Les Réunionnais de Colombie-Britannique

mapMini-série 2/2 « À la rencontre des Mascarins »

Ils ont quitté l’océan Indien pour la Côte Ouest du Canada. Après l’île Maurice dans notre dernière édition, place à l’île de la Réunion, un département français qui fait aussi partie de l’archipel des Mascareignes. Qu’ils soient Réunionnais de naissance, d’adoption ou d’origine, ceux qui ont élu domicile en Colombie-Britannique ne peuvent oublier leur île.

C’est d’abord la nature, intense et sauvage qui a fasciné Valérie Saunier lorsqu’elle s’est installée en 1992 à La Réunion avec son mari Pascal. Tous deux métropolitains d’origine, c’est le désir de voir du pays, mais aussi des raisons professionnelles, qui les ont poussés à s’installer en plein cœur de l’océan Indien. « Nous n’avions jamais entendu parler de l’île de La Réunion », précise Valérie Saunier. « Nous avions 25 ans, on s’est dit : Allons-y ! J’en avais assez de Paris à l’époque, je rêvais de voyager. » Amateurs d’activités de plein air, ils n’ont pas été déçus par les paysages réunionnais. « Nous avons beaucoup apprécié la nature extrême et luxuriante. Extrême, car très dure : les randonnées sont à flanc de montagne, les sentiers sont très escarpés. Même chose pour la plongée sous-marine : on l’appelle l’île intense et ce n’est pas un hasard ! »

Célia et Eléa, les deux filles de Valérie et Pascal Saunier, sont toutes deux nées sur l’île de La Réunion.

Célia et Eléa, les deux filles de Valérie et Pascal Saunier, sont toutes deux nées sur l’île de La Réunion.

Quelques années après la naissance de leurs deux filles sur place, l’appel du large se fait à nouveau sentir. Après un bref retour en région parisienne, la famille met le cap vers le Québec où elle restera onze ans, puis vers la Colombie-Britannique en août 2011. « J’ai été subjuguée par la nature, souligne Valérie, ressentir sa force m’a beaucoup aidé à rester à Vancouver car il y a eu le barrage de la langue. On ne connaissait personne non plus. Mais je me suis sentie plus à l’aise qu’au Québec. »

L’océan, la montagne et la végétation

C’est aussi un changement de vie que recherchait Marie-Noëlle Pasquet lorsqu’elle est venue s’installer sur la côte Pacifique du Canada avec sa famille. Pour cette Réunionnaise résidant alors depuis 17 ans près de Paris, Vancouver a été comme une évidence. « Ayant vécu pendant très longtemps en région parisienne, je me suis aperçue en vivant ici que je n’appréciais plus Paris », explique Marie-Noëlle Pasquet. Arrivés à Vancouver, nous avons eu une vie beaucoup plus calme, entourés de montagne et de mer, ce qui m’a rappelé La Réunion ! »

Marie-Noëlle Pasquet s’est installée en Colombie-Britannique en famille après avoir vécu de nombreuses années en région parisienne.

Marie-Noëlle Pasquet s’est installée en Colombie-Britannique en famille après avoir vécu de nombreuses années en région parisienne.

Aujourd’hui éducatrice de jeunes enfants, elle retourne aussi souvent qu’elle le peut sur son île natale. « J’ai grand plaisir à retrouver ma famille quand je retourne à La Réunion. Je me suis rendu compte que cela me manquait beaucoup une fois sur place, de voir tout simplement des champs de canne à sucre, les odeurs, les marchés… mais aussi les montagnes, les randonnées que l’on peut faire et puis la nourriture bien sûr ! Particulièrement le carry de canard, le civet de lapin ou le carry ti Jacques-boucané. »

Une double identité
Réunionnais de deuxième génération né à Lyon en métropole, Teddy Kybio garde toujours un lien très fort avec la culture transmise par ses parents. « Mon père est originaire de Sainte-Clotilde, ma mère de Grand-Ilet à Salazie. J’ai eu des difficultés à l’école car la première langue que j’ai apprise est le créole. Cela reste toujours ma langue maternelle même si je la parle moins maintenant. Je passais régulièrement des vacances à La Réunion. J’ai la chance d’avoir une double culture : celle de la France métropolitaine et celle d’outre-mer. » Parmi les traits de l’identité réunionnaise, le métissage culturel et religieux représente une caractéristique clé. « Du côté de mon père, certains sont de descendance malgache, il y a aussi des hindouistes. Du côté de ma mère, je me suis amusé à faire quelques recherches, il y a des racines nord-européennes, irlandaises, françaises de Normandie, espagnoles sans doute mais aussi indiennes et africaines. J’essaye de ne pas aller trop loin car La Réunion est un berceau pour moi. »

Préparateur sportif et athlète, Teddy Kybio s’est d’abord envolé pour le Québec. « J’y suis resté quatre ans environ à partir de 2005. J’ai trouvé que les choses étaient simples et qu’il était plutôt facile de s’intégrer à un système. Je me suis senti bien tant au niveau professionnel que personnel. » Installé depuis 2009 à Vancouver, c’est à Zoé, sa fille de deux ans, que Teddy transmet aujourd’hui sa culture d’origine. « Je lui parle de temps en temps en créole, mais j’insiste plus sur le français pour l’instant. Quand je vois ma fille, je vois une Réunionnaise ».