques démographiques différentes. Nous souhaitons qu’il y ait de la mixité au sein de la troupe, que des jeunes de différentes origines puissent se rencontrer », raconte Patrick McDonald. Ils travailleront tout au long de l’année scolaire sur une création originale, pour une première représentation publique au printemps 2015.

La première partie des auditions s’est déroulée ce 1er juin et ce sont au total douze comédiens en herbe qui vont participer au projet. À eux, comme à l’ensemble de l’équipe du Green Thumb, on leur dit un grand… Merde !

www.greenthumb.bc.ca
www.greenthumbtheatre.blogspot.ca
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